Les anneaux de Saturne sont principalement constitués de morceaux de
glace d'eau d'une taille allant de la poussière microscopique à des
blocs de plusieurs mètres. Les particules de l'anneau se trouvent en
équilibre entre la force d'attraction de Saturne, qui tend à les
ramener vers la planète, et leur vitesse orbitale, qui a tendance à
les projeter vers l'espace extérieur. Mais ces minuscules particules
peuvent être chargées électriquement par la lumière ultraviolette du
Soleil ou par des nuages de plasma émanant du bombardement des
anneaux par des micrométéorites. Lorsque cela se produit, les
particules peuvent se trouver sous l'influence du champ magnétique
de Saturne, qui s'oriente vers la planète au niveau des anneaux.
Dans certaines parties de ces anneaux, le rapport de force sur ces
minuscules particules change de façon spectaculaire, et la force de
gravitation les entraîne le long des lignes de champ magnétique dans
la haute atmosphère. Une fois sur place, les particules de glace se vaporisent et l'eau
peut réagir chimiquement avec l'ionosphère de Saturne. Un des
résultats de ces réactions est une augmentation de la durée de vie
des particules chargées électriquement, appelées ions H3+, composées
de trois protons et de deux électrons. Lorsqu'ils sont alimentés par
la lumière du soleil, les ions H3+ brillent dans la lumière
infrarouge, ce qui a été observé par l'équipe d'O'Donoghue à l'aide
d'instruments spécifiques installés au foyer du télescope Keck à
Mauna Kea, à Hawaii.
Ces observations ont révélé des bandes rougeoyantes dans les
hémisphères nord et sud de Saturne, où les lignes de champ
magnétique qui coupent le plan de l'anneau pénètrent dans la
planète. Les scientifiques ont alors analysé cette émission
lumineuse afin de déterminer le volume d'eau reçu depuis l'anneau et
déterminer ses effets sur l'ionosphère de Saturne. Ils ont constaté
que ce volume d'eau correspond remarquablement bien aux valeurs
étonnamment élevées relevées plus de trente ans auparavant par
Connerney et ses collègues, essentiellement dans l'hémisphère sud.
L'équipe a également découvert une bande rougeoyante à une latitude
plus élevée dans l'hémisphère sud. C’est là que le champ magnétique
de Saturne croise l’orbite d’Enceladus, une lune géologiquement
active qui projette des geysers de glace d’eau dans l’espace,
indiquant que certaines de ces particules pleuvent également sur
Saturne. "Ce n'était pas vraiment une surprise totale. Nous avons
également identifié Enceladus comme une source d'eau abondante, sur
la base de l'observation d'une autre bande sombre étroite dans une
ancienne image de Voyager."
On pense aujourd'hui que les geysers, observés pour la première fois
par les instruments de Cassini en 2005, viennent d'un océan d'eau
liquide sous la surface gelée de la minuscule lune. Son activité
géologique et son eau océanique font d’Enceladus l’un des endroits
les plus prometteurs pour la recherche de la vie extraterrestre.
En conclusion, si nous pouvons observer ces anneaux majestueux
autour de la géante gazeuse, c'est tout simplement parce que
l'espèce humaine est apparue pile-poil au moment précis où ceux-ci
se sont formés, avant de disparaître. Un clin d'œil dans la vie du
Système solaire…
Jean Etienne
Sources principales :
Research finds rings of Saturn are dying. Université de Leicester.
NASA Research Reveals Saturn is Losing Its Rings at
“Worst-Case-Scenario” Rate. Nasa, centre Goddard.
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