17 janvier 2017

 

Guérir le diabète de type 1 en régénérant les cellules produisant de l’insuline

 
Aux progrès s'appuyant sur la réalisation d'un pancréas artificiel s'ajoute désormais la possibilité de régénérer les cellules productrices d'insuline, dont l'absence provoque l'apparition du diabète de type 1. Un immense espoir, qui pourrait très bien transformer dans un proche avenir cette maladie invalidante… en mauvais souvenir.

Le diabète de type 1 se caractérise par la destruction sélective des cellules produisant l’insuline, une hormone permettant de réduire le taux de sucre sanguin face à une augmentation subite suite à un apport sucré. Ces cellules sont nommées cellules β pancréatiques. Restaurer ces cellules constitue pour la médecine un défi majeur, car les traitements actuels induisent souvent de graves complications.

Cette restauration, véritable serpent de mer de la médecine, passait par la possibilité de recréer ces cellules β en modifiant génétiquement des cellules qui leur ressemblent, et qui ne sont pas en carence chez les diabétiques : les cellules α, productrices de glucagon.
 
Le glucagon est une hormone hyperglycémiante (qui provoque une augmentation de la quantité de glucose dans le sang) sécrétée par les cellules alpha des îlots de Langerhans du pancréas, et qui agit principalement sur le foie en provoquant une glycogénolyse. Il possède des propriétés antagonistes de l'insuline, qui est hypoglycémiante.

Jusqu'à présent, l'approche utilisée consistait à activer un gène déterminé, nommé Pax4, présent dans les cellules α. Mais l'expérimentation avait aussi permis de découvrir que ces cellules α étaient continuellement régénérées et converties en cellules β, ce qui en constituait la principale source et assurant l'équilibre entre les deux facteurs. Un énorme espoir de combattre ce déséquilibre, mais pour cela, il était impératif de trouver un composé capable de provoquer cette mutation, induite génétiquement chez l'Homme. "Certes cette première avancée était importante, mais il n’était pas possible d’agir de cette manière sur le patrimoine génétique d’un être humain", explique Patrick Collombat, directeur de recherche Inserm.

Dans ce nouveau travail, l’équipe de chercheurs vient de démontrer que cet effet pourrait être induit sans aucune modification génétique, grâce au GABA, un neurotransmetteur présent naturellement dans l’organisme mais aussi disponible sous forme de complément alimentaire.

L'acide γ-aminobutyrique, souvent abrégé en GABA, est le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central chez les mammifères et les oiseaux.

Les effets inhibiteurs du GABA contrebalancent les effets excitateurs du glutamate. Un déséquilibre entre ces deux neurotransmetteurs est impliqué dans l'épilepsie et l'ischémie cérébrale. Sa formule brute est C4H9NO2.

Et justement, les chercheurs de l’Inserm sous la direction de Patrick Collombat démontrent que le GABA (quelquefois utilisé en complément alimentaire) pourrait induire la régénération des cellules produisant l’insuline. Cette découverte, réalisée chez la souris et partiellement validée chez l’homme, apporte un nouvel espoir aux patients atteints de diabète de type 1.

Chez la souris d’abord : le GABA induit la régénération continue, mais contrôlée, des cellules alpha du pancréas et leur transformation en cellules produisant de l’insuline. Les cellules ainsi générées sont fonctionnelles et peuvent soigner plusieurs fois un diabète induit chimiquement chez la souris.

Chez l’Homme ensuite : sur des ilots de Langerhans (qui contiennent à la fois des cellules alpha et beta), les chercheurs ont observé qu’après 14 jours de culture en présence de GABA, le nombre de cellules alpha productrices de glucagon diminuait de 37% au profit d’une augmentation de 24% des cellules productrices d’insuline.

Enfin, en transplantant l’équivalent de 500 ilots de Langerhans humains chez la souris, les mêmes résultats ont été obtenus en supplémentant quotidiennement l’alimentation des souris en GABA pendant un mois. Ces résultats sont prometteurs quant à l’efficacité probable de cette solution pour l’Homme. Des essais thérapeutiques vont ainsi être prochainement initiés afin de déterminer si le GABA pourrait effectivement aider des patients atteints de diabète de type 1.

Jean Etienne

Source principale :

Long-Term GABA Administration Induces Alpha Cell-Mediated Beta-like Cell Neogenesis (Cell, Volume 168, Issues 1-2, p73–85.e11, 12 January 2017).
 

 
 

 

 
 
 

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