JAMAIS LES PROGRÈS DE LA MUSIQUE N'AVAIENT ÉTÉ SI RAPIDES

   

 

 

 

Mais c'est en musique surtout que cette tendance d'esprit du siècle s'est révélée. Au­cune époque peut-être n'a compté plus de grands musiciens : allemands, italiens, français, nous en avons applaudi à Paris, pour leur verve et leur abondance : Rossini; pour leur style impeccable : Mendelssohn; pour leur poésie : Schumann; pour leur puis­sance dramatique : Meyerbeer; pour leur élégance aisée : Auber. Mais, au-dessus de tous ces noms et d'autres encore aussi justement fameux, il en est deux qui s'élèvent d'une supériorité éclatante, incontestable : Beethoven et Wagner, deux révolutionnaires, nourris de la tradition sans doute, mais qui ne trouvèrent qu'en eux-mêmes, par cet effort profond du génie qu'aucun exemple n'enseigne, ces chants jusque-là inentendus, d'une intensité expressive incomparable.

Et quel est, après eux, celui dont le nom est aujourd'hui le plus populaire ? C'est un compositeur qui leur est sans doute inférieur à l'un et à l'autre, ce Berlioz, ami de l'étrange et du bizarre, médiocrement instruit de son art, dénué de souplesse dans l'invention mélodique, mais qui, par son éclat, sa couleur, son dédain des procédés vieillis, apparaît à tous, sinon comme le plus grand, du moins comme le plus audacieux des musiciens.

Qu'Auber serait surpris, s'il revenait au monde ! Wagner aujourd'hui règne à l'Opéra, Berlioz dans nos salles de concert, et c'est Haydée et les Diamants de la Couronne qu'on relègue à l'Opéra Populaire, où encore ils ne font pas leurs frais ! Dédain excessif d'ailleurs et peu équitable, mais qui fait bien juger de la direction du goût public : le peuple lui-même s'est laissé gagner aux senti­ments des connaisseurs et des artistes; il est comme la fortune : ce sont les audacieux qu'il favorise.

 


 

L'Industrie au début du siècle. - Le Premier Consul visitant une manufacture de tissage, en 1802, d'après un dessin de J.-B. Isabey.

Sous l'impulsion des découvertes dues aux efforts des grands savants et inventeurs de notre siècle, l'industrie subit en moins de cent ans de prodigieuses transformations. Quel frappant contraste entre cet atelier de tissage que nous représente Isabey, avec ses nombreux métiers qui exigeaient de grandes dépenses de main-d'oeuvre, et nos usines modernes, avec leurs machines qui ont complètement bouleversé les procédés de travail !

 


 

Certes, d'ailleurs, ces novateurs ne triomphent pas sans lutte ! Contre eux l'intérêt et la routine se coalisent. Mais, pour venir à bout de l'obstacle, il n'a pas fallu des siècles : d'une génération à l'autre, le progrès s'est accompli, définitif, et c'est au parti de l'audace que le public est gagné. Qui n'a lu chez quelques contemporains le récit de la première représentation du Tannhauser à Paris en 1861 ? «Un dernier ennui, mais colossal, dit Mérimée dans une lettre à l'Inconnue, a été Tannhauser. Les uns disent que la représentation à Paris a été une des conventions secrètes du traité de Villafranca; d'autres, qu'on nous a envoyé Wagner pour nous forcer d'admirer Berlioz. Le fait est que c'est prodigieux. Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable, en m'inspirant de mon chat marchant sur le clavier d'un piano.

La représentation était très curieuse. La princesse de Metternich se donnait un mouvement terrible pour faire semblant de comprendre, et pour faire commencer des applaudissements qui n'arrivaient pas. Tout le monde bâillait, mais, d'abord, tout le monde voulait avoir l'air de comprendre cette énigme sans mot. On disait, sous la loge de Mme de Metternich, que les Autrichiens prenaient la revanche de Solferino. On a dit encore qu'on s'ennuie aux récitatifs, et qu'on se tanne aux airs. Tâchez de comprendre. Je m'imagine que votre musique arabe est une bonne préparation pour cet infernal vacarme. Le fiasco est énorme : Auber dit que c'est du Berlioz sans mélodie.»

   

 

 

 

 

Les journées révolutionnaires. - Formation d'une palissade en 1830, d'après une lithograpie de Bellangé.

 

 

Thiers "Le Libérateur du Territoire", acclamé à la Chambre des Députés, d'après le tableau de Ullman.

C'est au milieu de ses malheurs qu'une grande nation sait donner au monde la mesure de son énergie, de son courage et de sa hardiesse. La France vaincue en 1870 s'est ressaisie aussitôt, soutenue dans son oeuvre de relèvement par des hommes de coeur qui, comme Thier, surnommé le Libérateur du Territoire, nt mis leur talent et leur audace au service de la patrie.

   

 

 

Cent ans d'audace dans les Arts et les Sciences
Dans les Beaux-arts, la faveur est allée aux révolutionnaires
Jamais les progrès de la Musique n'avaient été aussi rapides
Une bataille littéraire
Le plus grand génie scientifique du siècle
Les applications de la Science ont changé les conditions de la vie sociale

   
 
 

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