13 janvier 2017

 

Des vaccins plus efficaces grâce aux faisceaux d’électrons à basse énergie

 
De nombreux vaccins sont élaborés à partir d'un virus désactivé par un processus chimique, qui possède certains inconvénients comme un délai de mise au point accru et une réduction de l'efficacité de la réponse immunitaire suite aux modifications subies par le microorganisme. Des inconvénients qui ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

On ne compte plus les maladies efficacement combattues par des vaccins issus d’agents infectieux inactivés dans lesquels les agents pathogènes des virus ont été désactivés chimiquement. Cependant l’usage de substances chimiques pour produire ces vaccins, et en particulier du méthanal, c'est-à-dire du formol, présente de nombreux inconvénients qui pourraient être contournés grâce à la désactivation des agents pathogènes par un faisceau d’électrons à basse énergie.

Le méthanal est en effet toxique pour l’organisme, et doit ainsi être dilué de manière significative afin de diminuer autant que possible les dangers qu’il représente. Ceci réduit son efficacité contre les agents pathogènes et requiert donc plus de temps avant que la totalité des agents infectieux soit éradiquée, ce qui représente une perte de temps désavantageuse préjudiciable dans la mise au point du produit fini, notamment dans le cas de la réponse à une épidémie. Par ailleurs, le méthanal est susceptible de modifier les protéines du virus contre lequel l’organisme produira des anticorps, ce qui de surcroît rend le vaccin moins efficace.

Les scientifiques de quatre instituts Fraunhofer, soit l'Institut de thérapie cellulaire et d'immunologie (IZI), l’Institut de génie des interfaces et de biotechnologie (IGB), l’Institut de technologie des faisceaux d’électrons et des plasmas (FEP) et l’Institut des systèmes de production et d’automatisation (IPA) se sont donc penchés sur la possibilité d’éliminer les agents infectieux par le biais d’un faisceau d’électrons à basse énergie. Des recherches qui avaient déjà été menées en ce sens mais l’utilisation de radiations était jusqu’à présent difficile à contrôler. Par exemple, les rayonnements radioactifs nécessitent des mesures de sécurité très strictes (blindages très épais, etc.) qui peuvent être difficilement mises en place dans des laboratoires pharmaceutiques traditionnels. L’utilisation d’un faisceau d’électrons à basse énergie garantit la faisabilité de cette technologie dans un laboratoire classique.

Cette méthode présente de nombreux avantages par rapport au procédé chimique utilisé actuellement. Sa toxicité est nulle, et elle ne demande que quelques millisecondes pour éliminer les agents pathogènes (contre plusieurs jours, voire semaines pour le méthanal) et elle ne risque pas de modifier les protéines du virus contre lequel l’organisme devra fabriquer des anticorps, augmentant donc l’efficacité du vaccin. Les chercheurs ont ainsi pu démontrer que cette procédure fonctionne parfaitement puisqu’elle désactive tous les virus et offre une protection complète lors des tests initiaux sur des animaux.

L’une des difficultés de mise en œuvre est que le faisceau ne peut pénétrer que de quelques millimètres sous la surface de la solution contenant le virus. Le liquide doit donc être écoulé en très fine couche sous l'émetteur afin que la totalité des virus présents soient désactivés, néanmoins l'efficacité de la méthode est d'ores et déjà démontrée. Reste la mise au point du processus et son application à un développement industriel.

Deux prototypes sont en cours de développement dans ce but, et cela grâce au financement de la Fondation Bill et Melinda Gates, en vue de commencer les essais cliniques pour la production des vaccins d’ici cinq ans.

Jean Etienne

Source principale :

Using electrons to inactivate viruses - More efficient vaccine production (Fraunhofer, 03/01/2017).

 

 

 

 

 
 
 

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