Premier essai, premier succès pour la sonde
japonaise Hayabusa-2 qui a réussi, ce jeudi 21 février 2019, à
prélever un échantillon du sol de l'astéroïde Ryugu. Mais cela n'a
pas été sans difficulté… La sonde
japonaise Hayabusa 2, en orbite autour de l'astéroïde Ryugu depuis
le 27 juin 2018, ambitionne un programme scientifique
particulièrement audacieux : prélever un échantillon de sol du petit
astre, et le ramener sur Terre. Programmée pour ce soir, la première
tentative a été un succès, visionnée en direct depuis une distance
de 342 millions de kilomètres.
Prévue initialement pour octobre 2018, puis
pour janvier 2019, cette récolte avait été repoussée par l'Agence
spatiale japonaise (Jaxa), la surface du corps rocheux étant
beaucoup plus escarpée et rocailleuse que prévu. Cette "rallonge" de
temps a permis aux ingénieurs du programme de peaufiner les
opérations, et surtout de choisir un lieu de collecte favorable.
Celui-ci a été déterminé à quelque 200 mètres de l'équateur de Ryugu.
Cinq secondes de terreur
Toute possibilité de diriger la sonde en temps
réel étant impossible en raison de la distance (l'aller et retour
d'un signal radio prenant 38 minutes à cette distance), la seule
autorité ayant cours à bord de Hayabusa-2 était… l'ordinateur
embarqué. Et même si la mémoire de celui-ci avait été enrichie de la
topographie exacte de la région où devait s'effectuer le
prélèvement, les aléas possibles étaient nombreux, allant du bug
informatique jusqu'au petit caillou de quelques millimètres empêchant la
"trompe de prélèvement" de recueillir les quelques centaines de
microgrammes espérés.
Pour réaliser cette première collecte
d'échantillon, la sonde spatiale devait s'approcher du sol de
l'astéroïde et, arrivée à 100 mètres de celui-ci, larguer un
marqueur destiné à la guider jusqu'au sol de manière à annuler sa
vitesse horizontale (la vitesse verticale est annulée sur la base
des données de l'altimètre embarqué). Le marqueur consiste en une
sphère d'un diamètre de 10 cm d'environ 300 grammes remplie de
billes en aluminium dont le rôle est de dissiper l'énergie cinétique
au moment de l'impact avec le sol pour éviter un rebond. La sonde
spatiale illumine alors le sol avec un flash dont la lumière est
réfléchie par le marqueur recouvert d'une enveloppe métallique à
multiples facettes. En analysant la lumière réfléchie, l'ordinateur
embarqué de la sonde spatiale devait mesurer sa vitesse horizontale.
Arrivé à 30 mètres du sol, il pouvait alors aligner son orientation
par rapport à la topographie locale puis descendre se poser
brièvement. L'ensemble de cette procédure, entièrement automatisée,
étant enregistré dans l'ordinateur de bord.
C'est donc sans le moindre espoir de pouvoir
corriger une quelconque défaillance que les techniciens de la JAXA
(agence spatiale japonaise) ont assisté, avec 19 minutes de retard
suite au décalage provoqué par la transmission des signaux entre
Ryugu et la Terre, à la délicate manœuvre. Et à 21h47 TU exactement
(22h47 heure de Paris), Hayabusa-2 marquait un bref temps d'arrêt au
niveau du sol, puis reprenait lentement de l'altitude, sous l'effet
de son seul rebond. L'opération, qui n'a pas duré plus de cinq
secondes, était réussie. Les mines pouvaient se détendre, et les
cœurs recommencer à battre…
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