Mais en plus de faire d’Eta Carinae l’un des
astres les plus majestueux et les plus photographiés du ciel
nocturne, la nébuleuse de l’Homoncule renferme de l’information sur
son étoile mère, aussi bien sur l’énergie responsable de son
expansion que sur sa structure bipolaire et sa composition chimique.
Pourtant, la nébuleuse se soustraira à nos
regards d'ici un petit quart de siècle...
Une récente étude rédigée par l'astronome
brésilien Augusto Damineli et ses collaborateurs de l'Université de
Montréal, suggère en effet que l’Homoncule sera occulté par
l’augmentation de la luminosité d’Eta Carinae elle-même. En cause,
la rapide courbe de croissance de l'étoile, qui en 2036, apparaîtra
dix fois plus brillante que la nébuleuse, ce qui ne permettra plus
de la distinguer des autres étoiles variables lumineuses bleues.
Dans ce travail, la courbe de luminosité,
depuis l'ultraviolet jusqu'au proche infrarouge, est analysée à
l'aide d'observations au moyen du télescope spatial Hubble, ainsi
que d'une surveillance intense à l'observatoire de La Plata,
combinées à une photométrie publiée antérieurement. "Nous avons
développé une méthode permettant de séparer l'objet stellaire
central dans les images au sol en utilisant la photométrie HST et en
l'appliquant aux données au sol plus nombreuses, ce qui conforte
l'hypothèse selon laquelle la source centrale s'éclaircit plus
rapidement que l'Homuncule, qui lui, reste presque constant",
cite l'article.
L'analyse de la courbe de lumière ne montrant
aucune preuve d'une éjection supplémentaire de matière, il est
vraisemblable que l'augmentation de la luminosité du noyau stellaire
est dû à la dissipation d'une masse poussiéreuse située devant
l'étoile centrale, qui agit comme un coronographe naturel. Cette
dernière semble donc être beaucoup plus stable qu'on le pensait,
puisque sa variabilité apparente n'est pas intrinsèque à l'étoile.
L'équipe de scientifiques prévoit que la phase
d’éclaircissement, due principalement à la dissipation de la
poussière, s’achèvera vers 2032 (+/- 4 ans).
Il y a pourtant un bon côté à ce changement
D’ici 2032, le nuage occultant sera dissipé,
de sorte que l'éclat de l'étoile centrale n'augmentera plus, mais
submergera l’Homoncule lui-même, estiment les chercheurs. Ce qui
permettra de réaliser des études plus approfondies sur Eta Carinae
elle-même, et même de démontrer qu’il ne s’agit pas d’une, mais de
deux étoiles. "Cet astre unique a récemment fait l’objet de
plusieurs révélations, mais il s’agit là d’une des découvertes les
plus importantes", explique Anthony Moffat. "Cela pourrait
enfin nous permettre d’étudier la véritable nature de la région
centrale de l’étoile et même de démontrer qu’il s’agit d’un système
binaire dans lequel deux étoiles gigantesques interagissent."
Jean
Etienne
Sources principales :
Distinguishing Circumstellar from Stellar
Photometric Variability in Eta Carinae. Université Cornell, 4
janvier 2019.
Goodbye to a beauty in the night sky. Université de Montréal, 29
janvier 2019.
Etude complète en PDF, à télécharger ici. |