Une dynamique mal comprise
Par exemple, les scientifiques savent
maintenant que l'objet, de 33 kilomètres de long, est formé de deux
lobes grossièrement sphériques accolés, logiquement baptisés Ultima
et Thule, qui ont probablement débuté leur vie en tant qu'objets
indépendants avant de se rejoindre. Le contact n'a pas dû être
violent, ce qui suggère qu'ils aient été en orbite l'un autour de
l'autre avant d'entrer doucement en contact. Les lois de la gravitation
permettent la durée de révolution de ces deux corps l'un autour de
l'autre avant de se rejoindre, et qui devait être de l'ordre de 2 ou
3 heures.
Pourtant, les observations de New Horizons
montrent qu’il faut environ 15 heures à Ultima Thule pour effectuer
une rotation complète, ce qui implique un ralentissement
significatif. Comment s'est-il produit ?
Selon le pr. Mark R. Showalter, de l'institut
SETI et chercheur pour le programme New Horizons, le meilleur moyen
de le comprendre est de savoir si Ultima Thule possède une, ou
plusieurs lunes, en orbite autour de ce système. En effet, en s'éjectant sous
l'effet de la force centrifuge, celles-ci auraient réduit le moment
cinétique de l'ensemble avec pour effet d'en ralentir la rotation.
Plusieurs jours avant le survol, les images
transmises par les caméras de la sonde avaient exclu la présence
d'objets à "proximité" d'Ultima Thule. Par proximité, il
faut entendre une zone se situant à 800 kilomètres
de l'astre et au-delà. Les images de la rencontre, quant à elles,
couvrent un rayon de 160 kilomètres autour de l'astre. Reste
donc une zone médiane, entre 160 et 800 kilomètres, qui reste un
gros point d'interrogation et le restera jusqu'à fin janvier,
lorsque New Horizons transmettra enfin les observations concernant
cette zone intermédiaire, qui est l'endroit le plus probable pour y
observer des lunes hypothétiques.
"La découverte d'une lune, quelle que soit
son orbite, nous indiquerait la masse et la densité du système avec
une grande précision", annonce Showalter. "Et donc nous
sommes vraiment très excités par cette perspective." Mais il
ajoute que même si aucune lune n'est découverte, cela ne signifie
pas qu'Ultima Thule n'en ait jamais possédé, car il est possible
qu'elles se soient tellement éloignées qu'elles se soient
définitivement perdues.
Jean
Etienne
Sources principales :
The Hunt Is On for Moons Around Ultima Thule. Space.com. |