15 mars 2016

 

ExoMars, c'est parti !

 
La phase active de l'ambitieux programme européen d'exploration de la Planète Rouge, qui comporte pas moins un orbiteur et deux atterrisseurs, a pris le départ ce matin avec le lancement d'ExoMars 2016 par d'une fusée Proton depuis la base de Baïkonour.

D'abord placée sur une orbite de transfert, la sonde, qui comprend l'orbiteur TGO (Trace Gaz Orbiter) et l'atterrisseur Schiaparelli, doit être propulsé au terme de quatre réallumages de l'étage supérieur Breeze-M du lanceur en direction de Mars, qui sera atteinte le 19 octobre après un voyage de 496 millions de kilomètres.
 
Mise à jour à 22h40 : les réallumages programmés de l'étage Breeze-M se sont correctement accomplis et la sonde, après avoir définitivement quitté l'orbite terrestre, se trouve à présent sur sa trajectoire de rencontre avec la planète Mars.

 

 

 
Lancement d'ExoMars par une fusée Proton depuis Baïkonour, ce lundi 14 mars 2016 à 09h30 TU.
 
Un programme, deux missions

Le programme ExoMars comporte deux missions distinctes à destination de la Planète Rouge développées par l'Agence spatiale européenne (ESA) avec une participation importante de l'agence spatiale russe Roscosmos. Outre l'orbiteur, ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) et l'atterrisseur Schiaparelli qui viennent d'être lancés, mais aussi un véhicule d'exploration dont le départ est programmé pour mai 2018.

L'objectif, un des plus complexes jamais conduits sur et autour de Mars, comprend l'étude de l'atmosphère martienne avec une précision inégalée, et surtout la détermination de l'origine du méthane détecté à l'état de traces, ainsi que la recherche d'indices d'une vie passée ou présente sur la planète. Sur le plan technique, le programme doit permettre à l'agence spatiale européenne de développer pour la première fois un atterrisseur et un rover martien et d'expérimenter les techniques d'aérofreinage et d'atterrissage.

ExoMars 2016

La partie principale de la mission 2016 est TGO, pour Trace Gas Orbiter, un orbiteur placé sous la responsabilité de l'ESA qui remplit une mission scientifique, mais joue aussi un rôle essentiel pour les autres composantes de la mission en assurant le relais pour les télécommunications entre les atterrisseurs et la Terre. L'utilisation d'un tel relais permet de considérablement simplifier, mais surtout d'alléger les équipements de radiocommunications à déposer sur le sol martien, d'où une substantielle économie de poids et de carburant, avec tout le bénéfice que cela apporte sur l'équipement scientifique pouvant être embarqué.
 
 

 
L'orbiteur TGO et la capsule de rentrée contenant l'atterrissaue Schiaparelli. Crédit : ESA.
 
La mission scientifique de TGO consiste à identifier l'origine du méthane et d'autres gaz rares présents dans l'atmosphère martienne. Les précédentes missions avaient en effet mis en évidence la présence de méthane dans l'atmosphère, avec des concentrations variant dans le temps et selon le lieu. Or le méthane est un gaz dont la durée de vie est brève à l'échelle géologique, et sa présence nécessite une source active qui pourrait être biologique. Le satellite martien dispose d'une antenne parabolique grand gain de 2,2 mètres de diamètre orientable avec deux degrés de liberté pour retransmettre en bande X les données scientifiques vers la Terre.

L'émetteur radio comporte un tube à ondes progressives d'une puissance de 65 watts, tandis que les échanges avec les engins au sol se feront en bande UHF via une antenne axiale.

TGO comprend les instruments suivants :

NOMAD (Nadir and Occultation for MArs Discovery), un ensemble de spectromètres couvrant une large gamme de longueurs d'ondes (allant de l'infrarouge à l'ultraviolet), afin d'identifier les composants de l'atmosphère martienne. Cet instrument a été conçu et fabriqué par l'Institut royal d'aéronomie spatiale de Belgique (IASB).

ACS (Atmospheric Chemistry Suite). Cet ensemble de trois instruments infrarouge aidera les scientifiques à investiguer la chimie et la structure de l'atmosphère martienne. Il complètera ls observations réalisées au moyen de NOMAD en étendant sa couverture aux longueurs d'ondes infrarouges, et en prenant des images du Soleil pour une meilleure analyse des données d'occultation solaire. Il s'agit d'une production du Space Research Institute (IKI), en Russie.

CaSSIS (Colour and Stereo Surface Imaging System). Cette caméra à haute résolution (5 mètres par pixel) est capable d'obtenir des images couleur et stéréo sur une grande largeur. CaSSIS fournira le contexte géologique et dynamique des sources et puits de gaz trace détectées par NOMAD et ACS. L'instrument a été réalisé par l'Université de Bern, Suisse, avec une coopération italienne.

FREND (Fine Resolution Epithermal Neutron Detector). Ce détecteur à neutrons sera utilisé pour cartographier la présence d'hydrogène à la surface de Mars, ciblant les dépôts de glace d'eau proches de la surface. Il est également réalisé par le Space Research Institute (IKI), en Russie.
 
 

 
Exomars 2016 en cours d'achèvement dans les locaux de ThalesAlenia Space. En avant plan, Schiaparelli. En arrière plan, TGO, dont on aperçoit la grande antenne parabolique. Crédit : ESA.
 
L'atterrisseur

Schiaparelli, ou ExoMars EDM (pour ExoMars Entry, Descent and Landing Demonstrator Module), est un atterrisseur expérimental de 600 kg qui doit permettre de valider les techniques de rentrée atmosphérique et d'atterrissage qui seront mises en œuvre par de futures missions martiennes européennes. Il comporte un véhicule de rentrée chargé de protéger l'engin spatial de la chaleur générée par la rentrée atmosphérique, d'un parachute supersonique qui se déploiera alors que la vitesse de chute vers la surface sera encore de Mach 2,1 et de moteurs-fusées à ergols liquides (hydrazine) chargées de déposer en douceur l'atterrisseur, le freinage par parachute n'étant pas suffisant compte tenu de la faible densité de l'atmosphère martienne.

La charge utile, principalement technologique, est constituée de trois capteurs COMARS, un radiomètre large bande et un boîtier électronique pour le traitement analogique du signal. Les capteurs COMARS mesurent simultanément la pression, le débit du flux de chaleur convective et la température. Cette instrumentation a été réalisée en coopération avec le CNES, qui est aussi responsable du radiomètre à bande étroite ICOTOM qui mesurera le flux de radiation infrarouge retombant sur le bouclier thermique arrière de la capsule au cours de sa traversée de l'atmosphère.

Une caméra embarquée se cdéclenchera dès l'éjection du bouclier thermique, et prendra des images de la descente et de l'atterrissage, tandis qu'un appareil enregistreur de vitesse et un altimètre utilisant un radar Doppler détermineront la vitesse et l'altitude de l'engin afin de moduler la poussée des rétrofusées jusqu'à ce que Schiaparelli soit à une altitude de 2 mètres.

Les données ainsi collectées permettront aux ingénieurs de dimensionner correctement le bouclier thermique pour les futurs vaisseaux atterrissant sur Mars.

Atterrisseur de construction légère destiné avant tout à collecter les données nécessaires aux techniciens pour dimensionner correctement le bouclier thermique des futurs vaisseaux européens atterrissant sur Mars, Schiaparelli n'est équipé que de batteries non rechargeables ne permettant qu'une durée de vie au sol de huit sols (journées martiennes). Mais il disposera néanmoins de quelques instruments scientifiques permettant de mener des expériences aidant à caractériser la surface de Mars (vents, humidité, pression, transparence de l’atmosphère, champ électrique induit par les poussières martiennes, etc.).
 

 

 
Atterrissage de Schiaparelli à la surface de Mars. Crédit : ESA.
 
Exomars 2018

Enfin, mai 2018 verra le lancement d'un véhicule d'exploration de 310 kg développé par l'ESA qui comprendra, entre autres, une foreuse capable de ramener une carotte prélevée jusqu'à 2 mètres de profondeur ainsi qu'un laboratoire nommé Pasteur, capable d'analyser l'échantillon et d'identifier des marqueurs biochimiques. Le rover embarque également des instruments pour identifier la présence d'eau ou de matériaux hydratés, des caméras et des spectromètres. La mission est prévue pour une durée minimum de 180 sols (jours martiens).

Jean Etienne

Sources : ESA, Roskosmos.

 

 

 
Le véhicule d'exploration d'ExoMars 2018. Crédit : ESA.
 

 

 
 
 

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