8 mars 2016

 

Découverte de lézards piégés dans l'ambre depuis 100 millions d'années

 
Alors que les fossiles ne conservent que l'empreinte d'êtres préhistoriques après dissolution ou désagrégation complète de leur organisme, le piégeage par l'ambre, au contraire, en conserve l'intégrité et autorise une étude bien plus exhaustive.

Cependant, le principe même de cette conservation par l'enfouissement par de la sève provenant d'arbres préhistoriques ne pouvait s'appliquer, par définition, qu'à de très petits organismes tels des insectes. Et pourtant, un groupe de paléontologues a découvert en Asis du Sud-Est des reptiles fossiles figés dans des morceaux d’ambre, et dont l’âge est estimé à quelque 100 millions d’années.

Selon ces scientifiques, et compte tenu de leur âge et de leur anatomie, certains des reptiles retrouvés sont susceptibles de représenter des chaînons manquants dans l'évolution de plusieurs espèces de caméléons et de geckos modernes. Les douze reptiles en question, précisent les chercheurs, ont été retrouvés dans l'Etat de Kachin, au nord de la Birmanie. Ils vivaient sur ce territoire au milieu du Crétacé, il y a environ 100 millions d'années, à l'époque où les dinosaures régnaient en maîtres sur terre.

Piégés dans de l'ambre, les reptiles sont ainsi presque intacts, ce qui a permis aux chercheurs d'étudier de plus près leur anatomie. Un des lézards, affirment les paléontologues, possède des pattes adhésives semblables à celles du gecko moderne, tandis qu'un autre a une langue étirée et pointue, unique en son genre. Des caractéristiques bien évidemment impossibles à déterminer s'il s'était agi de simples fossiles, tels que les musées en recèlent des millions.

Un autre morceau d'ambre présente un lézard piégé avec un scorpion et un mille-pattes, deux arthropodes qui faisaient vraisemblablement partie de son régime alimentaire.

Le reptile examiné révèle une anatomie particulière, non sans rappeler celle du caméléon moderne, ce qui soulève pléthore de questions, les caméléons ayant apparu sur terre il y a seulement 25 millions d'années. En outre, le lézard se distingue par une faible mâchoire peu appropriée à capter de petits insectes, ce qui permet de supposer qu'il utilisait sa langue, étirée et adhésive, pour attraper sa proie, comme le font les caméléons modernes.

Bref, cette découverte remet sérieusement en cause non seulement le schéma évolutif de l'espèce, mais aussi l'origine africaine du genre, que les chercheurs considéraient pourtant bien établie.

Jean Etienne

Source principale :

Mid-Cretaceous amber fossils illuminate the past diversity of tropical lizards (Science Advances, 4 mars 2016, Vol. 2, no. 3, e1501080, doi : 10.1126/sciadv.1501080, par Juan D. Daza, Edward L. Stanley, Philipp Wagner, Aaron M. Bauer et David A. Grimaldi).

 

 

 
Lézards conservés dans l'ambre. Crédit : Science Advance.
 
 
 

 
Ces inclusions dans l'ambre permettront de découvrir de nombreux détails inaccessibles au moyen des fossiles traditionnels. Crédit : Science Advance.
 

 

 
 
 

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