Pour cette expérience, conduite en Hongrie sous
l'égide du Bureau national
hongrois de la recherche, du développement et de l'innovation dans une région où les
taons abondent, trois modèles humains en plastique de taille réelle
ont été utilisés : un noir, un noir à rayures claires, et un beige.
Les trois étaient recouverts d'un adhésif fin, souple et transparent
destiné à piéger les insectes. Par rapport au modèle à rayures, le
modèle beige a piégé deux fois plus de taons et le modèle noir dix
fois plus ! Selon Susanne Åkesson, professeure au département de biologie de
l'Université de Lund (Suède), la tradition de la peinture sur corps pourrait
s'être développée simultanément sur différents continents. On ignore
toujours à quel moment cette tradition a commencé. "La pratique de
la peinture corporelle a débuté bien avant que les hommes ne
commencent à porter des vêtements. Certaines découvertes
archéologiques incluent des marques sur les murs des cavernes où
vivaient les Néandertaliens. Elles suggèrent qu'elles avaient aussi
été peintes sur le corps avec des pigments de terre tels que
l'ocre", explique Susanne Åkesson, co-auteure de l'étude.
Mais ce n'est pas tout, puisque les chercheurs ont aussi démontré
que le modèle en plastique beige attirait deux fois plus de sangsues
que le modèle à rayures.
L'équipe de recherche avait déjà précédemment observé que les
rayures du zèbre agissaient comme une protection contre les taons,
tout comme, dans nos régions, une robe pâle offrait une protection
aux chevaux contrairement à une robe foncée. Une constatation qui
avait paru farfelue à l'époque, au point de remporter le prix
IgNobel de physique en 2016 et d'être moquée dans la presse, ce qui
démontre qu'aucune découverte n'est a priori à rejeter.
Plus déroutante, la constatation que seuls les taons femelles
étaient attirés par les silhouettes debout, alors que mâles et
femelles se précipitent sur les modèles couchés en position
horizontale, une différence que les chercheurs attribuent
essentiellement à la polarisation de la lumière réfléchie par les
modèles, verticale ou horizontale.
La pratique de la peinture corporelle n'est cependant qu'une partie
temporaire des activités sociales d'une communauté. Si le but
essentiel était de repousser les insectes, il est probable que ces
personnes y recourraient en permanence. Ainsi, il est probable que
cette protection soit une simple conséquence de cette habitude.
Cependant, les bergers africains de la tribu des Himba (Namibie)
affirment qu'une pâte à base de beurre, de poudre d'ocre et d'herbes
les protègent du Soleil, de l'air et surtout des insectes piqueurs.
Cela laisse supposer que les peuples africains et autochtones sont
peut-être familiarisés avec la fonction anti-parasite de leurs
peintures corporelles.
Jean Etienne
Source principale :
Striped bodypainting protects against horseflies. The Royal Society,
16 janvier 2019. DOI : 10.1098 / rsos.181325.
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