Alors que la comète 46P/Wirtanen se trouvait à
son point de passage le plus proche de la Terre le 16 décembre
dernier à une distance de 11,6 millions de kilomètres, une équipe de
scientifiques est arrivée à obtenir une image radar de son noyau.
A peine visible à l'œil nu, la comète 46P/Wirtanen ne déroge pas à
la règle : son noyau minuscule reste formellement invisible au
regard des plus puissants télescopes, complètement noyé dans l'éclat
de la chevelure formée par les gaz qui s'en échappent sous l'action
du Soleil. Aussi, une équipe de scientifiques dirigée par Ellen
Howell, du Lunar and
Planetary Laboratory (LPL) de l'Université de l'Arizona n'a
pas laissée échapper l'occasion, qui ne se présentera plus avant 30
ans, de l'observer par imagerie radar.
Pour cette observation, que l'on peut qualifier d'historique, le
radar planétaire de l'observatoire radioastronomique d'Arecibo et
son antenne parabolique de 300 mètres de diamètre, pris en charge
par le
NASA’s
Near-Earth Object Observations program, a été mis à
contribution et a permis d'obtenir des informations à la fois
uniques et surprenantes sur l'objet lui-même, mais aussi sur la
façon dont les émissions de gaz et de poussières peuvent altérer
l'orbite de la comète.
L'étude permet d'entrevoir le noyau lui-même, qui se révèle sous la
forme d'un corps allongé, quelque peu grumeleux, beaucoup plus
rugueux que prévu. Son diamètre moyen est de 1400 mètres, une mesure
beaucoup plus précise que les précédentes estimations qui se
basaient uniquement sur la luminosité générale de la comète.
Ls astronomes ont aussi pu observer la coma, ou chevelure de la
comète, dont seule l'imagerie radar est capable d'analyser la
structure. Celle-ci se révèle surtout composée de gros grains, de 2
centimètres ou plus. Ce type de coma, déjà observé dans certaines
comètes sans en constituer une généralité, est très étendue et
asymétrique.
"Les observations radar nous donnent des images du noyau de la
comète que nous ne pourrions pas obtenir d'une autre façon. Cette
comète a une surface d'aspect très accidenté, qui pourrait être liée
à la grande population de gros grains dans sa coma", annonce
Howell, chercheur au Lunar and Planetary Laboratory. "Chaque
comète que nous étudions présente des caractéristiques uniques. Les
images radar représentent des pièces importantes d'un puzzle."
L'équipe de Howell a également permis de découvrir des différences
surprenantes entre cette comète et d'autres comètes de la même
famille.
46P/Wirtanen appartient à un groupe de comètes de la "famille
Jupiter", car leurs orbites sont contrôlées par la gravité de la
planète géante. Deux autres comètes de cette famille Jupiter,
45P/Honda-Mrkos-Pajdusakova et 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak, ont
également été récemment étudiées par radar en 2017.
Bien que ces trois objets aient des orbites et des niveaux
d'activité similaires, les observations radar révèlent de grandes
différences, en particulier dans la population de grosses particules
dans le coma. En effet, 46P/Wirtanen en concentre une importante
quantité, beaucoup plus faible dans 45P/Honda-Mrkos-Pajdusakova,
alors que 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak n'en possède pas du tout.
Jean Etienne
Source principale :
UA Researcher Captures Rare Radar Images of Comet 46P/Wirtanen.
Université de l'Arizona, le 20 décembre 2018.
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