15 novembre 2016

 

Démenti de la découverte en 2015 d'un fossile de serpent à pattes

 
Pendant un an, les paléobiologistes ont pensé détenir le chaînon manquant entre les lézards et les serpents. Une découverte qui s'avère aujourd'hui erronée.

En juillet 2015, la revue Science annonçait la découverte d'un fossile de serpent présentant la particularité d'être mini de quatre pattes. Trouvé dans la collection d'un musée de Solnhofen, en Bavière (Allemagne), ce spécimen était censé éclairer l'histoire de la lignée des serpents et de leurs ancêtres.

Les restes de cette créature, aussitôt baptisée Tetrapodophis amplectus (ce qui signifie serpent à quatre pattes en latin), avaient été dégagés d'une strate de calcaire vieille de 108 millions d'années. Le corps de l'animal de 20 centimètres de long montrait 152 vertèbres, et la queue 112 vertèbres. Les empreintes fossilisées montraient une peau couverte d'écailles, mais surtout la présence de quatre pattes.
 

Gros plan sur les pattes postérieures du spécimen fossilisé.

Selon les théories actuellement admises, les serpents auraient évolué à partir de reptiles à quatre pattes capables de creuser ou de nager, mais qui ont progressivement perdu leurs membres devenus inutiles. Une autre hypothèse voudrait que la disparition des pattes résulterait de l'adoption d'un nouveau mode de locomotion, voire d'une meilleure adaptation à une vie souterraine.

Un examen approfondi du fossile effectué par tomographie à l'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) à Grenoble par une équipe de chercheurs canadiens conduite par Michael Caldwell, de l'Université de l'Alberta à Edmonton, apporte un démenti à l'hypothèse du "chaînon manquant", en révélant qu'il ne s'agit que d'un ancien reptile aquatique.

En effet, les détails du crâne de l'animal montrent que la structure des os est typique des lézards. Ainsi, les mâchoires ne s'ouvrent pas aussi largement que celles de la plupart des serpents, et l'ensemble des caractéristiques correspond à un représentant des mosasaures, soit un reptile aquatique. Suite à ces constatations, la revue Science vient de publier un démenti de sa première publication.

Un unique spécimen

Cependant, le fossile, qui porte toujours le nom provisoire de Tetrapodophis amplectus, reste l'unique spécimen d'une espèce inconnue, renforçant l'intérêt des chercheurs d'en établir une classification précise et de l'étudier plus en détails. Un intérêt qui a bien failli ne pouvoir être satisfait, car deux os très importants de l'holotype ayant été endommagés lors de l'examen à l'ESRF de Grenoble, le propriétaire (privé) du spécimen en avait exigé la restitution. Mais après avoir enquêté sur l'ampleur des dégâts, celui-ci est revenu sur sa décision et de confier à nouveau le fossile au musée de Solnhofen.

Jean Etienne

Sources principales :

A four-legged snake from the Early Cretaceous of Gondwana (article original paru dans Science le 24 juillet 2015 - DOI: 10.1126/science.aaa9208).

Update: Controversial ‘four-legged snake’ may be ancient lizard instead (démenti paru dans Science le 11 novembre 2016 - DOI: 10.1126/science.aal0327).

 

 

 
Les deux parties de la dalle de calcaire renfermant le fossile, après séparation. L'état exceptionnel de la tête sur les deux faces en a permis une représentation en 3D à partir de l'examen tomographique.
Cliquer sur l'image pour agrandir.
 

 

 
 
 

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