23 janvier 2019

 

Les chiens aident l'homme à chasser depuis au moins 11.500 ans

 
Alors qu'il est toujours impossible de dire si les chiens se sont associés aux hommes il y a 14.000 ans par opportunisme ou véritable collaboration, une nouvelle étude suggère qu'ils ont été réellement utilisés pour la chasse voici au moins 11.500 ans.

Il est maintenant établi que canidés et humains se côtoyaient voici 14 millénaires au Proche-Orient, mais il s'agissait vraisemblablement d'une cohabitation de fait, les animaux profitant des restes laissés par de petites communautés. Autrement dit, on ignorait si cette proximité était accidentelle ou intentionnelle.

Cependant, une nouvelle étude publiée dans le Journal of Anthropological Archaeology par une équipe d'archéologues de l'Université de Copenhague et de l'University College of London démontre que les humains auraient accordé plus d'importance aux capacités de traque et de chasse des premiers chiens qu'on le pensait jusqu'à présent.

Les scientifiques s'appuient sur l'examen minutieux d'ossements d'animaux mis au jour dans Shubayca, une agglomération vieille de 11.500 ans située dans le nord-est de la Jordanie actuelle, et qui démontre que non seulement les chiens étaient présents dans cette région au début du néolithique, mais qu'ils étaient utilisés pour la chasse. "L'étude du grand dépôt d'os d'animaux provenant de Shubayqa a révélé une forte proportion d'os présentant des signes évidents de passage dans le tube digestif d'un autre animal ; ces os sont si gros qu'ils n'ont pas pu être avalés par l'homme, mais ont été digéré par des chiens", a expliqué Lisa Yeomans, auteure principale de l'étude.
 

 

 
Sélection d'os de gazelle sur le site de Shubayqa présentant des preuves de sa présence dans le tube digestif d'un carnivore. Crédit : Université de Copenhague.
 

Lisa Yeomans argumente encore en précisant que tout démontre que Shubayqa était occupée durant toute l'année, ce qui suggère fortement que les chiens vivaient avec les humains plutôt que de visiter le site lorsqu'il n'y avait pas d'habitants. "Les chiens n'étaient pas tenus en marge de la colonie, mais devaient être étroitement intégrés à tous les aspects de la vie quotidienne et autorisés à errer librement autour de la colonie, se nourrissant d'os mis au rebut et déféquant sur le site", ajoute la scientifique.

Mais ce n'est pas tout. En passant au crible les données et les indices analysés, Yeomans et ses coauteurs ont constaté une curieuse augmentation des ossements de lièvres au moment de l'apparition des chiens à Shubayqa. Les lièvres étaient chassés pour la viande, mais les habitants utilisaient aussi leurs os pour en fabriques des bijoux. L'équipe pense que l'apparition de chiens et l'augmentation du nombre d'ossements de lièvres sont liées.

"L'utilisation de chiens pour chasser de petites proies rapides telles que lièvres ou renards, et peut-être les enfermer dans des enclos, pourrait fournir une explication qui correspond aux preuves que nous avons rassemblées. Considérant la longue histoire de l'utilisation des chiens pour chasser les petits proies, il serait illogique de ne pas envisager la chasse avec l'aide de chiens comme explication probable de l'abondance soudaine de proies plus petites dans les dépôts archéologiques", ajoute Lisa Yeomans.

Un changement qui peut aussi être associé à une évolution de la technique de chasse, passant d'une méthode non sélective telles le piégeage ou le filet, à une méthode sélective dans laquelle des espèces animales plus intéressantes étaient ciblées au moyes des chiens, conclut la scientifique.

Jean Etienne

Sources principales :

Prehistoric People Hunted With Dogs in Jordan, Archaeologists Conclude From Hare Explosion. Haaretz, 22 janvier 2019.

11,500-year-old animal bones in Jordan suggest early dogs helped humans hunt. Université de Copenhague, 15 janvier 2019.

Close companions: Early evidence for dogs in northeast Jordan and the potential impact of new hunting methods. Journal of Anthropological Archaeology vol. 53 (à paraître en mars 2019).
 
 

 

 
Une des structures excavées à Shubayqa. Crédit : Université de Copenhague.
 

 

 
 
 

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