11 mars 2019

 

Un cratère d'impact d'astéroïde de 14 km de diamètre identifié au Nicaragua

 
L'étude détaillée d'une vaste dépression de 14 kilomètres de diamètre dans les montagnes du nord du Nicaragua, nommée Pantasma, démontre qu'elle résulte de l'impact d'un astéroïde qui s'est produit il y a environ 800.000 ans.

Une équipe de recherche internationale conduite par le professeur Pierre Rochette (Centre européen de recherche et d'enseignement de géosciences de l'environnement - France) a réalisé la première analyse de cette formation, et démontré son origine. Les preuves de l’existence de cet impact proviennent de la détection de deux phases de haute pression et de traces de matière extraterrestre.

Cette large dépression circulaire de 14 kilomètres de diamètre était jusque à présent réputée provenir d’un effondrement volcanique. Cependant une étude de terrain menée en 2016 et les analyses pétrologiques et géochimiques du matériel récolté montrent que cette dépression résulte de l’impact d’un astéroïde qui aurait eu lieu il y a 800.000 ans, un événement beaucoup plus récent que le volcanisme local.
 

 

 
Modèle topographique d’érosion partant de la topographie actuelle et incluant la formation d’un lac au fond du cratère de Pantasma. Source : CNRS.
 

La datation a été obtenue par la radiochronologie Argon/Argon sur un verre produit par l’impact. La formation de ce verre lors d’un impact est démontrée par la très faible teneur en eau et la présence de deux phases de haute pression polymorphes du quartz et du zircon : la coesite et la reidite. Les conditions pendant l’impact sont estimées à une température supérieure à 2000°C et une pression supérieure à 30GPa. Une brèche d’impact trouvée dans le centre du cratère révèle la trace de matière extraterrestre, démontrée par les rapports isotopiques du chrome. La composition isotopique de l’impacteur en provenance de la ceinture d’astéroïdes correspond à une chondrite ordinaire.

Pantasma est le premier cratère d’impact découvert en Amérique centrale, et seulement le quatrième de plus de dix kilomètres et de moins de trois millions d’années connu sur Terre, avec les cratères de Bosumtwi au Ghana, Zhamanshin au Kazakhstan et Hiawatha au Groenland.

La modification de la forme du cratère par l’érosion très active de la région a été modélisée et est compatible avec l’âge de l’impact. Cette découverte confirme qu’il reste de nombreux gros cratères exposés en surface à découvrir sur Terre, de préférence dans les régions reculées (telle que le Groenland) ou peu étudiées (Afrique, Amérique latine, Asie), où la densité de gros cratères connus est en moyenne cinq fois plus faible qu’en Europe, Amérique du Nord et Australie. Le premier groupe de continents compte seulement quatorze cratères de plus de dix kilomètres exposés en surface, soit deux fois moins que le deuxième groupe, alors que sa superficie est plus du double.

Les auteurs proposent aussi de tester l’hypothèse que le champ de verres d’impact distal (tectites) découvert au Belize par le géologue pétrolier Jean Cornec, 500 kilomètres plus au nord, provient du cratère de Pantasma. Les âges Argon/Argon sont en effet concordants ainsi que la composition isotopique et chimique.

Jean Etienne

Sources principales :

Pantasma : Evidence for a Pleistocene circa 14 km diameter impact crater in Nicaragua. Meteoritics and Planetary Science (2019) doi: 10.1111/maps.13244, 8 mars 2019.

Au Nicaragua, une dépression de 14 kilomètres de diamètre formée par le récent impact d'un astéroïde. CNRS. 

 

 
Carte géologique de Pantasma. Cliquer sur l'image pour le document complet.
 

 

 
 
 

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