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La première analyse des données transmises
depuis l'atterrisseur via la sonde TGO et le satellite martien Mars
Express de l'ESA se révèlent accablantes : après la séparation du
parachute de descente, plus rien n'aurait fonctionné correctement.
Ce qui remet sérieusement en cause la mission ExoMars 2020.
Comme nous le
précisions hier, les signaux transmis par l'atterrisseur
Schiaparelli étaient répercutés vers la Terre via la sonde TGO
(Trace Gas Orbiter), occupée à ce moment à s'inscrire elle-même en
orbite martienne, et Mars Express, servant également de relais. 600
Mo de données ont ainsi pu être enregistrées, et retransmises ce
jeudi 20 octobre dans la matinée, dont le dépouillement a été
aussitôt entrepris.
Ces informations révèlent que la première partie de la traversée de
l'atmosphère martienne, d'une durée d'environ 6 minutes, s'est
parfaitement déroulée. Cela implique le bon comportement du bouclier
thermique, ainsi que le déploiement du parachute supersonique devant
significativement réduire la vitesse de la sonde.
Cependant, l'éjection du bouclier thermique semble s'être produite
plus tôt que prévu, de même que l'ouverture du parachute. Ensuite,
tout ou partie (ce point reste à vérifier) des neuf rétrofusées
situées sous l'engin se sont bien allumées, mais il semblerait que
leur fonctionnement se soit interrompu après seulement 4 secondes au
lieu des 30 secondes prévues, à une altitude qui reste à déterminer.
Ce qui, évidemment, était nettement insuffisant pour réduire la
vitesse de l'engin.
La suite, on la devine. Parcourant bien trop rapidement la distance
qui lui restait à franchir jusqu'au sol, Schiaparelli se serait tout
simplement écrasée, ce qui expliquerait aussi pourquoi le signal
s'est interrompu plusieurs dizaines de secondes avant le moment
prévu pour le contact.
"Après les événements d'hier, nous avons un orbiteur en parfait
état et prêt à accomplir son programme scientifique autour de Mars
et à servir de relais pour la mission ExoMars 2020", a déclaré
Jan Wörner, directeur général de l'ESA. "Le rôle principal de
Schiaparelli était de tester les technologies d'atterrissage
européennes. L'enregistrement des données lors de la descente en
faisait partie, et il est important que nous puissions apprendre ce
qui est arrivé, afin de nous préparer pour l'avenir",
ajoute-t-il.
"Le module de test Schiaparelli, nous fournit en retour des
données qui nous permettront de bien comprendre quelles étapes se
déroulent mal, et pourquoi l'atterrissage en douceur n'a pas eu lieu",
précise David Parker, directeur des vols habités et de l'exploration
robotique à l'ESA. "Du point de vue de l'ingénierie, ce test nous
a fourni des données extrêmement précieuses sur lesquelles nous
travaillons. Une commission d'enquête analysera plus profondément
ces données, mais nous ne pouvons spéculer en ce moment".
Quoi qu'il en soit, la tentative d'atterrissage de Schiaparelli
semble bien avoir été un échec, un échec sur la portée duquel il
faut toutefois relativiser car l'expérience visait avant tout à
apporter des renseignements sur la technologie elle-même,
prioritairement à la collecte de renseignements scientifiques in
situ. Il est cependant à craindre que l'analyse des données ainsi
que l'application des modifications qu'elles impliqueront sur
l'atterrisseur de la mission ExoMars 2020 n'en repousse sévèrement
l'échéance.
Jean Etienne
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