9 mars 2016

 

Le risque inconsidéré des "beuveries express" chez les jeunes

 
C'est bien connu, prendre un petit verre, c'est agréable. Mais boire à l'excès, c'est dangereux pour la santé. Les jeunes dans la vingtaine qui s'abîment dans l'alcool régulièrement prennent un risque inconsidéré pouvant rapidement les mener à l'hypertension, avec risques cardiovasculaires à la clé et même un décès prématuré.

Telle est la conclusion décrite par des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), conduite par la professeure Jennifer O'Loughlin, auteure principale.
 

Jennifer O'Loughlin

Le binge drinking, ou "beuverie express" en français, consiste à boire au moins cinq consommations en moins de deux heures. Cette pratique est très répandue, et concerne quatre jeunes sur dix dans la tranche d'âge des 18/24 ans, particulièrement friands de soirées trop arrosées.

Pour la première fois, cette étude démontre que la pratique des "beuveries express" exerce un effet direct sur la tension artérielle, précisément à un âge où se détermine la santé à long terme du futur adulte. "Nous avons découvert que les jeunes de 20 à 24 ans qui s'adonnent au binge drinking ont une pression artérielle de 2 à 4 millimètres de mercure plus élevée que ceux qui ne consomment pas autant d'alcool", affirme Jennifer O'Loughlin, chercheuse au CRCHUM et professeure à l'École de santé publique de l'Université de Montréal.

À partir des données de l'étude NICO, menée auprès d'une cohorte de 1294 jeunes suivis depuis 1999, les chercheurs ont interrogé 756 jeunes âgés de 20 ans issus de milieux sociaux variés à Montréal, au Canada, sur leurs habitudes de consommation d'alcool. L'interrogatoire a été répété à l'âge de 24 ans et leur pression systolique a été enregistrée. Il s'agit de la pression artérielle mesurée lors de la contraction du cœur, la plus élevée mesurée lors de la prise de la tension. Chez un être en bonne santé, elle doit rester inférieure à 140 millimètres de mercure. L'hypertension est diagnostiquée dès que cette valeur est dépassée.

"Nos résultats indiquent que plus d'un jeune sur quatre qui s'adonne aux beuveries express répond aux critères de préhypertension, c'est-à-dire une pression systolique située entre 120 et 139 millimètres de mercure. C'est inquiétant, parce que cette condition peut évoluer vers l'hypertension, qui peut à son tour causer des maladies cardiovasculaires et la mort prématurée", soutient Jennifer O'Loughlin dans cette étude publiée dans Journal of Adolescent Health.

Les professionnels de la santé devraient adopter une approche préventive, recommande la chercheuse : "Une mauvaise alimentation, la consommation de sel et l'obésité sont des prédicteurs de pression élevée. Maintenant qu'on sait qu'il y a un lien entre une hausse de la pression et le risque de développer des maladies chroniques, les cliniciens devraient interroger les jeunes sur leur consommation d'alcool. Une hausse légère et continue de la pression systolique, c'est une sonnette d'alarme".

Cette recherche a aussi révélé que 85 % des jeunes qui boivent de façon abusive à 20 ans maintiennent ce comportement à l'âge de 24 ans. Or contrairement à la génétique, les mauvaises habitudes peuvent être modifiées. Les chercheurs vont maintenant vérifier si cette tendance à l'hypertension se maintient au tournant de la trentaine, et quel en sera l'impact sur la santé de ces beuveries de jeunesse.

Jean Etienne

Source principale :

Relationships between current and past binge drinking and systolic blood pressure in young adults (Journal of Adolescent Health, 19 février 2016. DOI: 10.1016/j.jadohealth.2015.10.251).

 

 

 

 

 
 
 

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