Selon le Pr. Marcus, les formations nuageuses
visibles dissimulent les véritables dimensions et la nature du
vortex de la Grande Tache Rouge. Au cours du printemps 2019, des
observateurs ont bien photographié de gros "flocons" rouges en train
de se déchirer et de se dissocier des bords de la Tache Rouge, mais
le chercheur a expliqué que ce phénomène de desquamation est un état
très naturel et habituel du vortex partiellement recouvert de
nuages, et non une indication de la disparition prochaine de la
formation. Philip S. Marcus explique
comment une formation nuageuse est entrée en contact avec la Grande
Tache Rouge, entraînant parfois des points de stagnation, où sa
vitesse de rotation s'arrête brusquement, redémarre ou repart dans
différentes directions. Ces points de stagnation, bien visibles,
indiquent l'endroit où un nuage s'est disloqué en créant les flocons
observés par les astronomes.
"La persistance de nuages non absorbés par
la Grande Tache Rouge à la faveur de ces points de stagnation ne
signifie pas la disparition du phénomène", déclare le
scientifique. "L'apparition de petits tourbillons à l'Est et au
Nord-Est de la tache au printemps 2019 et la fusion ultérieure de
celle-ci avec certains d'entre eux n'annonce pas sa future
disparition".
Marcus précise encore qu'un phénomène de
circulation secondaire, entraîné par les différences de température
des courants atmosphériques au-dessus et en-dessous du vortex,
permet à la Grande Tache Rouge de perdurer au fil des siècles,
compensant le déclin de son énergie résultant de sa viscosité, des
turbulences qui l'agitent et des pertes de chaleur.
"Je pense que, à moins que quelque chose de
cataclysmique ne se produise sur Jupiter, cela durera un temps
indéfini, jusqu'à ce que les courants atmosphériques changent, je
dirais donc probablement des siècles", a déclaré Marcus lors de
la conférence. "Bien sûr, je viens probablement de lui donner le
baiser de la mort et elle va probablement s'effondrer la semaine
prochaine, mais c'est ainsi que la science fonctionne", ajoute
le chercheur, non sans une bonne dose d'humour.
Jean
Etienne
Sources principales :
Reports of Jupiter's Great Red Spot demise greatly exaggerated.
American Physical Society, 25 novembre 2019.
Jupiter's Great Red Spot Storm Isn't Dying Anytime Soon.
Space.com, 26 novembre 2019.
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