La Chine vient de démontrer, avec son
satellite SJ-10, que les mammifères et a fortiori l'Homme, peuvent
procréer en conditions spatiales, ce qui ouvre la voie aux vols de
très longue durée.
ShiJian-10 (SJ-10), premier satellite chinois de recherche en
microgravité, a été lancé le 6 avril dernier par l'Agence spatiale
chinoise, puis récupéré avec succès 12 jours plus tard avant d'être
confié à la Chinese Academy of Space Technology (CAST).
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SJ-10 en orbite
(vue d'artiste). |
Ce projet était issu d’un partenariat entre 11
instituts de la Chinese Academy of Sciences (CAS), l’European Space
Agency et la Japan Aerospace Exploration Agency. SJ-10 est le
deuxième des quatre satellites prévus dans le cadre du Strategic
Priority Program on Space Science (2011-2016). Le premier satellite
de ce programme, dédié à la recherche sur la matière noire, avait
été lancé en décembre 2015. Le programme spatial comprendra
également le lancement d’un satellite dédié aux expériences dans le
domaine de la recherche quantique et d’un satellite destiné à
l’observation des trous noirs et des étoiles à neutrons à l’aide
d’un télescope à rayons X haute énergie.
SJ-10 avait pour ambition de réaliser 19 expériences sur la
microgravité et les sciences de la vie, portant notamment sur une
étude sur le développement précoce des embryons de souris en
microgravité permettant d’évaluer la possibilité de reproduction
dans l’espace, et une étude de l’effet des rayonnement spatiaux sur
la stabilité génétique de cellules de mouches et de rats.
Des souris… et des hommes !
Les scientifiques chinois ont annoncé que des embryons de souris
s'étaient parfaitement développés à un stade précoce dans l'espace
durant la mission, et ont été récupérés avec succès, ce qui
constitue une première. Lancé le 6 avril, le satellite renfermait
plus de 6000 de ces embryons confinés dans un environnement de la
taille d'un four à micro-ondes garantissant les meilleures
conditions de vie, selon Duan Enkui, chercheur à l'Académie chinoise
des sciences (CAS). 600 de ces embryons avaient été placés
directement dans le champ d'une caméra à haute résolution qui,
toutes les quatre heures, en retransmettait les images au centre de
contrôle.
Les images ont montré que les embryons se développaient de manière
parfaitement identique que des témoins en conditions terrestres,
depuis la première division cellulaire jusqu'au blastocyste, stade
où la différentiation cellulaire intervient, soit 72 heures après la
mise en orbite dans le cas présent.
Le terme blastocyste est issu du grec
βλαστός (blastos), signifiant germe ou bourgeon, et de
κύστις (vessie). Il définit un stade du développement
embryonnaire précoce des mammifères, d'une durée de 5 à 7
jours chez l'Homme, 3 à 5 jours chez la souris, au cours
duquel coexistent les cellules périphériques, appelées
cellules du trophectoderme (ou trophoblaste), à l'origine
des structures extra-embryonnaires comme le placenta ou le
cordon ombilical, et les cellules de la masse interne, qui
forment le bouton embryonnaire et donnent naissance à
l'embryon proprement dit. Entre la masse cellulaire interne
et le trophectoderme se forme une cavité remplie de liquide,
le blastocèle, au sein de laquelle se développera le fœtus. |
Le but de cette expérience était de déterminer
si, dans la perspective de vols habités de longue durée, l'Homme ou
d'autres mammifères seraient capables de se reproduire dans
l'espace, y compris en absence de pesanteur. Le résultat positif
obtenu grâce à ce satellite chinois confirme que l'étape la plus
cruciale de notre reproduction, le développement précoce de
l'embryon, qui est aussi la phase la plus critique, est parfaitement
possible en conditions spatiales. Une constatation qui, même si la
plupart d'entre nous n'en verront pas la concrétisation, ouvre la
voie vers l'exploration et la colonisation de l'espace lointain,
voire interstellaire.
La capsule renfermant les échantillons biologiques du satellite
SJ-10 est revenue sur Terre le 18 avril 2016. Il s'agissait du 24e
satellite récupéré avec succès par la Chine. Ce succès a permis en
outre de valider une nouvelle série de technologies de base qui sera
appliquée sur les satellites récupérables chinois de troisième
génération.
Jean
Etienne
Sources principales :
Strategic
Priority Program on Space Science (National Space Science
Center).
Re-entry Capsule of SJ-10 lands in N. China (Chinese Academy
of Sciences).
Chinese Scientists Develop Mammal Embryos in Space for First Time
(Chinese Academy of Sciences).
Voir aussi :
A-t-on
déjà fait l'amour en orbite ? (Space News International).
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