12 septembre 2016

 

11 septembre 2001 : la dynamique de l'effondrement des Twin Towers

 
Bien que l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center de New York le 11 septembre 2001 ait été provoqué en tout premier lieu par l’écrasement des deux Boeing pilotés par des terroristes, celui-ci n’aurait pu se produire sans l’action d’une force omniprésente dans la nature : la constante gravitationnelle.

Cette force, qui assure la cohésion et l’organisation de tous les éléments constitutifs de l’Univers, en passant par la course des planètes autour de notre Soleil, a joué un rôle catalyseur de premier plan dans cette catastrophe. On le sait après les premières analyses : l’énergie dégagée lors des impacts des deux avions avec la structure des tours n’était pas suffisante pour provoquer leur effondrement. Par contre, la chute de la partie supérieure, écrasant successivement les niveaux inférieurs tout en prenant rapidement de la vitesse et accumulant de plus en plus d’énergie est venue à bout de la construction.

Quelques scientifiques ont aussi émis l’avis que les tours se seraient de toutes façons effondrées après la collision avec les avions, même en l’absence de feu.

Analyse de l’effondrement

Dans la plupart des rapports d’expertise, les ingénieurs et les architectes consultés estiment que les étages supérieurs de chacune des deux constructions ont cédé au moment où leurs structures en acier ont commencé à fondre sous l’effet des incendies.
 
"C’est la force de la gravitation qui a finalement vaincu la résistance de la structure", déclarait Jon Magnusson, ingénieur et directeur du Skilling Ward Magnusson Barkshire (aujourd'hui Magnusson Klemencic Associates), une firme de Seattle (Etat de Washington), spécialisée dans l’architecture des tours et constructions en hauteur. "Lorsque les derniers niveaux ont commencé à s’effondrer, ils ont brutalement pesé sur les niveaux directement inférieurs, ajoutant la force de l’impact à leur propre poids. Il s’en est suivi une véritable réaction en chaîne, dans laquelle non seulement le poids, mais aussi la vitesse augmentait rapidement. Aucune structure ne pouvait résister à cela, aussi robuste soit-elle. Mais c’est le feu", ajoute-t-il, "qui a permis à la gravité de finalement l’emporter contre la résistance intrinsèque des deux tours".

Frank Moscatelli, professeur de physique au Swarthmore College de Pennsylvanie, a calculé la quantité d’énergie dégagée lors de l’impact avec les deux avions de ligne, en tenant compte de leur masse (leurs réservoirs étaient remplis de carburant), de leur vitesse et de la masse des constructions. "Les avions ont détruit instantanément 20 étages de chaque tour", déclarait Moscatelli. "La force de gravitation a fait le reste. Dès que les étages supérieurs ont commencé à tomber, ils ont rapidement gagné en vitesse. Chaque niveau emporté dans la chute augmente le poids de l’ensemble entraîné en chute libre, et la vitesse augmente rapidement et énormément", ajoute-t-il.

"Mathématiquement", annonce Moscatelli, "la vitesse de chute est proportionnelle à la hauteur de la construction et augmente en fonction de la constante de l’accélération de la gravitation, ou constante gravitationnelle" (9,81 m/seconde, NDLR). Suivant les calculs du physicien, la quantité d’énergie dégagée lors des effondrements se situait entre 1/20ème et 1/50ème de la bombe d’Hiroshima.

L'effondrement des tours a engendré une secousse sismique

Lors de leur effondrement, les deux tours ont provoqué un tremblement de terre de magnitude 2,1 et 2,3 sur l’échelle de Richter, ainsi que l’ont mesuré les sismographes installés à Palissades, à 31 km au nord de Manhattan.

Dans le cas d’une secousse sismique naturelle, cette valeur reste faible et ne peut être ressentie par un être humain. L’épicentre est généralement situé à plusieurs dizaines de kilomètres sous la surface et l’énergie dégagée amortie et dissipée par la distance. Mais lors de l’effondrement des tours, l’énergie était concentrée dans une très petite région, et il est remarquable qu’elle ait rayonné sous la forme d’une onde de choc tout autour du lieu sinistré.

Cette violente secousse a largement contribué non seulement à la destruction des Twin Towers, mais aussi à la fragilisation des immeubles voisins et au soulèvement d’un abondant nuage de débris et de poussières. Plus étonnant, l’impact des deux avions a également provoqué une secousse sismique enregistrée à Palissades sous une magnitude de 0,7 et 0,9.
 
 

 
Impacts des deux avions de ligne à 12h46 et 13h03 TU.
 

 
 
 
Effondrement des deux tours à 13h59 et 14h58 TU.
 
L’ingénieur Magnusson estime que si le feu n’avait pas affaibli les structures des tours entraînant leur effondrement, la première tempête venue en serait venue à bout. "Les Twin Towers ont été conçues pour faire face aux ouragans les plus violents", déclare-t-il, "mais ce sont les éléments de structure extérieurs qui sont chargés de diriger les vents violents, et la perte d’aérodynamisme provoquée par les ouvertures béantes aux endroits des collisions auraient constitué un sérieux problème".

D’autres experts estiment, eux, que les oscillations des tours au moment des impacts pouvaient aussi conduire à leur destruction. Ainsi, Arthur Memer-Lam, directeur adjoint du département de géologie et géophysique de l’université de Columbia, signale que si les plus hautes constructions sont conçues pour pouvoir osciller sous l’effet de contraintes extérieures, celles subies par les Twin Towers pouvaient avoir dépassé certaines limites de tolérance. Selon lui, plusieurs témoins ont rapporté avoir observé des déformations dans les surfaces portantes situées en-dessous des incendies qui sembleraient indiquer que le point de non-retour était atteint. "Dans un tel scénario, les poutres de la structure se comportent comme des barreaux de plastique : pliez-les légèrement, ils se redressent ensuite sous l’effet ressort. Pliez-les plus fort, ils conservent leur forme. Appuyez encore et ils cassent", ajoute-t-il.
 
 

 
Effondrement de la tour sud.
 
Mais cette hypothèse est encore contestée par d’autres scientifiques, qui pensent que dans ce cas, les constructions n’auraient pas résisté plus de quelques minutes. Or, la tour sud s’est effondrée 56 minutes après l’impact, la tour nord résistant, elle, 1 heure et 40 minutes.

Concevoir le futur

Peut-on concevoir des constructions à l’épreuve de tels actes de terrorisme ?

Chacune des tours était supportée par un ensemble de colonnes en acier, 61 par face. Ces piliers supportaient leur propre poids, ainsi que la moitié du poids des sols. Un faisceau de colonnes d’acier formant noyau central supportait le reste, ainsi que tous les ascenseurs (104 par tour) et les systèmes mécaniques. Le degré d'affaiblissement du pilier central n'est pas connu avec certitude. Mais dans tous les cas, une question se pose : peut-on concevoir des constructions semblables à l’épreuve de telles agressions ?

Ali, un professeur d’architecture de l’université d’Illinois, estime que des améliorations sont possibles en utilisant davantage de matériaux moins combustibles. Structuralement, le béton est moins vulnérable au feu que le verre et l’acier, précise-t-il, et les ingénieurs doivent aussi s’orienter vers des structures externes plus épaisses.

Lorsque les Twin Towers ont été construites, dans les années 70, le béton était trop lourd pour constituer l’élément porteur d’une structure de 110 étages, et c’est pour cette raison que l’ossature principale était en acier. Mais depuis, des types de béton à la fois plus léger et plus résistant ont été mis au point, et le béton armé, renforcé d’acier et précontraint, est devenu le matériau de choix dans ce genre de construction.

Reconstruire les tours aurait été envisageable. Cependant, les modifications aux plans initiaux se seraient heurtées à un coût prohibitif. Pour rendre un bâtiment résistant aux actes de terrorisme, il faudrait, déclare Ali, le concevoir comme une centrale nucléaire, mais le prix en rendrait le projet irréalisable, ajoute-t-il.

Jean Etienne

 

 

 
In memoriam...
 

 

 
 
 

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