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Jennifer
O'Loughlin |
Le binge drinking, ou "beuverie express"
en français, consiste à boire au moins cinq consommations en moins
de deux heures. Cette pratique est très répandue, et concerne quatre
jeunes sur dix dans la tranche d'âge des 18/24 ans, particulièrement
friands de soirées trop arrosées.
Pour la première fois, cette étude démontre que la pratique des
"beuveries express" exerce un effet direct sur la tension
artérielle, précisément à un âge où se détermine la santé à long
terme du futur adulte. "Nous avons découvert que les jeunes de 20
à 24 ans qui s'adonnent au binge drinking ont une pression
artérielle de 2 à 4 millimètres de mercure plus élevée que ceux qui
ne consomment pas autant d'alcool", affirme Jennifer O'Loughlin,
chercheuse au CRCHUM et professeure à l'École de santé publique de
l'Université de Montréal.
À partir des données de l'étude NICO, menée auprès d'une cohorte de
1294 jeunes suivis depuis 1999, les chercheurs ont interrogé 756
jeunes âgés de 20 ans issus de milieux sociaux variés à Montréal, au
Canada, sur leurs habitudes de consommation d'alcool.
L'interrogatoire a été répété à l'âge de 24 ans et leur pression
systolique a été enregistrée. Il s'agit de la pression artérielle
mesurée lors de la contraction du cœur, la plus élevée mesurée lors
de la prise de la tension. Chez un être en bonne santé, elle doit
rester inférieure à 140 millimètres de mercure. L'hypertension est
diagnostiquée dès que cette valeur est dépassée.
"Nos résultats indiquent que plus d'un jeune sur quatre qui
s'adonne aux beuveries express répond aux critères de
préhypertension, c'est-à-dire une pression systolique située entre
120 et 139 millimètres de mercure. C'est inquiétant, parce que cette
condition peut évoluer vers l'hypertension, qui peut à son tour
causer des maladies cardiovasculaires et la mort prématurée",
soutient Jennifer O'Loughlin dans cette étude publiée dans
Journal of Adolescent Health.
Les professionnels de la santé devraient adopter une approche
préventive, recommande la chercheuse : "Une mauvaise
alimentation, la consommation de sel et l'obésité sont des
prédicteurs de pression élevée. Maintenant qu'on sait qu'il y a un
lien entre une hausse de la pression et le risque de développer des
maladies chroniques, les cliniciens devraient interroger les jeunes
sur leur consommation d'alcool. Une hausse légère et continue de la
pression systolique, c'est une sonnette d'alarme".
Cette recherche a aussi révélé que 85 % des jeunes qui boivent de
façon abusive à 20 ans maintiennent ce comportement à l'âge de 24
ans. Or contrairement à la génétique, les mauvaises habitudes
peuvent être modifiées. Les chercheurs vont maintenant vérifier si
cette tendance à l'hypertension se maintient au tournant de la
trentaine, et quel en sera l'impact sur la santé de ces beuveries de
jeunesse.
Jean Etienne
Source principale :
Relationships between current and past binge drinking and systolic
blood pressure in young adults (Journal of Adolescent
Health, 19 février 2016. DOI: 10.1016/j.jadohealth.2015.10.251).
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