Un des premiers obstacles au fonctionnement du
SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure, ou expérience
sismique pour structure interne) est le vent martien qui, bien que
l'atmosphère très ténue soit incapable de faire bouger la sonde même
en cas de tempête (les séquences hollywoodiennes balayant tout,
hommes et matériel à la surface de la Planète Rouge étant pure
fantaisie), le moindre frémissement peut ajouter un "bruit" parasite
ruinant les données. Aussi, la forme aérodynamique du dôme est-elle
conçue de façon à ce que le vent le presse contre la surface. Un
support fait de cotte de mailles et de couvertures thermiques
s'ajuste parfaitement avec le relief du sol, empêchant tout passage
par lequel le vent pourrait s'engouffrer.
Une autre préoccupation, encore plus
importante, concerne la température, qui peut dilater ou contracter
des ressorts métalliques ou d'autres pièces sensibles à l'intérieur
du sismomètre. A l'endroit de l'atterrissage, la température varie
en effet d'environ 94°C entre le jour et la nuit.
Le SEIS lui-même constitue la deuxième ligne
de défense, car sa structure même a été spécialement conçue pour
compenser les variations brusques de température. En effet,
certaines parties ont été étudiées pour se dilater ou se contracter
tandis que d'autres le fassent dans le sens opposé pour annuler
partiellement ces effets. De plus, l'instrument est scellé sous vide
dans une
sphère en titane qui isole ses organes les plus sensibles et
réduit l'influence de la température.
Mais même cela ne suffit pas. La sphère de
titane est elle-même enfermée dans un conteneur isolant constitué
d'une
boîte hexagonale de couleur cuivre, bien visible sur les images
durant le déploiement du SEIS. Ses parois sont formées d'un sandwich
de nids d'abeilles emprisonnant l'air ambiant et fournissant une
excellente isolation. Mars fournit un excellent gaz pour cet
isolant, puisque son atmosphère est principalement constituée de
dioxyde de carbone qui, à basse pression, ne conduit la chaleur que
très lentement.
Avec ces trois barrières isolantes, le
sismomètre est bien protégé des "bruits" thermiques et
atmosphériques qui pourraient, sans cela, s'infiltrer dans les
données et masquer les ondes sismiques que l'équipe d'InSight
souhaite étudier. Enfin, la plupart des interférences
supplémentaires provenant de l'environnement martien peuvent encore
être détectées par les capteurs météorologiques d'InSight, puis
filtrées par les scientifiques de la mission.
Le sismomètre donnera aux scientifiques un
premier aperçu de l’intérieur profond de la planète rouge, en les
aidant à comprendre comment aussi bien celle-ci, mais aussi d'autres
planètes rocheuses se forment.
A présent, l'équipe d'InSight se prépare pour
la prochaine étape, qui consistera à déployer la sonde de flux
thermique (Heat
Probe, ou HP3) à la surface, ce qui devrait être réalisé la
semaine prochaine.
Jean
Etienne
Sources principales :
InSight's Seismometer Now Has a Cozy Shelter on Mars. Jet
Propulsion Laboratory (JPL), 4 février 2019.
Mars InSight Mission. Nasa, 4 février 2019. |