21 octobre 2016

 

Echec de Schiaparelli : la technologie sévèrement remise en cause

 
La première analyse des données transmises depuis l'atterrisseur via la sonde TGO et le satellite martien Mars Express de l'ESA se révèlent accablantes : après la séparation du parachute de descente, plus rien n'aurait fonctionné correctement. Ce qui remet sérieusement en cause la mission ExoMars 2020.

Comme nous le précisions hier, les signaux transmis par l'atterrisseur Schiaparelli étaient répercutés vers la Terre via la sonde TGO (Trace Gas Orbiter), occupée à ce moment à s'inscrire elle-même en orbite martienne, et Mars Express, servant également de relais. 600 Mo de données ont ainsi pu être enregistrées, et retransmises ce jeudi 20 octobre dans la matinée, dont le dépouillement a été aussitôt entrepris.

Ces informations révèlent que la première partie de la traversée de l'atmosphère martienne, d'une durée d'environ 6 minutes, s'est parfaitement déroulée. Cela implique le bon comportement du bouclier thermique, ainsi que le déploiement du parachute supersonique devant significativement réduire la vitesse de la sonde.

Cependant, l'éjection du bouclier thermique semble s'être produite plus tôt que prévu, de même que l'ouverture du parachute. Ensuite, tout ou partie (ce point reste à vérifier) des neuf rétrofusées situées sous l'engin se sont bien allumées, mais il semblerait que leur fonctionnement se soit interrompu après seulement 4 secondes au lieu des 30 secondes prévues, à une altitude qui reste à déterminer. Ce qui, évidemment, était nettement insuffisant pour réduire la vitesse de l'engin.

La suite, on la devine. Parcourant bien trop rapidement la distance qui lui restait à franchir jusqu'au sol, Schiaparelli se serait tout simplement écrasée, ce qui expliquerait aussi pourquoi le signal s'est interrompu plusieurs dizaines de secondes avant le moment prévu pour le contact.

"Après les événements d'hier, nous avons un orbiteur en parfait état et prêt à accomplir son programme scientifique autour de Mars et à servir de relais pour la mission ExoMars 2020", a déclaré Jan Wörner, directeur général de l'ESA. "Le rôle principal de Schiaparelli était de tester les technologies d'atterrissage européennes. L'enregistrement des données lors de la descente en faisait partie, et il est important que nous puissions apprendre ce qui est arrivé, afin de nous préparer pour l'avenir", ajoute-t-il.

"Le module de test Schiaparelli, nous fournit en retour des données qui nous permettront de bien comprendre quelles étapes se déroulent mal, et pourquoi l'atterrissage en douceur n'a pas eu lieu", précise David Parker, directeur des vols habités et de l'exploration robotique à l'ESA. "Du point de vue de l'ingénierie, ce test nous a fourni des données extrêmement précieuses sur lesquelles nous travaillons. Une commission d'enquête analysera plus profondément ces données, mais nous ne pouvons spéculer en ce moment".

Quoi qu'il en soit, la tentative d'atterrissage de Schiaparelli semble bien avoir été un échec, un échec sur la portée duquel il faut toutefois relativiser car l'expérience visait avant tout à apporter des renseignements sur la technologie elle-même, prioritairement à la collecte de renseignements scientifiques in situ. Il est cependant à craindre que l'analyse des données ainsi que l'application des modifications qu'elles impliqueront sur l'atterrisseur de la mission ExoMars 2020 n'en repousse sévèrement l'échéance.

Jean Etienne

 

 

 

 

 
 
 

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