Alors que tous les regards sont braqués vers
le projet Solar Impulse ou les progrès du très expérimental E-fan
d'Airbus, la Chine franchit le pas suivant et lance la production en
série du premier avion à propulsion électrique.
Il ne fait plus aucun doute que l'avenir s'inscrira dans la
réduction, voire dans l'abandon de l'utilisation des énergies
fossiles. Et dans cette optique, le secteur de l'aviation électrique
est en plaine croissance, d'aucuns n'hésitant pas à parler de
"seconde grande ère de l'aviation".
L'idée n'est pas récente, puisque depuis 1973, de nombreux essais
ont déjà été effectués dans ce secteur qui s'inscrit comme un des
axes majeurs de la politique Recherche & Développement des acteurs
internationaux. Cependant, l'utilisation, et surtout le stockage de
cette énergie se heurtent toujours à certains obstacles, réels ou
non (les intérêts pétroliers sont énormes, pour ne pas dire…
astronomiques), avec pour effet de reculer sans cesse la
concrétisation des projets. Ainsi, la production de l'E-fan 2.0
d'Airbus ne devrait pas intervenir avant 2018 au mieux, tandis que
de nombreux autres projets (E-genius, Sun flyer, Sun seeker,
Colomban MC…) semblent figés à l'état de prototypes.
Un équilibre… déséquilibré
Mais ce bel équilibre entre l'aviation conventionnelle et la
motorisation électrique, maintenu jusqu'à présent à l'avantage des
premiers, vient d'être subitement déstabilisé par la Chine, fort peu
concernée par ces intérêts "occidentaux". Et d'annoncer la
commercialisation imminente de son RX1E, fruit d'une collaboration
entre la Shenyang Aerospace University et la Liaoning General
Aviation Academy.
Cet appareil, doté de batteries rechargeables au lithium comme nos
téléphones portables, bénéficiera dans un premier temps d'une
autonomie d'une heure de temps de vol pour un temps de recharge de
deux heures, ce qui suffira amplement à la plupart des pilotes
amateurs, surtout si l'on considère l'économie réalisée par rapport
à l'achat de kérosène pour une durée équivalente. Son moteur
électrique de 30 kW peut l'entraîner à une altitude de 3000 mètres à
une vitesse de 160 km/heure, performance n'ayant rien à envier aux
appareils de tourisme actuels.
Avec sa structure essentiellement composée de fibre de carbone et
ses 14,5 mètres d'envergure, ce qui lui autorise 230 kg de charge
utile pour un poids maximum au décollage de plus de 500 kg, le RX1E
avait déjà attiré l'attention en juin 2015 lors de la convention
internationale Shenyang Faku Flight Zhuhai (province de Guangdong,
Chine), mais sans trop y croire, tant le concept était innovant.
Mais depuis, l'appareil a passé avec succès les derniers tests
techniques et, le plus important, reçu le certificat de navigabilité
de la part du département d’aviation civile de l’administration
chinoise.
Quatre appareils sont actuellement utilisés à des fins
d'entraînement et d'essai, et la production en série vient tout
juste de débuter. Le carnet de commande comporte actuellement 28
avions pour un prix unitaire de 140.000 euros, dont les 20 premiers
seront livrés aux clients avant la fin de cette année. D'ici 3 ans,
la production passera à 100 unités annuelles au minimum.
Il ne fait aucun doute que dès à présent, la Chine s'inscrit parmi
les acteurs majeurs de l'Histoire de l'Aviation, inaugurant une page
qui, par les atouts techniques représentés par un faible coût
d'utilisation, un faible impact environnemental et une souplesse
inhérente à une motorisation exempte de vibrations, ouvre la voie
vers une utilisation raisonnée de l'énergie.
Jean Etienne
Sources principales :
First electric airplane ready for mass production (European
Conference on Neutron Scattering).
We regularly introduce new electric aircrafts, this is the first
series coming from China (Technology Vehicles).
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