10 octobre 2016

 

La vie sur une planète sans soleil, c'est possible !

 
Alors que l'origine de la vie telle que nous la connaissons sur Terre est étroitement liée à l'énergie reçue du Soleil sous la forme de rayonnements divers, un groupe d'astrophysiciens estiment que le même processus vital aurait pu se déclencher à la surface de planètes isolées, les rayons cosmiques jouant le rôle de soleil.

La base de la chaîne alimentaire terrestre, de laquelle dépendent toutes les formes de vie, sont tributaires de la photosynthèse. Ce mécanisme extraordinairement complexe a été mis au point par l'évolution afin d'utiliser l'énergie des photons d'origine solaire pour une utilisation biologique. Et même si les animaux (qui ont un milliard d'années d'évolution de retard sur les plantes) ne réalisent pas cette photosynthèse, ils en dépendent cependant, directement ou indirectement, par leur alimentation.

Pourtant, il existe dans les régions souterraines des bactéries totalement isolées de la photosphère (désignant la partie du globe recevant le rayonnement solaire), qui pourtant évoluent et se reproduisent. Ce qui ouvre la possibilité pour la vie de mettre à profit des mécanismes alternatifs pour la récolte d'énergie.

Les planémos

Or, les astronomes découvrent régulièrement des planémos, ou objets libres de masse planétaire (en anglais free-floating planetary-mass objects), c'est-à-dire des planètes évoluant librement dans l'espace sans être en orbite autour d'une étoile, donc ne pouvant bénéficier de leur radiation. Et ces objets ne sont pas rares, puisque certains astrophysiciens estiment qu'il pourrait exister deux fois plus de planémos dans notre galaxie que d'étoiles.
 
L'hypothèse d'une forme de vie extraterrestre dans de telles conditions vient de l'observation d'une simple bactérie, la Desulforudis audaxviator, présente jusqu'à près de 3000 mètres de profondeur. Ce minuscule organisme s'avère en effet capable de survivre en se nourrissant de certains produits dérivés de la désintégration d'éléments radioactifs, qu'il utilise afin de dissocier les molécules d'eau dont les composants se recombinent par la suite avec d'autres molécules en lui procurant la nourriture nécessaire. Aussi, l'astrophysicien Dimitra Atri a-t-il émis l'hypothèse selon laquelle la radiation cosmique pourrait, dans certaines conditions, procurer l'énergie nécessaire pour désintégrer les molécules d'eau ainsi que d'autres substances en les transformant en "blocs nutritifs". Une hypothèse considérée comme "très plausible" par l'astrobiologiste Chris McKay de la Nasa.

Suivant le scientifique, bien que le rayonnement cosmique endommage gravement les molécules d'ADN, il est parfaitement plausible que des microorganismes extraterrestres puissent se développer et survivre dans de telles conditions, pour peu qu'ils s'abritent dans les profondeurs d'un corps céleste, sans être exposés directement à la radiation.

Cependant de telles créatures auront toujours besoin d'eau, de substrats nutritifs et éventuellement d'une source de chaleur. Aussi M. McKay estime-t-il que ces microorganismes extrêmement résistants auraient un métabolisme très lent les empêchant d'évoluer vers des formes de vie plus complexes, ce qui n'exclurait toutefois pas la possibilité de former des "bourgeons de vie" susceptibles d'ensemencer d'autres corps célestes à l'issue d'une quelconque catastrophe planétaire.

Jean Etienne

Source principale :

On the possibility of galactic cosmic ray-induced radiolysis-powered life in subsurface environments in the Universe (The Royal Society - 5 octobre 2016. DOI : 10.1098/rsif.2016.0459).

 

 
 
Présente jusqu'à près de 3000 mètres de profondeur (ici dans une mine d'or), Desulforudis audaxviator prospère en utilisant le rayonnement produit par l'uranium comme source d'énergie.
 

 

 
 
 

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