CENT ANS D'AUDACE DANS LES ARTS ET LES SCIENCES | |||
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Ce siècle est caractérisé par la tendance qu'on y a vu dominer, l'honneur du dix-neuvième siècle sera sans doute d'avoir, dans tous les ordres d'activité montré une hardiesse dont on n'avait pas encore eu d'exemple. Dans cette marche en avant du siècle, la France a eu une large part, et c'est d'elle souvent qu'est venue l'initiative. |
Rappeler les magnifiques efforts des hommes qui nous ont précédés, c'est montrer l'obligation qui s'impose à nous leurs héritiers, de ne pas démériter, mais au contraire ne conserver intacte et d'entretenir dans notre pays cette flamme généreuse, cette ardeur et cet esprit d'entreprise qui mènent aux grandes découvertes et font franchir à l'humanité une nouvelle étape dans la voie du progrès. |
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Le
départ de la diligence. - D'après le tableau de Boilly
La diligence va partir ; pour faire le trajet de Paris à Marseille, elle mettra huit jours, pendant lesquels les voyageurs resteront assis l'un contre l'autre dans la lourde voiture. Personne n'aurait été assez audacieux pour annoncer que moins de cent ans après on accomplirait le même voyage en douze heures ! |
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Vers le milieu du second Empire, un critique célèbre et peu suspect de bienveillance excessive à l'égard de son temps assurait que «les soixante premières années du XIXe siècle étaient plus de la moitié d'un grand siècle». Ce jugement, le reproduirait-il, en le complétant, aujourd'hui que le destin de ce siècle s'est achevé ? Il faut le croire : les quarante dernières années ne nous ont épargné ni les deuils, ni les tristesses; mais ne soyons pas injustes envers la destinée : les sujets de joie et d'orgueil ne nous ont pas non plus manqué; et quant à l'esprit français lui-même, on n'aperçoit pas qu'à travers les jours sombres ou prospères il ait perdu de sa vigueur et de sa fécondité. Toutefois, la modestie sied à qui juge son temps: c'est la postérité qui a décerné au XVIIe siècle le titre de grand; le XVIII n'est pas assuré qu'on lui conserve l'ambitieux surnom « siècle de la raison » dont il s'est décoré lui-même. |
Laissons donc à ceux qui viendront après nous le soin de décider si notre siècle fut grand. Mais qu'il ait cherché du moins, par une incessante impatience du mieux dans tous les ordres de l'activité humaine, à mériter ce beau titre, c'est sans doute ce qu'on ne lui contestera pas. Et si le respect des règles et de la tradition semble être le trait caractéristique du XVIIe siècle, nul ne niera que l'audace, audace périlleuse parfois, parfois audace féconde en résultats merveilleux, ait été la marque commune et singulière de nos artistes, de nos écrivains, de nos savants. En peinture, en sculpture, en musique, comme dans la littérature et dans les sciences, ç'a été un même désir de tenter des voies nouvelles. Cette hardiesse généreuse est le trait commun par lequel se ressemblèrent tous ceux qui ont marqué dans le siècle.
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