Au départ de ces caractéristiques, impossible
en effet d'écarter l'hypothèse selon laquelle l'objet, à présent dénommé
DN160822-03, dont la désintégration a été visible près du lac Frome,
en Australie méridionale, se trouvait préalablement en orbite
terrestre avent de plonger dans l'atmosphère. Une relative lenteur
qui explique aussi
que sa trajectoire se soit rapidement infléchie pour s'approcher de
la verticalité.
"Les objets capturés par le système Terre-Lune
sont communément appelés satellites naturels de la Terre, orbiteurs
temporairement capturés, ou plus simplement mini-lunes", écrivent
les scientifiques. Il s'agit de petits astéroïdes dont le hasard de
leur parcours orbital les amène à se retrouver piégés par
l'attraction terrestre durant un temps donné. Le premier était un
objet de 5 mètres de diamètre baptisé 2006RH120, qui est resté en
orbite autour de notre planète en 2006 durant 11 mois avant de reprendre sa
liberté et de se retrouver en orbite autour du Soleil.
Les mini-lunes, une réelle opportunité
Pour les chercheurs, la détection de ces
mini-lunes pourrait constituer une réelle opportunité. En effet, il
s'agit ni plus ni moins d'astéroïdes, c'est-à-dire de véritables
fossiles témoins de la formation de notre Système solaire, dont
l'étude et l'exploration revêt une importance capitale dans la
compréhension de la genèse de notre propre planète. Envoyer une
sonde vers un de ces objets en orbite terrestre serait - de très
loin - moins coûteux qu'une mission interplanétaire visant la
ceinture d'astéroïdes située entre les orbites de Mars et de
Jupiter, ce qui constituerait la motivation d'une étude plus
approfondie et une recherche minutieuse de ces petits corps.
"L’obtention de modèles plus précis et la
compréhension des trajectoires typiques de ces objets sont d’une
importance capitale pour détecter et suivre ces objets plus
efficacement et plus fréquemment", martèlent les scientifiques avec
raison.
Et justement, la mini-lune de 2016 a pu être
observée grâce au Desert Fireball Network (DFN), un réseau de
caméras installées en Australie pour surveiller les météoroïdes qui
entrent dans l’atmosphère terrestre. Les chercheurs pensent que des
évènements similaires pourront être détectés à l'avenir, y compris
bien avant leur entrée dans l'atmosphère, notamment grâce au Large
Synoptic Survey Telescope (LSST), un télescope optique en
construction au Chili, avec à la clé la possibilité d'explorations
in situ... à bas coût.
Jean Etienne
Sources principales :
Identification of a Minimoon Fireball. The
Astronomical Journal, 14 octobre 2019.
Scientists Spot Rare Minimoon Fireball Over
Australia. Space.com, Space & Astronomy, 2 décembre 2019. |