Même si l'atterrisseur Philae de l'agence
spatiale européenne (ESA) ne répond plus, ses données parlent encore
! Et révèlent bien des surprises…
Le 7 novembre 2014, le robot Philae se séparait de la sonde Rosetta,
lancée 10 ans plus tôt par une fusée Ariane 5 depuis Kourou, et
tentait d'atterrir à la surface du noyau de la comète
67P/Churyumov-Gerasimenko, alias Tchouri. N'ayant pu s'arrimer au
sol ainsi que prévu en raison de la très faible force de gravitation
de l'astre, Philae rebondissait plusieurs fois durant de longues
minutes avant de s'immobiliser contre une falaise. Malheureusement,
sa position de guingois ainsi que l'endroit défavorable limitant
l'ensoleillement empêchaient ses panneaux solaires de recharger ses
batteries, et Philae mourut de sa belle mort…
Pas tout à fait cependant, car pendant 8 minutes, l'instrument
Sesame-PP avait pu transmettre de précieuses informations sur les
propriétés électriques sur le premier mètre de profondeur du sol.
Huit minutes c'est très peu en comparaison de ce qui avait été
espéré, aussi ne faut-ils pas s'étonner de la complexité de
l'analyse qui a suivi, et qui n'a pas été de tout repos pour les
scientifiques !
"Nous avons dû émettre de nombreuses hypothèses sur la position
de l’atterrisseur et même réaliser une réplique de Philae. Nous
avons aussi conçu un modèle numérique de terrain avec l’aide de
l'équipe de mécanique spatiale d'Eric Jurado au CNES de Toulouse
pour déterminer l'environnement précis entourant Philae et ses
instruments", indique Anthony Lethuillier, doctorant au Latmos
et 1er auteur d'une publication émise le 7 juin dernier sur le site
de la revue européenne Astronomy & Astrophysics.
Les résultats sont surprenants. Il apparaît ainsi que la porosité du
premier mètre en partant de la surface est au maximum de 50%, ce qui
est bien plus faible que les 80% de porosité évalués par le sondeur
radar Concert. En fait, la couche superficielle du noyau cométaire
ressemble à la coquille d'un œuf ! Une constatation qui va à
l'encontre de ce que pensaient la plupart des scientifiques, qui
estimaient que la couche externe serait composée essentiellement de
poussière ou de roche rendue poreuse suite à l'incessant
bombardement de micrométéorites et à l'érosion solaire.
"Cette coquille pourrait être constituée de poussières cimentées
entre elles par de la glace venant de couches plus profondes, de
l'eau qui se serait sublimée mais n'aurait pas eu le temps de
s'échapper dans l'espace et aurait recongelé à proximité de la
surface" explique Anthony Lethuillier.
Jean Etienne
Source principale :
Electrical properties and porosity of the first meter of the nucleus
of 67P/Churyumov-Gerasimenko, A. Lethuillier et al.,
Astronomy & Astrophysics, publié le 7 juin 2016.
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