La composition des météorites qui n'ont jamais
cessé de bombarder notre planète a radicalement évolué avec le
temps, et leur analyse conduit vers une meilleure reconstitution de
l'histoire de notre Système solaire.
La grande majorité des météorites tombant sur Terre aujourd'hui sont
des chondrites ordinaires de types H et L, dont la composition
correspond parfaitement à celle des astéroïdes les mieux situés.
Cela suggère que l'origine de leur flux est dominée par les
fragments produits par les multiples collisions qui se produisent au
fil du temps dans la ceinture d'astéroïdes, cela dans une échelle de
temps remontant à une centaine de millions d'années, correspondant à
la durée de vie estimée d'un objet croisant l'orbite de notre
planète avant d'entrer en collision ou de se désintégrer dans son
atmosphère.
Une équipe de scientifiques conduite par Philipp R. Heck, de l'Université
de Lund, en Suède, a extrait de minuscules fragments de
météorites enfuis dans une carrière à proximité de Lidköping, en
Suède, renfermés au sein d'une strate dont l'âge est connu avec
précision : 458 à 470 millions d'années (période ordovicienne). Ils
ont ainsi pu démontrer que l'abondance de certains isotopes,
notamment ceux de l'oxygène, était extrêmement différente de celle
observée dans les chondrites ordinaires.
Ainsi, les achondrites primitifs, tels que lodranites et
acapulcoites, classifiées comme achondrites connexes, étaient alors
présentes dans une proportion de 15 à 34 % du flux de cette époque,
contre 0,45 % aujourd'hui. En résumé, la moitié des 43 échantillons
ayant fait l'objet de cette analyse se rapportent à des types de
météorites soit complètement inconnues, soit très rares par rapport
à ce qui est découvert aujourd'hui.
Ces données montrent que le flux de météorites a varié au fil du
temps géologique, alors que les perturbations d'orbite des
astéroïdes créaient de nouvelles populations de fragments,
progressivement capturés par notre planète, constituant un flux
continuellement renouvelé. Une découverte qui suggère que l'on doit
revoir notre compréhension du système solaire.
Une météorite "éteinte"
Cette étude se base à l'origine sur une hypothèse présentée l'été
dernier par le professeur en physique nucléaire Birger Schmitz, de
l'Université de Lund (Suède), sur la base de la découverte d'une
météorite "éteinte". Ce terme s'applique à une météorite dont la
composition chimique et isotopique inhabituelles par rapport aux
autres groupes suggère qu'elle provient d'un corps céleste qui a été
détruit il y a très longtemps.
"Nous avons toujours supposé que le système solaire était très
stable avec les mêmes types de météorites qui tombaient sur Terre à
travers l’histoire du système solaire, mais ce n’est pas le cas",
commente Birger Schmitz.
Pour Birger Schmitz, il y a quelque chose d’important qui s’est
produit dans le système solaire il y a 500 millions d’années. Et
cette nouvelle étude offrira de meilleures reconstructions de ces
processus. Nous pouvons désormais recréer toute l’histoire du
système solaire et c’est une étape importante dans la compréhension
de notre système.
Jean Etienne
Source principale :
Rare
meteorites common in the Ordovician period (Nature
Astronomy, 23 janvier 2017. Doi : 10.1038/s41550-016-0035).
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