Et le projet est sur le point d'aboutir, puisque
Bereshit sera lancé le lundi 18 février 2019 depuis Cap Canaveral à
bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX. Après avoir livré au passage le
satellite de communications indonésien PSN-6 en orbite de transfert
géostationnaire, la sonde lunaire sera libérée puis, pendant 10
semaines, allongera progressivement son orbite jusqu'à atteindre le
point d'équilibre entre la Terre et la Lune. Elle se laissera alors
capturer par le champ gravitation de notre satellite et manœuvrera
de façon à s'en rapprocher, ce qui prendra encore de deux semaines à
un mois. Lorsque l'orbite idéale sera atteinte, Bereshit tentera un
atterrissage en douceur dans la Mer de la Tranquillité, l'endroit où
le module lunaire d'Apollo 11 s'était posé 50 ans auparavant.
Respectant l'esprit de la compétition du Google
Lunar X Prize, il restera encore à effectuer un déplacement de 500
mètres au minimum sur la surface, tout en transmettant images en
haute résolution et vidéos. Pour cela, SpaceIL a opté pour une
solution originale, qui ne comporte ni roues, ni chenilles :
rallumant ses moteurs d'atterrissage, l'engin redécollera et ira se
poser à un endroit qui aura été entretemps programmé dans
l'ordinateur de bord à la distance voulue. En effet, les signaux
radio mettant environ deux secondes et demie pour effectuer
l'aller-retour entre la Terre et la Lune, une télécommande en temps
réel est impossible durant cette phase périlleuse.
L'atterrisseur
D'une masse de 585 kg (dont 400 kg de
propergols) pour 2 mètres de diamètre et 1,50 mètre de hauteur,
Bereshit comporte plusieurs instruments scientifiques, dont :
- Un magnétomètre, conçu par l'Institut
Weizmann des sciences.
- Un réseau de rétroréflecteurs laser,
conçu par le centre de vol spatial Goddard de la NASA.
Une capsule temporelle accompagne aussi
Bereshit, composée de trois disques optiques contenant chacun des
centaines de fichiers numériques parmi lesquels on retrouve des
symboles nationaux, des objets culturels, des photos de paysages
israéliens, la prière juive pour un voyage en toute sécurité connue
sous le nom de "prière de Wayfarer", des dessins d'enfants… mais
aussi la Torah, ce qui n'est pas sans rappeler qu'en décembre 1968,
la première retransmission publique reçue depuis les astronautes de
la mission Apollo 8 en orbite autour de la Lune était… la lecture de
la Genèse.
Simple démonstrateur réalisé dans un souci
d'économie (pour un montant de 95 millions de dollars, (ce qui en
fait, et de très loin, la sonde lunaire la moins coûteuse jamais
réalisée), Bereshit, qui ne comporte pas de contrôle thermique,
devrait rapidement surchauffer et sa durée de vie est estimée à
environ deux jours. Les données scientifiques recueillies seront
partagées avec la Nasa.
L'équipe de SpaceIL bénéficie du soutien
technique de l'Agence spatiale israélienne (ISA), des industries
aérospatiales israéliennes, de Rafael Systems et d'Elbit Systems.
SpaceIL est également soutenu par des établissements d'enseignement,
notamment le Technion, l'Université de Tel Aviv, l'Institut des
sciences Weizmann et l'Université Ben Gourion du Néguev. La société
SpaceIL comporte plus de 200 membres, dont 95% de bénévoles.
Le principal contractant de SpaceIL,
Israël
Aerospace Industries, envisage aussi la construction de
plusieurs atterrisseurs sur le même modèle à des fins commerciales.
Enfin, les fondateurs de SpaceIL ont déclaré
que si le prix Lunar X Prize avait été gagné, celui-ci aurait été
donné à des fins éducatives. Pourrait-on espérer un sursaut de la
part de Google ?
Jean
Etienne
Sources principales :
SpaceIL, 10
février 2019.
The Times of Israël, 4 février 2019.
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