22 décembre 2016

 

Découverte d’une étoile géante de composition chimique inhabituelle

 
Jusqu'ici, les astrophysiciens pensaient que toutes les étoiles composant un amas globulaire avaient la même composition chimique, car elles s'étaient formées ensemble, durant un temps très court. Ils se trompaient.

Une équipe de scientifiques de l’Institut UTINAM (Observatoire des sciences de l’univers THETA de Franche-Comté Bourgogne, CNRS, Université de Franche-Comté), participant au programme APOGEE, dans le but d'étudier l'évolution de notre Voie Lactée, ont scruté quelque 150.000 étoiles dans l'infrarouge au moyen du télescope de 2,5 mètres de l’Observatoire Apache Point au Nouveau Mexique au sein de la collaboration internationale SDSS4, Sloan Digital Sky Survey - IV. Le relevé a permis d'obtenir des mesures d'abondances concernant 15 éléments chimiques différents avec une précision inégalée.

En outre, les spectres obtenus indiquent la température effective, la gravité, la métallicité et la vitesse radiale de chaque étoile. Tous renseignements qui permettent de déduire le stade évolutif, ainsi que la distance et l'âge de chaque astre stellaire.

Les astronomes ont été tout particulièrement intrigués par 2M16011638-1201525 : "Quand nous observons le spectre de cette étoile, on voit des raies très fortes correspondant aux éléments chimiques comme le carbone, l’aluminium, le magnésium et l’azote. De telles abondances n’ont été observées que dans des étoiles nées dans des amas extrêmement denses, les amas globulaires et à une époque très ancienne, dans le halo de la galaxie", annonce José Fernández Trincado, de l’Institut UTINAM.

Et cette composition chimique est très particulière, car elle correspond à celle des étoiles composant un amas globulaire de formation précoce, une sorte de "fossile" qui se différentie de l'environnement de 2M16011638-1201525.

Les chercheurs considèrent que cet astre aurait pu s'échapper d'un tel amas, ou qu'elle serait un vestige d'un ancien amas aujourd'hui disloqué. Une hypothèse corroborée par des abondances inhomogènes observées depuis quelques années, en particulier une anti-corrélation Mg/Al. Il se pourrait aussi que les amas, ou certains d'entre eux, aient eu plusieurs épisodes de formation d'étoiles, la deuxième génération étant "polluée" par la première.

Ces étoiles témoin d'une formation précoce d’amas globulaires permettent de mieux comprendre une étape importante de l’histoire de notre galaxie : "2M16011638-1201525 est comme un laboratoire pour découvrir des raies spectrales d’éléments lourds", explique Sten Hasselquist, étudiant à l’Université du Nouveau Mexique aux Etats-Unis, qui a découvert des traces de néodyme dans cette étoile, à l’aide d’un spectrographe installé à l’Observatoire Européen Austral. Le néodyme est un élément lourd, de la famille des lanthanides, formé par capture de neutrons dans le cœur de l’étoile.

Une découverte qui permettra aux astronomes de mieux comprendre le processus de formation des étoiles, et qui pourrait aussi fournir des informations précieuses sur la physique atomique.

Jean Etienne

Sources principales :

Identification of Neodymium in the APOGEE H-band spectra (The Astrophysical Journal, 8 décembre 2016).

Discovery of a Metal-Poor Field Giant with a Globular Cluster Second-Generation Abundance Pattern (The Astrophysical Journal, Volume 833, numéro 2, 13 décembre 2016).

 

 

 
Au centre apparaît l’étoile anormale au milieu du champ stellaire observé par le télescope spatial WISE (Wide-Field Infrared Survey Explorer) de la Nasa. En bas, le spectre d'absorption observé dans les raies du magnésium (Mg) et de l’aluminium (Al). Crédit : Nasa/JPL-Caltech/ et SDSS.
 

 

 
 
 

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