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			 Vie et mort d'une étoile 
			Les étoiles comme notre Soleil génèrent leur 
			énergie par la fusion nucléaire de l'hydrogène. Lorsque cet 
			hydrogène est consommé, la réaction se poursuit par la fusion de 
			l'hélium. Cependant, la masse de ce type d'étoile est insuffisante 
			pour produire la température nécessaire à la fusion d'éléments plus 
			lourds. Hydrogène et hélium entièrement consommés, le processus 
			s'arrête et l'étoile se refroidit pour se transformer en une naine 
			blanche, qui s'éteindra ensuite par manque de combustible. 
			Habituellement, la vie d'une étoile de ce type 
			est terminée à ce stade. Mais pas pour J005311 - c’est ainsi que les 
			scientifiques ont baptisé leur nouvelle découverte dans la 
			constellation de Cassiopée, à 10.000 années-lumière de la Terre. 
			"Nous supposons que deux naines blanches se sont formées à proximité 
			l'une de l'autre il y a plusieurs milliards d'années", explique le 
			professeur Norbert Langer d'AIfa. "Elles se sont placées en orbite 
			l'une autour de l'autre, engendrant des distorsions dans 
			l'espace-temps que nous appelons des ondes gravitationnelles. Ce 
			faisant, elles ont perdu de leur énergie. En retour, la distance qui 
			les séparait s'est de plus en plus réduite, jusqu'à ce qu'elles 
			fusionnent." 
			A partir de ce moment, la masse du nouvel 
			astre était devenue suffisante pour amorcer la fusion d'éléments 
			plus lourds que l'hydrogène ou l'hélium, et la fournaise stellaire 
			s'est rallumée : l'étoile a ressuscité d'entre les morts. "Un tel 
			événement est extrêmement rare", souligne Gräfener. "Il n'y a 
			probablement même pas une demi-douzaine d'objets de ce type dans 
			toute notre galaxie, la Voie Lactée, et nous en avons découvert un." 
			Toutes les données convergent vers cette 
			hypothèse 
			Même si cette observation résulte d'un coup de 
			chance extraordinaire et si son interprétation reste à confirmer, 
			les chercheurs sont convaincus de leur hypothèse. 
			D'une part, l'étoile au centre de la nébuleuse 
			gazeuse est 40.000 fois plus brillante que notre Soleil, et beaucoup 
			plus brillante qu'une naine blanche. En outre, son spectre indique 
			que J005311 produit un vent stellaire extrêmement fort - il s'agit 
			du flot de matière qui émane de la surface stellaire, généré par le 
			processus de fusion. Seulement, avec une vitesse mesurée de 16.000 
			kilomètres par seconde, le vent de J005311 est si rapide que ce 
			facteur à lui seul ne suffit pas à l'expliquer. Cependant, les 
			naines blanches fusionnées devraient avoir un très fort champ 
			magnétique tournant. "Nos simulations montrent que ce champ agit 
			comme une turbine, ce qui accélère encore plus le vent stellaire", 
			déclare Gräfener. 
			Une étoile en fin de vie... 
			Malheureusement, la résurgence de J005311 ne 
			durera pas longtemps. Dans seulement quelques milliers d'années, 
			l'étoile aura transformé tous les éléments en fer et s'estompera à 
			nouveau. Les processus de fusion ayant entraîné une augmentation de 
			sa masse de l'ordre de 1,4 fois celle du Soleil, l'étoile subira un 
			destin exceptionnel : sa puissance de rayonnement ne suffisant plus à 
			équilibrer sa force de gravitation, elle s'effondrera brutalement sur 
			elle-même. Dans le même temps, les électrons et les protons qui 
			constituent sa matière fusionneront en neutrons, ce qui produira une 
			supernova dont la résultante sera une nouvelle étoile à neutrons, un 
			astre de seulement quelques kilomètres de diamètre, mais plus lourd que 
			l'ensemble de notre Système solaire. 
			Jean Etienne 
			Sources principales : 
			
			A massive white-dwarf merger product before 
			final collapse. Nature, 20 mai 2019. 
			
			Stellar Waltz With Dramatic Ending. SpaceRef, 22 mai 2019.   |