7 mars 2017

 

L'urbanisation détruit la biodiversité

 
La conversion croissante des zones agricoles et naturelles en paysages urbains dominés par l'homme entraîne inéluctablement un déclin majeur de la biodiversité dans le monde. Car en effet, l'accroissement des villes désavantage les espèces moins mobiles tout en favorisant celles mieux adaptées à des températures plus élevées. Telle est la conclusion d’une recherche de terrain menée sur 80 sites en Belgique.

Frederik Hendrickx, de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, l'affirme : "Nous voyons pour la première fois comment l’urbanisation appauvrit la biodiversité à grande échelle". En effet, avec 368 habitants au km2, la Belgique est l’un des pays d’Europe les plus urbanisés. Et au niveau mondial, l’urbanisation continue à augmenter puisque selon les estimations, elle devrait encore tripler d’ici l'année 2030.

Et c'est pourquoi les biologistes de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB) ont cherché à comprendre comment elle modifiait l’état de la faune, et cela par l'étude des coléoptères carabidés.

Des îlots de chaleur

À l’aide de pièges à insectes, les chercheurs ont échantillonné 81 sites en Belgique. Ils ont comparé la composition en coléoptères des zones rurales et des zones urbaines. Le résultat : ils ont noté un plus grand nombre d’espèces appréciant la chaleur dans les villes que dans les campagnes. Les matériaux sombres comme l’asphalte emmagasinant plus de chaleur, les températures sont plus élevées en ville. De plus les zones vertes (parcs, jardins…) y sont aussi souvent plus fragmentées, plus espacées.
 

Le professeur Frederik Hendrickx, docteur en biologie.

Cela explique pourquoi les espèces de coléoptères à ailes courtes (qui ne peuvent pas parcourir de longues distances) sont moins fréquentes en ville. L’étude a révélé qu’aujourd’hui dans les villes flamandes, on ne trouve, presque exclusivement, que des coléoptères à ailes longues.

Pour le biologiste Frederik Hendrickx, "l’urbanisation mène à l’uniformisation. Les conditions de vie en ville favorisent fortement des caractéristiques spécifiques comme une forte capacité de propagation et un penchant pour la chaleur. Par conséquent, vous ne retrouvez en zone urbaine que quelques espèces, toujours les mêmes, y compris dans un parc boisé où vous auriez pu vous attendre à une diversité plus importante et similaire à celle d’une forêt en zone rurale. Et ce qui vaut pour les coléoptères vaut également pour bien d’autres espèces animales et végétales".

Cette étude est une des premières à démontrer, à une si grande échelle, les effets de l’urbanisation sur les populations d’insectes. Comprendre ces modifications est important pour pouvoir, à long terme, évaluer et anticiper leurs conséquences sur les écosystèmes. C'est à dire sur notre propre avenir.

Jean Etienne

Source principale :

Urbanization drives community shifts towards thermophilic and dispersive species at local and landscape scales (Belgian Science Policy Office, DOI: 10.1111/gcb.13606).

 

 
 
Coléoptères. Image non exhaustive...
 

 

 
 
 

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