De nombreux vaccins sont élaborés à partir
d'un virus désactivé par un processus chimique, qui possède certains
inconvénients comme un délai de mise au point accru et une réduction
de l'efficacité de la réponse immunitaire suite aux modifications
subies par le microorganisme. Des inconvénients qui ne seront
bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
On ne compte plus les maladies efficacement combattues par des
vaccins issus d’agents infectieux inactivés dans lesquels les agents
pathogènes des virus ont été désactivés chimiquement. Cependant
l’usage de substances chimiques pour produire ces vaccins, et en
particulier du méthanal, c'est-à-dire du formol, présente de
nombreux inconvénients qui pourraient être contournés grâce à la
désactivation des agents pathogènes par un faisceau d’électrons à
basse énergie.
Le méthanal est en effet toxique pour l’organisme, et doit ainsi
être dilué de manière significative afin de diminuer autant que
possible les dangers qu’il représente. Ceci réduit son efficacité
contre les agents pathogènes et requiert donc plus de temps avant
que la totalité des agents infectieux soit éradiquée, ce qui
représente une perte de temps désavantageuse préjudiciable dans la
mise au point du produit fini, notamment dans le cas de la réponse à
une épidémie. Par ailleurs, le méthanal est susceptible de modifier
les protéines du virus contre lequel l’organisme produira des
anticorps, ce qui de surcroît rend le vaccin moins efficace.
Les scientifiques de quatre instituts
Fraunhofer, soit
l'Institut de thérapie cellulaire et d'immunologie (IZI), l’Institut
de génie des interfaces et de biotechnologie (IGB), l’Institut de
technologie des faisceaux d’électrons et des plasmas (FEP) et
l’Institut des systèmes de production et d’automatisation (IPA) se
sont donc penchés sur la possibilité d’éliminer les agents
infectieux par le biais d’un faisceau d’électrons à basse énergie.
Des recherches qui avaient déjà été menées en ce sens mais
l’utilisation de radiations était jusqu’à présent difficile à
contrôler. Par exemple, les rayonnements radioactifs nécessitent des
mesures de sécurité très strictes (blindages très épais, etc.) qui
peuvent être difficilement mises en place dans des laboratoires
pharmaceutiques traditionnels. L’utilisation d’un faisceau
d’électrons à basse énergie garantit la faisabilité de cette
technologie dans un laboratoire classique.
Cette méthode présente de nombreux avantages par rapport au procédé
chimique utilisé actuellement. Sa toxicité est nulle, et elle ne
demande que quelques millisecondes pour éliminer les agents
pathogènes (contre plusieurs jours, voire semaines pour le méthanal)
et elle ne risque pas de modifier les protéines du virus contre
lequel l’organisme devra fabriquer des anticorps, augmentant donc
l’efficacité du vaccin. Les chercheurs ont ainsi pu démontrer que
cette procédure fonctionne parfaitement puisqu’elle désactive tous
les virus et offre une protection complète lors des tests initiaux
sur des animaux.
L’une des difficultés de mise en œuvre est que le faisceau ne peut
pénétrer que de quelques millimètres sous la surface de la solution
contenant le virus. Le liquide doit donc être écoulé en très fine
couche sous l'émetteur afin que la totalité des virus présents
soient désactivés, néanmoins l'efficacité de la méthode est d'ores
et déjà démontrée. Reste la mise au point du processus et son
application à un développement industriel.
Deux prototypes sont en cours de développement dans ce but, et cela
grâce au financement de la
Fondation Bill et
Melinda Gates, en vue de commencer les essais cliniques pour la
production des vaccins d’ici cinq ans.
Jean Etienne
Source principale :
Using electrons to inactivate viruses - More efficient vaccine
production (Fraunhofer, 03/01/2017).
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