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La Station Spatiale Internationale comporte
désormais un nouveau module, dont la caractéristique essentielle
pourrait paraître surprenante, ainsi que novatrice : il s'agit en
effet d'une structure gonflable.
Ce 29 mai 2016 à 20h44 TU, avec une journée de retard pour des
raisons techniques, la pressurisation du Bigelow Extensible Activité
Module (BEAM) amarré à la Station Spatiale Internationale a débuté,
pour se terminer seulement dix minutes plus tard. Il s'agit d'une
structure gonflable de 3 mètres de diamètre et 4 mètres de longueur,
offrant un volume utile de 16 m³ déployé, qui avait été lancé le 8
avril dernier par une fusée Falcon 9 de SpaceX.
BEAM comprend deux cloisons métalliques, une structure en aluminium
et sa paroi est composée de plusieurs couches de matériaux souples
assurant à la fois l'étanchéité et une protection contre le
rayonnement externe et les micrométéorites. Il comprend un sas au
format CBM (mis au point pour la partie américaine de la station
spatiale) mais ne dispose par contre d'aucun hublot.
Au cours de la semaine prochaine, des contrôles d'étanchéité seront
effectués sur BEAM afin de s'assurer de son intégrité structurale.
Par la suite, l'astronaute Jeff Williams pénètrera dans le module
pour y effectuer divers tests.
Le module BEAM doit être testé durant au minimum deux années. Il ne
s'agit cependant, dans l'état actuel, ni d'un lieu d'habitation, ni
d'un endroit de stockage et l'écoutille y donnant accès sera
maintenue fermée en limitant ainsi le risque de dépressurisation
dans la cas où la structure se mettrait à fuir. En fait, un des
membres d'équipage de l'ISS pénétrera seulement tous les trois mois
dans le module afin d'y relever la pression et le niveau de
radiation, et vérifier le comportement structurel de l'ensemble.
Aucune inspection extravéhiculaire n'est prévue pour l'instant.
Deux ans après son amarrage, soit en mai 2018, BEAM devrait être
détaché de l'ISS au moyen du bras robotisé et relâché au nadir de la
station sans lui conférer aucune vitesse initiale. Il devrait
ensuite perdre progressivement de l'altitude, puis pénétrer dans les
conches denses de l'atmosphère un an plus tard, où il se
désintégrera.
Vers l'extension de l'ISS à prix démocratique ?
Les modules de type gonflable, s'ils se révèlent à la fois
praticables et sûrs, offrent la possibilité de fournir à bon compte
un volume de travail important dans l'espace. Ce premier test dans
une version habitable permettra aux chercheurs de déterminer à quel
point ce type de structure protège ses occupants contre le
rayonnement solaire, les diverses radiations, les débris spatiaux
ainsi que les variations extrêmes de température rencontrées en
orbite.Jean Etienne
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