15 décembre 2018

 

La surface tourmentée de l'astéroïde Ryugu complique la collecte d'échantillons

 
La sonde japonaise Hayabusa 2, en orbite autour de l'astéroïde Ryugu depuis le 27 juin, devrait en récolter quelques échantillons en janvier avant de reprendre le chemin de la Terre en décembre. Mais cela s'avère plus compliqué que prévu…

Pour la première fois dans l'histoire de l'exploration spatiale, deux astéroïdes font actuellement l'objet de visites de la part de sondes. Bennu, par OSIRIS-Rex dont nous avions déjà parlé, mais aussi Ryugu, qui se trouve actuellement sous les feux de la sonde japonaise Hayabusa 2, accompagnée de l'atterrisseur MASCOT (Mobile Asteroid Surface SCOuT) développé par l'agence spatiale allemande DLR avec une participation de l'agence spatiale française du CNES, et de trois petits rovers MINERVA-II (Rover-1A, Rover-1B, Minerva-II2).

Rover-1A et B, équipés de caméras et capables de se déplacer par bonds (des roues seraient inefficaces étant donné la faible gravité), sont chargés de déterminer un endroit favorable à un prélèvement d'échantillon, c'est-à-dire lisse et comportant le moins de rochers possible. Largués depuis Hayabusa 2 en septembre, ils ont bien accompli leur mission, retransmettant vers la Terre par l'intermédiaire de la sonde principale leur servant de relais plus de 200 photos de la surface. Mais celles-ci révèlent un sol rocheux particulièrement tourmenté complètement dépourvu de zones lisses, ce qui compliquera la collecte d'échantillons.
 

 

 
Image de la surface de Ryugu prise le 26 octobre 2018 par la Rover-1A et fournie par l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA) le jeudi 13 décembre 2018. Crédit : JAXA.
 
La Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA) a annoncé jeudi que les deux rovers à énergie solaire sont à présent inactifs et probablement dans une zone d'ombre, mais répondent toujours aux signaux après trois mois, dépassant ainsi leur durée de vie prévue de quelques jours.

"L’un des deux rovers aurait parcouru environ 300 mètres en sautant sur l’astéroïde, où la gravité est trop faible pour les véhicules à roues, et a envoyé plus de 200 photos et autres données à l’engin spatial, qui les a ensuite relayées à Terre", annonce Takashi Kubota, membre du programme de la JAXA lors d'une conférence de presse. "L'autre rover a pris environ 40 photos et a cessé de bouger après environ 10 jours", ajoute-t-il, précisant que la température de surface de l'astéroïde plus basse que prévu pourrait avoir contribué à ralentir la détérioration des rovers.

La JAXA a indiqué avoir réduit le nombre de sites potentiels pour la collecte d'échantillons, qui avait déjà été reportée depuis octobre 2018 en raison du caractère particulièrement rocheux et accidenté de l'astéroïde. Les scientifiques analysent actuellement les données envoyées par les rovers pour finaliser les plans, y compris l'opportunité d'organiser une répétition supplémentaire (trois ont déjà eu lieu), annonce l'agence japonaise.
 

 
 
D'environ 2 kg chacun, Rover-1A et Rover-1B mesurent 7 cm de haut pour 17 cm de diamètre. Alimentés par cellules solaires, ils sont équipés de trois caméras. Crédit : JAXA.
 
Takashi Kubota précise aussi que les données recueillies à ce jour montrent des similitudes, y compris la forme et la surface, avec Bennu, un astéroïde en cours d’investigation par la NASA et la sonde OSIRIS-Rex. Les premiers résultats révèlent que les astéroïdes sont plus humides et recouverts de blocs de rochers qu’on ne le pensait au départ.

Les astéroïdes, qui gravitent autour du soleil mais sont beaucoup plus petits que les planètes, font partie des objets les plus anciens du système solaire et peuvent aider à expliquer l’évolution de la Terre.

Collecte d'échantillon

En janvier 2019, si toutefois une zone suffisamment dégagée a pu être identifiée, Hayabusa 2 se rapprochera du sol de l'astéroïde puis, à environ 100 mètres d'altitude, lâchera une sphère-balise d'environ 10 cm de diamètre pour 300 grammes remplie de bille d'aluminium dont le rôle est de dissiper l'énergie cinétique lors de l'impact afin d'éviter un rebond. Cette sphère est recouverte d'une enveloppe métallique à facettes, qui reflèteront la lumière d'un flash équipant la sonde. En analysant cette lumière réfléchie, l'ordinateur de bord de Hayabusa 2 mesurera sa vitesse horizontale, la vitesse verticale étant donnée par un altimètre laser. Arrivée à 30 mètres du sol, la sonde alignera son orientation par rapport à la topographie locale puis descendra se poser brièvement, prélevera un échantillon avant de reprendre immédiatement de l'altitude.

Une deuxième collecte d'échantillon visera une zone préservée du sol. Pour cela, Hayabusa 2 larguera un impacteur à une bonne distance de l'astéroïde, avant de naviguer afin d'aller se positionner de l'autre côté de Ryugu. Une charge explosive sera déclenchée sur l'impacteur, qui précipitera celui-ci à une vitesse de 2km/seconde vers le sol en y creusant un cratère. Une deuxième séquence de prélèvement sera alors effectuée, cette fois à l'emplacement du cratère creusé artificiellement.

Hayabusa 2 devrait quitter l'orbite de Ryugu en décembre 2019, emmenant sa précieuse cargaison vers la Terre, qu'elle atteindra en décembre 2020, larguant une capsule de rentrée contenant les échantillons. Ceux-ci sont attendus dans le désert australien.

Jean Etienne

Source principale :

Hayabusa 2 project, sur le site de la JAXA.

 
 

 
Hayabusa 2. En bas, le collecteur d'échantillon. Crédit : JAXA.
 
 
 

 
Image prise le 26 octobre 2018 par la Rover-1A. Crédit : JAXA.
 
 
 

 
Image prise le 26 octobre 2018 par la Rover-1A. Crédit : JAXA.
 

 

 
 
 

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