23 janvier 2017

 

Pourquoi fait-il glacial dans une tornade ?

 
A l'intérieur d'une tornade, la température chute brutalement. Après plus de soixante ans de recherches sur ce mystère, les scientifiques viennent d'en comprendre la raison.

En 1955 à Scottsbluff, dans le Nebraska, trois journalistes d'une station de radio locale se préparaient à effectuer un reportage en direct sur le passage d'une tornade, lorsqu'ils furent contraints de se réfugier dans le sous-sol d'un bâtiment en pierre. Mais alors que l'entonnoir de la trombe passait juste à leur verticale, la température chuta brusquement et ils furent pris de malaise, ayant peine à respirer.

Depuis, cet étrange phénomène a été confirmé mais ses causes sont restées mystérieuses durant 61 ans. Georgios Vatistas, professeur de génie mécanique de l'American Institute of Aeronautics and Astronautics, est parvenu à élaborer une méthode analytique grâce à laquelle il a pu construire un nouveau modèle mathématique pour décrire un vortex compressible turbulent. Pour y arriver, il a poussé plus loin ses recherches théoriques sur les vortex afin de tenir compte des effets de turbulence et de variation de masse volumique.

"Grâce à cette nouvelle méthode avancée, nous avons réussi à déterminer ce qui cause la baisse de la température à l'intérieur des vortex. C'est une première", affirme le Pr Vatistas, qui a mené cette recherche en collaboration avec Badwal Gurpreet Singh et Rahul Rampal, deux diplômés de l'Université de Concordia qui ont obtenu une maîtrise ès sciences appliquées en 2014.

"En se déplaçant de la périphérie vers le centre du vortex, les trous d'air prennent de l'expansion, ce qui entraîne une baisse de la température et de la masse volumique". Et cette baisse de température n'est pas anodine, puisque dans le cas de Scottsbluff, Georgios Vatistas et son équipe ont calculé que l'air ambiant à l'intérieur de la tornade est passé de 27 °C à 12 °C. En outre, les chercheurs ont estimé qu'au centre de la tornade, la pression atmosphérique a chuté au niveau de celle régnant habituellement à 8000 mètres d'altitude. "C'est la masse volumique correspondant à ce qu'on appelle la 'zone mortelle', cette zone commençant à 8 000 mètres d'altitude au-delà de laquelle les alpinistes ne devraient jamais se risquer sans appareil respiratoire", explique l'expert.

Voilà pourquoi les journalistes de Scottsbluff ont raconté avoir eu l'impression de manquer d'air. Par chance, la tornade est passée rapidement, ce qui leur a permis d'échapper à l'asphyxie.

"J'espère que cette importante découverte aidera les chercheurs à mieux comprendre les nombreux phénomènes mystérieux associés aux vortex atmosphériques violents, comme les tornades et les trombes d'eau", conclut Georgios Vatistas.

Jean Etienne

Source principale :

Thermal Properties of Compressible Line Vortices (Aerospace Research Central, 17 janvier 2017, doi 10.2514/1.C034106).

 

 
 

 

 
 
 

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