Au lendemain de la découverte des ondes
gravitationnelles au moyen de l'interféromètre LIGO, la Chine
dévoile ses propres programmes de recherche dans ce domaine, mettant
en œuvre au moins six satellites et plusieurs laboratoires de grande
ampleur.
Alors que pour l'année 2014, la Chine a consacré 2,08 % de son PIB à
son programme de R&D (Recherche & Développement), les
investissements dans la recherche fondamentale n'ont représenté que
4,7 % de cette dépense. Les chercheurs de l'Académie des Sciences de
Chine réagissent à présent, attirant l'attention du gouvernement sur
le fait que la rigidité des programmes mis en place par les
autorités ont eu pour principal effet de circonscrire les
financements à certains domaines-clé, limitant ainsi les
investissements d'envergure en recherche fondamentale.
La prise de conscience de la part des autorités chinoises a été
immédiate et, devant les énormes perspectives offertes par le
nouveau domaine scientifique promis par l'observation des ondes
gravitationnelles, le gouvernement chinois a décidé d'intégrer
immédiatement ce sujet de recherches au plan spatial 2050 de
l'Académie des Sciences de Chine, présageant la priorisation
d'investissement sur cette thématique.
Il n'aura ainsi fallu que trois semaines pour que la Chine se
mobilise et mette en route ou confirme de nombreuses initiatives
afin de travailler activement sur le sujet, parmi lesquelles on
relèvera :
Le projet Tianqin (« Sky Harp »)
Le projet d’ondes gravitationnelles, Tianqin (« Sky Harp »), initié
par l’Université Sun Yat-sen de Canton en juillet 2015 est en
attente d’autorisation de la part du gouvernement et devrait coûter,
selon les estimations, 15 milliards de yuans (plus de 2 milliards
d’euros).
Divisé en 4 étapes qui s’étendront sur les 15 à 20 prochaines
années, le projet Tianqin implique le lancement conjoint de trois
satellites qui devront être positionnés en orbite en formant un
triangle équilatéral, sur un modèle analogue au projet européen
eLISA. Le programme vise la détection des ondes gravitationnelles
émises par les systèmes binaires dont la période est de l’ordre de
quelques minutes. De nombreux pays ont déjà exprimé leur intérêt à
être partenaires du projet, dont la France. L’Université Sun Yat-sen
prévoit par ailleurs la construction d’un observatoire et d’un
laboratoire au sol de très grande envergure, situé à Zhuhai dans la
province du Guangdong.
Le projet Ali
Le projet de l’Institut de physique des hautes énergies de
l’Académie des sciences de Chine, Ali, a pour objectif l’observation
des ondes gravitationnelles primaires issues du Big Bang pour en
apprendre plus sur leur origine. La première étape de ce projet
représente un investissement de 100 million de yuans pour des
résultats espérés d'ici seulement 5 années.
Le projet Taiji
Le projet d’onde gravitationnelle de l’Académie des sciences de
Chine, Taiji, initié en 2008 se penche sur les technologies
satellites de détection de ce type d’ondes, sans réalisation
réellement concrète à ce jour. Il prévoit maintenant le lancement de
trois satellites d’ici 2030 pour la détection d’ondes
gravitationnelles de basses et moyennes fréquences.
Interaction avec le projet eLISA
Des chercheurs de l’Académie des sciences de Chine sont par ailleurs
en train de rédiger un plan de collaboration avec le projet eLISA de
l’Agence Européenne Spatiale. Ce plan, qui devra être préalablement
autorisé par les autorités chinoises prévoirait deux alternatives :
la première serait la participation financière avec l’acquisition de
20% des parts du projet européen par la partie chinoise, et la
seconde option serait le lancement de satellites chinois en 2033
pour venir compléter les résultats apportés par eLISA.
Il est à noter qu'avant cette décision, sur 133 structures de
recherches au niveau mondial, seule l'Université de Tsinghua de
Pékin avait pris part, pour la Chine et sous forme de collaboration,
à un projet international de détection d'ondes gravitationnelles.
Verrons-nous un jour les autorités occidentales réagir aussi
rapidement devant une opportunité aussi exceptionnelle ?
Jean Etienne
Sources principales :
China Innovates Sci-Tech Research to Catch Next "gravitational wave"
(Chinese Academy of Sciences, 18 février 2016).
China Plans Gravitational Wave Project (Chinese Academy of
Sciences, 17 février 2016).
CAS Announces Third Chinese Gravitational Waves Research Project
(Chinese Academy of Sciences, 18 février 2016).
Two Alternatives for Chinese Involvement in Gravitational Wave
Research (Chinese Academy of Sciences, 17 février 2016).
Observation of Gravitational Waves from a Binary Black Hole Merger
(Physical Review Letters, 116, 061102 - 11 février 2016).
Sur Space News International :
>>>
Première observation directe d'ondes gravitationnelles (12 février
2016).
>>>
Les deux trous noirs à l'origine d'ondes gravitationnelles auraient
pu se trouver à l'intérieur d'une étoile gigantesque (19 février
2016).
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