9 janvier 2017

 

Le télescope spatial Hubble trace la route interstellaire des sondes Voyager

 
Alors que les deux sondes Voyager de la Nasa poursuivent leur route à l'extérieur du Système solaire, le télescope spatial Hubble nous en fournit la feuille de route pour les prochaines années.

Lancées en 1977 à la reconnaissance des quatre planètes géantes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, Voyager 1 et 2 sont devenus les objets les plus lointains encore actifs de fabrication humaine. Filant à quelque 61.000 km/heure, elles se trouvent respectivement à 20 milliards et 16 milliards de kilomètres de notre Planète Bleue.

Dans une dizaine d'années, le réacteur nucléaire de chacune de ces sondes (des panneaux solaires seraient totalement inefficaces à cette distance, d'où le Soleil n'apparaît plus que comme une étoile un peu plus brillante que les autres) s'épuisera et toute transmission cessera. Mais en attendant, elles continuent de mesurer l'espace interstellaire et mystérieux qui sépare les étoiles, aidées en cela par les observations du télescope spatial Hubble qui permettent d'analyser l'environnement traversé.

C'est en effet une véritable feuille de route que nous propose Hubble depuis l'orbite terrestre, en mesurant à distance les matériaux présents dans l'environnement traversé par les deux sondes américaines.
 

 
Une sonde Voyager. Crédit : Nasa.
 
Une analyse préliminaire révèle une écologie riche et complexe de l’espace interstellaire. Cet espace contient plusieurs nuages d’hydrogène combiné avec divers autres éléments. Combinées avec celles des Voyagers, ces données proposent aussi plusieurs indices sur la manière dont notre soleil se déplace dans l’espace interstellaire.

Si les sondes échantillonnent bien les régions traversées, ces observations ne sont que locales et donnent peu de renseignements sur leur abondance ou leur distribution. Et c'est là que Hubble permet de compléter notre connaissance en donnant le contexte de l'environnement traversé par Voyager 1 et 2, avec pour ambition de déterminer les propriétés physiques de l’espace interstellaire local.

Au cours des dix prochaines années, les sondes Voyager poursuivront leur mesure de cet environnement, des champs magnétiques et des rayons cosmiques le long de leur trajectoire. Pendant ce temps, Hubble complètera ces observations en cartographiant les trajectoires des sondes. Chaque trajectoire de visée est étirée sur plusieurs années-lumières vers les étoiles proches. Les données fournies par Hubble indiquent que Voyager 2 quittera le nuage interstellaire entourant notre propre étoile d'ici environ deux millénaires. Dans 90.000 ans il traversera un autre nuage interstellaire, ensuite un troisième…

Les données de Hubble suggèrent aussi que notre Soleil lui-même traverse en ce moment un de ces nuages interstellaires, ce qui peut affecter l'héliosphère, c'est-à-dire la grande "bulle" produite par le vent solaire et qui contient notre Système solaire en entier. A sa frontière, connue sous le nom d'héliopause, le vent solaire se frotte contre l'espace interstellaire dans lequel Voyager 1 a déjà pénétré. Celle-ci ainsi que Hubble combinent déjà leurs observations afin d'analyser cet environnement interstellaire, où on rencontre déjà des vents solaires provenant d'autres étoiles.

Dans environ 40.000 ans, Voyager 1 ne sera bien entendu plus opérationnel et ne collectera plus aucune donnée, alors qu'elle passera à côté de l'étoile Gliese 445 dans la constellation de la Girafe. Quant à Voyager 2, elle croisera sensiblement à la même époque l’étoile Ross 248. Puis les deux engins poursuivront inlassablement leur route à travers la galaxie…

Jean Etienne

Source principale :

Hubble Provides Interstellar Road Map for Voyagers' Galactic Trek (Hubble Space Telescope - News. Hubble Site).

 

 

 
Eloignement des sondes Voyager par rapport au Système solaire (cliquer sur l'image pour agrandir).
Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

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