1er août 2017

 

Non, la découverte d'un signal extraterrestre n'est pas pour demain

 
Pour demain non, mais plutôt pour après-demain… S'il est très possible qu'un signal radio ou électromagnétique nous parvienne un jour, sa reconnaissance en tant que tel pourrait n'être démontrée qu'au terme d'un processus prolongé, et non à la suite d'un "instant Eureka".

Selon la légende, Archimède aurait découvert la loi de la flottabilité après avoir ressenti la poussée exercée par l'eau sur son propre corps en s'immergeant dans sa baignoire (ce qui, pour les mauvaises langues, donnerait à penser qu'il prenait à cette occasion le premier bain de sa vie, enfin, passons…). Une découverte donc instantanée, devenue populaire à travers les siècles car très facile à comprendre et qualifiée d' "instant Eureka" en souvenir du cri qu'aurait poussé le célèbre personnage, selon Milan Cirkovic, associé principal de recherche à l'Observatoire astronomique de Belgrade et professeur adjoint de physique à l'Université de Novi Sand en Serbie. Cependant, ajoute-t-il, ce concept met beaucoup trop l'accent sur le "mythe d'origine", ainsi que sur le rôle de la personnalité, du moment-clé, et des circonstances dans tout processus historique.
 

Milan Cirkovic

Cirkovic estime que la communauté scientifique impliquée dans la recherche de l'intelligence extraterrestre, dont le SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), devrait plutôt se préparer pour un processus de reconnaissance qui, au lieu de se baser sur un indice précis, se baserait sur un examen s'étalerant sur plusieurs années, ou même sur plusieurs dizaines d'années, examinant systématiquement la multitude de raisons pour lesquelles une civilisation extraterrestre pourrait ne pas être la source d'un signal mystérieux.

"J'ai seulement essayé de souligner que l'histoire de la science et la logique du bon sens suggèrent, sur un plan descriptif, que la reconnaissance de ce premier contact sera un processus prolongé, probablement pas identifiable en tant que contact extraterrestre sur une échelle de temps de l'ordre de l'année ou même de la décennie", estime Cirkovic, qui prend soin de ne pas décrire comment ce contact pourrait se dérouler, mais mettant l'accent sur la durée que cela impliquerait ainsi que sur le grand nombre d'observations nécessaires.

Plusieurs indices ont déjà été évoqués, sans toutefois – et de loin – recueillir l'unanimité, telle l' "étoile de Tabby" qui montre une succession d'augmentations de luminosité et d'assombrissement apparemment incompatibles avec un processus naturel. Certains suggèrent que cet astre serait entouré d'une mégastructure artificielle, tandis que d'autres évoquent l'action d'exo-comètes… "Une observation beaucoup plus détaillée, outrepassant le simple examen des signaux reçus, est évidemment nécessaire", affirme Cirkovic. "L'exemple le plus souvent cité serait la présence dans le signal de la suite des nombres premiers (2, 3, 5, 7, 11…), évoquée pour la première fois par Nikola Tesla, d'ailleurs quelque peu oublié en tant que pionnier du programme SETI". Encore faudrait-il que nos 'voisins' extraterrestres calculent en base 10…

"Cependant, c'est bien l'idée que nous nous faisons de l'idée classique du premier contact que j'ai l'intention de détruire, car je prétends, tout comme Nikolai Kardashev, un des pères fondateurs du SETI, que nous sommes plus susceptibles de détecter la présence d'une civilisation étrangère via un phénomène astrophysique anormal, qui serait un signe d'effort d'ingénierie massive de la part d'une intelligence extraterrestre", ajoute Cirkovic.

Le scientifique ajoute que ces dernières années, la communauté SETI a déclaré qu'elle s'attend plutôt à ce que le premier contact se fasse par l'intermédiaire d'une signature d'ingénierie plutôt que par un signal radio, et il conclut en demandant aux chercheurs de relalibrer leurs détecteurs, leurs équipements et leurs modèles dans cette perspective, qui mérite beaucoup plus d'attention.

Jean Etienne

Sources principales :

Is contact a process ? Space Policy, 27 mai 2017.

Institut SETI

 

 
 
Credit image : Harun Mehmedinovic and Gavin Heffernan (SETI).
 

 

 
 
 

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