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13 octobre 2016 |
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L'histoire de la
Lune serait inscrite dans les fossiles |
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Nul besoin d'instruments puissants et de
superordinateurs pour déterminer les variations de l'orbite de la
Lune autour de la Terre au cours du temps : il suffit de faire
parler les fossiles !
Dans le Sud de l'Océan Pacifique vivent les Nautiles. Trois variétés
se rencontrent, Nautilus pompilius (ou Nautile Flambé), présent dans
toute l'Océanie tropicale, certaines îles du Pacifique et au large
des côtes australiennes, Nautilus macromphalus (ou nautile
ombiliqué), endémique de Nouvelle-Calédonie, et Nautilus belauensis,
découvert et décrit en 1981, ne se rencontrant qu'au large des îles
Palaos en Micronésie, à l'Est des Philippines. Et encore, la
distinction entre ces espèces n'est-elle discernable qu'après un
examen minutieux… ou une analyse ADN.
Mais celles-ci sont les descendantes d'une vaste famille, comprenant
notamment les Ammonites, aujourd'hui disparues, mais dont les
fossiles abondent à la surface du globe. Tous ces mollusques
présentent une coquille spiralée, très connue des collectionneurs,
dont l'architecture est tout simplement étonnante, car elle
représente une spirale logarithmique parfaite.
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Nautilus
pompilius, l'espèce la plus répandue. |
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Ce coquillage est aussi un véritable sous-marin
miniature, n'ayant rien à envier à la technologie des hommes qui,
une fois de plus, n'ont rien inventé : il est cloisonné en
compartiments reliés entre eux (jusqu'à une trentaine), et chaque
nuit, son occupant y injecte une quantité précise d'azote, ce qui le
fait remonter en surface afin de se nourrir de plancton. Lorsqu'on
sait que le nautile vit à 400 mètres de profondeur, on mesure la
performance !
Chaque compartiment est aussi divisé en stries très fines,
correspondant à une croissance quotidienne; En effet, à chaque
remontée, le Nautile avance légèrement vers l'ouverture de sa
coquille, formant derrière lui une sécrétion de carbonate de calcium
dont la coquille est composée. Et au bout de 29 ou 30 jours, une
nouvelle cloison apparaît, créant une nouvelle enceinte.
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Le
"compartimentage" de la coquille de Nautilus pompilius (ainsi que
des deux autres espèces de nautiles) révèle une étonnante
structure, digne de nos sous-marins les plus perfectionnés ! |
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Observant ce dernier cycle, G. Kahn, de Princeton
University, et S. Pompea, de Colorado States University, en ont
proposé, déjà dans les années 90, une relation directe avec le mois
lunaire synodique, qui vaut actuellement 29,53 jours. (La révolution
synodique est le temps que met une planète, ou un satellite, à se
retrouver en conjonction avec le Soleil, ou à présenter la même
phase, s'il s'agit de la Lune).
Le Nautile obturerait donc une nouvelle chambre chaque mois lunaire,
tout comme nos arbres forment un nouveau cerne chaque année. Cette
hypothèse démontrerait aussi l'influence de la Lune sur certains
phénomènes biologiques, si besoin en était encore.
L'idée des deux chercheurs a ensuite été d'effectuer une remontée
dans le temps.
Après avoir considéré de nombreux Nautiles contemporains, Kahn et
Pompea ont alors étudié des Nautiles fossiles, d'autres espèces il
est vrai, mais présentant vraisemblablement le même cycle de vie.
Les spécimens en leur possession représentaient neuf périodes
géologiques, remontant jusqu'à 420 millions d'années.
A leur stupéfaction, ils constatèrent que le nombre de stries par
compartiment était inversement proportionnel à l'ancienneté des
fossiles. Sur les spécimens vieux de 30 millions d'années, on ne
dénombre que 25 stries; à 70 millions d'années, 22 stries; à 150
millions d'années 17. Ce nombre reste stable jusqu'à moins 300
millions d'années, soit le moment correspondant à la grande
expansion de toutes les espèces animales sur la terre ferme. Plus
loin, nouvelle diminution, pour aboutir à 9 stries il y a 420
millions d'années.
Il est remarquable que les différentes et nombreuses espèces de
Nautiles, ayant vécu à cette époque, sur toute la planète,
présentent toutes ce même nombre précis de stries, ce qui démontre
clairement une influence extérieure. Il y a 420 millions d'années
donc, la Lune tournait vraisemblablement autour de la Terre en 9
jours (révolution synodique). De la 3ème Loi de Kepler, on déduit
que la distance Terre-Lune était alors seulement de 150.000
kilomètres. Avant cela, comme il n'y a plus de Nautiles, il faudra
probablement étudier les Ammonites.
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Cette ammonite
fossite montre une évidente ressemblance avec ses descendants, les
Nautiles. |
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Mais où se trouvait la Lune entre ces 420
millions d'années et les 4,4 milliards d'années que l'on attribue à
ses roches ? Encore beaucoup plus près de la Terre, selon un couple
très serré ? Cela apporterait une solution au problème de
l'effacement de toute trace géologique au-delà de 800 millions
d'années : rien n'aurait subsisté, la proximité de la Lune
remodelant alors sans cesse l'écorce terrestre par effet de marée,
ce dernier ayant également pour conséquence de ralentir la période
de rotation sur elle-même de la Terre.
En tout état de cause, cette théorie semble en faveur de l'hypothèse
selon laquelle la Lune se serait arrachée à la Terre, peut-être à la
suite d'une collision, voici environ 4 milliards d'années, pour s'en
éloigner lentement et présenter l'aspect que nous lui connaissons
actuellement.
Jean Etienne
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Coupe d'une
ammonite fossile. |
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