"Ils semblent prendre leur origine à environ
1,5 milliard d’années-lumière de la Terre, provenant peut-être d’un
amas dense, comme un reste de supernova, ou encore d’un point situé
près du trou noir central d’une galaxie", explique Cherry Ng, de
l’Université de Toronto. "Jusqu’à ce
moment-là, nous ne connaissions l’existence que d’un seul FRB
répétitif. La découverte de ce deuxième cas nous permet de croire
qu’il pourrait y en avoir d’autres. Si nous pouvions étudier plus de
FRB répétitifs et plus de sources, nous pourrions peut-être
découvrir la provenance de ces phénomènes et leurs causes",
indique Ingrid Stairs, membre de l’équipe CHIME et astrophysicienne
à l’Université de la Colombie-Britannique.
Avant que CHIME commence à enregistrer des
données, certains scientifiques se demandaient si la gamme de
fréquences radio couverte par le télescope ne serait pas trop basse
pour permettre la détection de tels sursauts radio rapides. En
effet, la plupart des FRB avaient été reçus à des fréquences
avoisinant les 1400 MHz, soit bien au-dessus de la gamme du
radiotélescope, qui couvre les fréquences de 400 à 800 MHz.
Les résultats de l’équipe CHIME, divulgués
dans deux articles publiés dans le magazine Nature le 9 janvier 2019
et présentés le même jour à l’occasion du congrès de la Société
américaine d’astronomie, à Seattle, ont dissipé ces doutes puisque
la majorité des 13 sursauts ont été détectés aux fréquences les plus
basses couvertes par CHIME. Dans certains de ces cas, le signal
était si clair qu’il est permis de croire que d’autres FRB auraient
été encore détectables à des fréquences inférieures à 400 MHz.
Mais d'où émanent ces FRB ?
La majorité des 13 FRB détectés ont montré des
signes de dispersion de leur spectre radio, un phénomène qui fournit
des renseignements sur l’environnement d’une source
électromagnétique. En étudiant l’étalement de cette dispersion,
l’équipe CHIME a pu conclure que les sources de FRB sont des objets
astrophysiques puissants se situant fort probablement dans des
endroits ayant des caractéristiques particulières.
"Nous ne pouvons encore déterminer si les
sources qui génèrent des FRB répétitifs sont différentes de celles
qui ne semblent en générer qu’un seul. Il est possible que ce que
nous pensons être aujourd’hui des FRB ponctuels ne se répètent que
très rarement, mais qu’ils proviennent du même type de sources",
avance Shriharsh Tendulkar, de l’Université McGill à Montréal,
coauteur de l’étude.
"Un FRB pourrait provenir d’un amas dense,
comme un reste de supernova, ou encore d’un point situé près du trou
noir central d’une galaxie", explique Cherry Ng, membre de
l’équipe et astronome à l’Université de Toronto. "Mais une chose
est sûre : la dispersion observée nous indique qu’il s’agit d’un
endroit spécial."
Une nouvelle piste sur leur origine
Les scientifiques tentent actuellement de
rassembler les caractéristiques des signaux afin de les comparer et
d'élaborer des modèles susceptibles de révéler les sources de ces
sursauts encore empreints de mystère et donner une idée de leur
environnement. Mais ils reconnaissent que la détection de FRB à
basse fréquence, moins de 400 MHz, entraînera nécessairement la
révision de certaines théories.
"Peu importe la source de ces ondes radio,
il est intéressant de constater la vaste gamme de fréquences
produites. Selon certains modèles, la source ne peut rien produire
en deçà d’une certaine fréquence", précise Arun Naidu de
l’Université McGill, également membre de l’équipe.
Jean
Etienne
Sources principales :
Observations of fast radio bursts at frequencies down to 400
megahertz. Nature, 9 janvier 2019.
A
second source of repeating fast radio bursts. Nature, 9
janvier 2019.
Radiotélescope CHIME
(page officielle).
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