4 décembre 2019

 

Un satellite naturel de la Terre s'est consumé dans l'atmosphère en 2016

 
Le 22 août 2016, une boule de feu était observée au-dessus de l'Australie. Rien d'exceptionnel, une quantité impressionnante de météorites sont observées chaque jour. Mais une récente étude de l'évènement épingle la vitesse de l'objet lors de sa rentrée dans l'atmosphère, avec une conclusion : il ne s'agissait pas d'une météorite, mais d'une lune !

La Lune n'est pas orpheline. De temps à autre, de petits objets entièrement naturels, en fait de petits astéroïdes, se retrouvent par hasard sous l'influence du champ gravitationnel de notre planète durant un laps de temps donné. Dénommés OTC (Orbiteurs Temporairement Capturés), ils peuvent tourner autour de la Terre pendant quelques mois ou quelques années, avant finalement de s'en libérer sous l'influence combinée des forces de gravitation lunaire et terrestre.

Cependant, il arrive que l'un de ces objets, dont l'orbite est instable par définition, se précipite vers notre planète et finisse par se consumer dans l'atmosphère. Phénomène excessivement rare, qui n'a été observé qu'à trois reprises à ce jour. Et c'était justement le cas le 22 août 2016, les chercheurs expliquant avoir alors observé "une boule de feu extrêmement lente", évoluant à une vitesse de quelque 11 kilomètres par seconde, alors que la plupart des météorites percutent notre atmosphère à une vitesse allant de 40 à 70 kilomètres par seconde.
 

 

 
La désintégration de DN160822-03, observée le 22 août 2016 au-dessus de l'Australie.
Crédit : DFN.
 

Au départ de ces caractéristiques, impossible en effet d'écarter l'hypothèse selon laquelle l'objet, à présent dénommé DN160822-03, dont la désintégration a été visible près du lac Frome, en Australie méridionale, se trouvait préalablement en orbite terrestre avent de plonger dans l'atmosphère. Une relative lenteur qui explique aussi que sa trajectoire se soit rapidement infléchie pour s'approcher de la verticalité.

"Les objets capturés par le système Terre-Lune sont communément appelés satellites naturels de la Terre, orbiteurs temporairement capturés, ou plus simplement mini-lunes", écrivent les scientifiques. Il s'agit de petits astéroïdes dont le hasard de leur parcours orbital les amène à se retrouver piégés par l'attraction terrestre durant un temps donné. Le premier était un objet de 5 mètres de diamètre baptisé 2006RH120, qui est resté en orbite autour de notre planète en 2006 durant 11 mois avant de reprendre sa liberté et de se retrouver en orbite autour du Soleil.

Les mini-lunes, une réelle opportunité

Pour les chercheurs, la détection de ces mini-lunes pourrait constituer une réelle opportunité. En effet, il s'agit ni plus ni moins d'astéroïdes, c'est-à-dire de véritables fossiles témoins de la formation de notre Système solaire, dont l'étude et l'exploration revêt une importance capitale dans la compréhension de la genèse de notre propre planète. Envoyer une sonde vers un de ces objets en orbite terrestre serait - de très loin - moins coûteux qu'une mission interplanétaire visant la ceinture d'astéroïdes située entre les orbites de Mars et de Jupiter, ce qui constituerait la motivation d'une étude plus approfondie et une recherche minutieuse de ces petits corps.

"L’obtention de modèles plus précis et la compréhension des trajectoires typiques de ces objets sont d’une importance capitale pour détecter et suivre ces objets plus efficacement et plus fréquemment", martèlent les scientifiques avec raison.

Et justement, la mini-lune de 2016 a pu être observée grâce au Desert Fireball Network (DFN), un réseau de caméras installées en Australie pour surveiller les météoroïdes qui entrent dans l’atmosphère terrestre. Les chercheurs pensent que des évènements similaires pourront être détectés à l'avenir, y compris bien avant leur entrée dans l'atmosphère, notamment grâce au Large Synoptic Survey Telescope (LSST), un télescope optique en construction au Chili, avec à la clé la possibilité d'explorations in situ... à bas coût.

Jean Etienne

Sources principales :

Identification of a Minimoon Fireball. The Astronomical Journal, 14 octobre 2019.

Scientists Spot Rare Minimoon Fireball Over Australia. Space.com, Space & Astronomy, 2 décembre 2019. 

 

 
Trajectoire de 2006 RH120, première mini-lune observée lors de sa capture dans le système Terre-Lune en 2006-2007. La Terre est représentée par le point jaune. Crédit : Paul Chodas / NASA / JPL
 

 
 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum