31 mars 2017

 

SpaceX marque l'Histoire en créant la première véritable navette spatiale

 
On attendait un simple exploit technologique… Mais ce qui vient d'être réalisé par la société privée SpaceX apparaît plutôt comme une rupture technologique, qui pourrait préfigurer l'avenir de l'expansion de l'Homme dans le cosmos.

Ce jeudi 30 mars 2017 à 22h27 TU (00h27 heure française), un lanceur Falcon 9 décollait depuis la base de Cap Canaveral, en Floride, emmenant sous sa coiffe SES-10, un satellite de communication commerciale pour SES, vers une orbite de transfert géostationnaire (GTO). SES est un opérateur satellitaire de tout premier plan, fournissant des solutions de communications par satellite fiables et sécurisées à travers le monde. Mais ce n'est qu'un détail…

Car le premier étage du lanceur avait déjà été utilisé en avril dernier, et récupéré selon une technologie désormais parfaitement mise au point par SpaceX, et régulièrement démontrée. Une procédure qui évite de sacrifier le lanceur, ou à tout le moins le premier étage – le plus coûteux – après chaque tir, comme c'est pourtant encore la norme pour tous les lancements dans le monde.

Elon Musk, fondateur de SpaceX, compare la technologie actuelle à celle d'un avion de ligne qu'on jetterait à la poubelle après chaque vol avant d'en refabriquer un nouveau pour les passagers suivants… Une vision totalement incompatible avec les perspectives d'avenir du développement et de l'expansion de l'histoire humaine.

Une économie chiffrable ?

Selon certains experts, l'économie réalisée serait de 30% par rapport au coût facturé pour un lancement de Falcon 9, soit actuellement de 62 millions de dollars. C'est du moins ce qui aurait été consenti au client pour le vol de ce 30 mars 2017. Mais cet avantage pourrait considérablement évoluer, car actuellement, nul ne peut prédire combien de vols pourront être réalisés par un premier étage récupérable.

En effet, celui-ci, qui fait tout de même 47 mètres de haut, concentre la plus grande partie du lanceur avec 9 (neuf !) moteurs, alors que le second étage n'en comporte qu'un seul… Et le fait que celui-ci doive conserver une partie du carburant pour réussir à freiner, puis se poser en douceur, ne semble plus constituer un obstacle devant l'avantage désormais démontré d'une réutilisation non plus potentielle, mais réelle.

Et on ne peut s'empêcher de comparer cette réalisation à la navette spatiale américaine, qui introduisait certes la première réutilisation d'un vaisseau habité dans l'espace, mais ne concernait finalement que le réemploi de la partie habitée (aussi complexe soit-elle), le lanceur proprement dit étant sacrifié à l'exception de certains segments des accélérateurs à poudre susceptibles d'être réutilisés.

Et ce fut le coup d'éclat…

Et justement, la société SpaceX ne s'est pas contentée, pour cette première tentative de lancement au moyen d'une fusée ayant déjà servi, d'une solution de facilité… Car avec 5280 kg, le satellite SES-10, construit en France par Airbus Defense & Space, poussait à leur maximum les performances du lanceur Falcon 9, ne laissant que très peu de réserve de carburant dans les réservoirs pour faire revenir le premier étage en douceur. Ce qui a été réalisé. Avec brio.

Nombre d'agences spatiales ne font-elles pas fausse route en ne misant que pour les fusées jetables, sachant que leurs projets les impliqueront irrémédiablement pour de nombreuses décennies, face à une concurrence, souvent privée, plus réactive ?

Jean Etienne

 

 

 
Le premier étage Falcon 9, récupéré après son deuxième vol.
 

 

 
 
 

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