5 février 2017

 

Le QI moyen des pays occidentaux s'effondre

 
Alors que le QI (Quotient Intellectuel) de l'Homme a toujours eu tendance à s'élever dans nos sociétés au fil des générations, plusieurs études récentes montrent un recul généralisé en Occident. Et la cause en reste inconnue.

Plusieurs hypothèses ont été émises. Elles mettent en cause la pollution chimique, ou l'hyper-connectivité d'un monde qui nous dispenserait de réfléchir. Théories louables, si ce n'était que les mêmes problèmes existent aussi en Asie, alors que là-bas le QI moyen continue de progresser.

Ce recul généralisé du QI moyen en Occident, évalué à 3,8 points sur une décennie (sur une moyenne de 100), semble avoir débuté à l'aube du XXIème siècle. Selon Axel Cleeremans, directeur de l'Institut des Neurosciences de l'ULB (Université Libre de Bruxelles – Belgique), les technologies que sont internet et les smartphones ou autres iPhones ont pris une telle place dans notre environnement que notre mémoire s'externalise. De fait, la plupart des étudiants interrogés se montrent incapables de citer le numéro de téléphone d'un de leurs proches. Tout est dans leur smartphone. Et pour répondre à une question un peu plus "pointue", le réflexe "Wikipedia" se met en route…

Pour le pédopsychiatre Emmanuel De Becker, chef du service pédiatrie infanto-juvénile à l’hôpital universitaire Saint-Luc (Belgique), l'apparition de ces nouvelles ressources fait que nous sollicitons à présent d'autres zones de notre cerveau. Ainsi, le fait d'être devant un écran stimule certaines zones cérébrales au détriment d'autres. Selon le chercheur, à force d'intégrer ces nouvelles technologies, notre cerveau s'est transformé. L'hippocampe, siège de la mémoire, s'est atrophié alors que les lobes préfrontaux, soit les zones de la synthèse, se sont développés.
 

Emmanuel De Becker

Et cela soulève une intéressante question : les tests de QI, tels qu'ils sont appliqués de nos jours, restent-ils adaptés ?

Emmanuel De Becker estime que les tests de QI devraient être modifiés pour prendre en compte les transformations de notre environnement et mieux intégrer les nouvelles technologies. Pourtant, le Dr Laurent Alexandre, chirurgien, projectiviste et chef d'entreprise dans le domaine de la haute technologie en France, s'interroge sur les performances étonnantes réalisées en Asie alors qu'eux aussi sont hyper-connectés. "Les petits Singapouriens nous dépassent dans tous les domaines", annonce-t-il. "Ce n’est pas qu’ils nous dépassent, ils nous écrasent. Probablement avons-nous renoncé à notre leadership technologique, éducatif et scientifique tel que nous l’avions il y a encore 50 ans. A l’inverse, en Asie, des sommes considérables sont investies dans l’enseignement". Et de fait, A Hong Kong et Singapour, le QI moyen est de 108, en Corée du Sud 106. En Europe, l'Italie parvient tout de même à se hisser à la cinquième place avec 102.

Le QI

Il ne faut cependant pas perdre de vue que le QI n'est qu'un indicateur, un indice statistique qui permet d'évaluer certaines performances intellectuelles d'une personne. C'est une estimation, une photographie de la performance d'une personne a un instant T. On pourrait le comparer à la mesure de la hauteur d'une tour en se basant sur la longueur de son ombre en terrain accidenté. Le score observé doit ainsi apparaître dans une fourchette, un intervalle de confiance.

Il est donc impossible d'affirmer "votre QI est de 100", mais simplement d'annoncer "il y a 95% de chance que votre QI se situe entre 97 et 103". De plus, rares sont les tests - ou les testeurs - prenant réellement en compte les multiples formes d'intelligence (au nombre de huit reconnues actuellement), se limitant à la forme logico-mathématique.

Pour Laurent Alexandre, seule l'amélioration de l'enseignement permettra d'intégrer le monde de demain et de nous y adapter. Pas en permettant à nos enfants de réaliser des scores biaisés par le laxiste des correcteurs, mais par une véritable adaptation à l'environnement hyperconnecté qui est à présent le nôtre. Un monde où nos jeunes devront rivaliser avec l'intelligence artificielle.

Jean Etienne

Source principale (entre autres) :

A negative Flynn Effect in France, 1999 to 2008–9 (Intelligence 51 (2015) 67–70).

 

 

 

 

 
 
 

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