Une nouvelle étude étendue sur l'observation de trois années
martiennes, soit l'équivalent de 55 mois terrestres, depuis la sonde
Curiosity, n'ont fait que confirmer l'existence de ce flux
saisonnier nettement marqué, culminant dans l'hémisphère nord à la
fin de l'été, tout en suggérant une relation avec les fluctuations
de température du sol. Dans une étude parallèle, le Pr. Jennifer L.
Eigenbrode et ses collègues ont analysé différents échantillons de
sol prélevés par forage par Curiosity, qui ont révélé un certain
nombre de composés organique différents.
Ainsi, les auteurs estiment que de nombreuses sources potentielles
de méthane peuvent être stockées dans le sous-sol martien sous la
forme de clathrates, soit d'hydroxyde de méthane, ce qui
expliquerait la libération fluctuante de ce gaz dans l'atmosphère en
fonction du réchauffement saisonnier.
Certains composés organiques avaient déjà été identifiés sur le site
de Mudstone Sheepbed, dans le cratère Gale, où s'était posée la
sonde Curiosity de la Nasa. Mais ici, de nouveaux échantillons
provenant des monts Mojave et Confidence Hills, qui renferment des
roches vieilles de trois milliards d'années, collectées et
réchauffées afin d'analyser les molécules ainsi libérées, ont révélé
la présence de plusieurs molécules organiques et de matières
volatiles qui rappellent étrangement la roche sédimentaire riche en
matières organiques existant sur Terre dont les thiophène, 2- et
3-méthylthiophènes, méthanethiol, et sulfure de diméthyle.
Les auteurs insistent sur le fait que beaucoup de molécules
analysées ici ne diffèrent que par une seule chaîne latérale de
carbone, et qu'elles peuvent très bien résulter d'une fracture
depuis d'autres chaînes organiques plus complexes. Une hypothèse qui
semble d'ailleurs confirmée par l'analyse directe de météorites
d'origine martienne découvertes sur Terre.
Le méthane, trace fossile d'une vie martienne ?
S'il semble que la variation cyclique de la concentration en méthane
de l'atmosphère martienne ne soit plus produite par une action
bactérienne de surface, la question d'une vie présente ou passée sur
la Planète rouge n'en n'est que déplacée… Car en effet, la présence
de méthane, même sous la forme de clathrates, soit d'hydroxyde de
méthane, constitue une nouvelle énigme.
Sur Terre, ce gaz est le principal constituant issu de la
fermentation de matières organiques animales en l'absence d'oxygène,
et est fabriqué par des archéobactéries vivant dans des milieux
anaérobies, c'est-à-dire sans oxygène. Le méthane est, en effet, le
seul hydrocarbure pouvant être obtenu grâce à un processus
biologique naturel.
En conclusion, cette découverte, si elle semble infirmer la présence
d'une vie martienne en surface, conforterait en réalité l'existence
d'une forme de vie bactérienne dans un passé lointain, dont nous
retrouvons la trace dans les météorites martiennes. A méditer…
Jean Etienne
Source principale :
Mars exhumes methane on a seasonal cycle, Curiosity reveals; rover
also detects ancient organic matter (AAAS / Science).
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