31 octobre 2016

 

De nombreuses poches de vie "extraterrestre" pourraient exister sur notre planète

 
Sous nos pieds existent des réservoirs d'eau, parfois minuscules, totalement isolés de la surface depuis des millions, voire des milliards d'années. Ils pourraient servir d'abri à des formes de vie totalement inconnues qui subsisteraient depuis des temps immémoriaux.

En 2013, une équipe de recherches conduite par Long Li, professeur adjoint à l’université d’Alberta, et Barbara Sherwood, principale auteure de l’étude et géochimiste de l’université de Toronto, a étudié de petites poches d'eau enclavées dans la roche d'une mine de l'Ontario à une profondeur de 2,4 kilomètres. Ils ont ainsi pu déterminer que cette eau est totalement séparée de la surface depuis 2,7 milliards d'années. Et d'émettre l'hypothèse que ces cavités isolées pourraient être comparables à des capsules spatiales qui seraient distantes de la Terre depuis très longtemps, mais constituant autant de circuits fermés où des formes de vie totalement inconnues auraient pu se développer et subsister.

Et il ne s'agirait pas d'une vaine hypothèse, car l'équipe rapporte des preuves indirectes de la présence réelle d'une telle forme de vie inconnue. Certes elle ne serait constituée que de microorganismes, mais leur développement au sein d'un milieu totalement séparé des écosystèmes que nous connaissons, sans lumière et sans oxygène, pourrait avoir entraîné une évolution complètement différente dont nous ne pouvons même pas imaginer la nature ou le fonctionnement.

Une découverte pouvant confirmer l'existence d'une vie extraterrestre

La découverte de formes de vie en des endroits non seulement inhospitaliers, mais totalement séparés des biotopes connus, revêt une importance considérable. Car s'il est un point sur lequel s'accordent tous les astrophysiciens aujourd'hui, c'est que l'eau est présente sur de nombreux corps planétaires. Elle existe sous la surface de Mars, mais aussi de plusieurs satellites du Système solaire, notamment de Jupiter. Vous voyez l'allusion ?

L'existence de ces formes de vie isolées a déjà dépassé le stade de la simple hypothèse, puisque certaines ont déjà été découvertes par le passé en Afrique du Sud, datant de 270 millions d'années, et en pleine santé… Mais cette eau "fossile" récemment observée en Ontario est âgée de 2,7 milliards d'années, une période valant sensiblement la moitié de l'âge de notre planète.

Une biochimie complexe, mais vraisemblable

Le professeur Long Li et son équipe ont collecté des échantillons d'eau provenant des roches dans la mine Kidd à côté de Timmins en Ontario. Il s'est surtout intéressé à la teneur en soufre de cette eau, à la fois abondante et tiède.

Or, toutes les formes de vie connues produisent leur énergie à partir de réactions chimiques. Les humains et d’autres animaux se basent sur les échanges d’électrons qu’ils obtiennent de la nourriture et de l’oxygène. Cependant, certaines bactéries ont mis au point des processus différents. Ainsi elles peuvent utiliser l'hydrogène gazeux comme la source de l'électron, et du sulfate, une forme dissoute du soufre, pour l’utiliser comme la destination de cet électron. Elles obtiennent ainsi des réactions chimiques qui s'avèrent suffisantes pour fournir de l’énergie à une forme de vie d'un métabolisme souvent ralenti.

Et justement, le professeur Li a découvert que le soufre contenu dans l’eau de la mine de Kidd est alimenté par la pyrite avoisinante. Or, la radioactivité naturelle de la roche produit suffisamment d’énergie pour séparer une petite fraction de l’eau en hydrogène et en oxygène, ce dernier pouvant dissoudre le soufre pour le transformer en sulfate. Or, la signature chimique de ce sulfate démontre que le processus est bien actif, et ce depuis que l'eau examinée a été isolée de la surface.

Autre indice d'importance, le Pr. Li a démontré que le taux de sulfates est de 100 à 1000 fois inférieur à celui obtenu lors de simulations en laboratoire. Une différence que le chercheur explique par le fait que, justement, les microorganismes utilisent ce sulfate dans leur métabolisme.

Reste une grande inconnue. Les microorganismes générés dans de tels systèmes fermés peuvent-ils favoriser l'apparition de la vie ? Si oui, on peut s'attendre à la forte probabilité de l'existence d'une vie martienne, même confinée au sous-sol de la planète. Mais aussi sur de nombreuses planètes ou satellites naturels, la seule condition étant un peu d'eau, du soufre, ainsi que quelques éléments radioactifs permettant la réaction chimique. Une condition qui existe... à peu près partout dans l'Univers !

Jean Etienne

Source principale :

Sulfur mass-independent fractionation in subsurface fracture waters indicates a long-standing sulfur cycle in Precambrian rocks (Nature Communications du 27 octobre 2016, Article number 13252 doi: 10.1038 / ncomms 13252).

 

 

 
Cette améthyste de Madagascar renferme une bulle d'eau fossile…
 

 

 
 
 

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