17 juin 2016

 

La surface en coquille d'œuf de la comète 67P/Churuymov-Gerasimenko

 
Même si l'atterrisseur Philae de l'agence spatiale européenne (ESA) ne répond plus, ses données parlent encore ! Et révèlent bien des surprises…

Le 7 novembre 2014, le robot Philae se séparait de la sonde Rosetta, lancée 10 ans plus tôt par une fusée Ariane 5 depuis Kourou, et tentait d'atterrir à la surface du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, alias Tchouri. N'ayant pu s'arrimer au sol ainsi que prévu en raison de la très faible force de gravitation de l'astre, Philae rebondissait plusieurs fois durant de longues minutes avant de s'immobiliser contre une falaise. Malheureusement, sa position de guingois ainsi que l'endroit défavorable limitant l'ensoleillement empêchaient ses panneaux solaires de recharger ses batteries, et Philae mourut de sa belle mort…

Pas tout à fait cependant, car pendant 8 minutes, l'instrument Sesame-PP avait pu transmettre de précieuses informations sur les propriétés électriques sur le premier mètre de profondeur du sol. Huit minutes c'est très peu en comparaison de ce qui avait été espéré, aussi ne faut-ils pas s'étonner de la complexité de l'analyse qui a suivi, et qui n'a pas été de tout repos pour les scientifiques !

"Nous avons dû émettre de nombreuses hypothèses sur la position de l’atterrisseur et même réaliser une réplique de Philae. Nous avons aussi conçu un modèle numérique de terrain avec l’aide de l'équipe de mécanique spatiale d'Eric Jurado au CNES de Toulouse pour déterminer l'environnement précis entourant Philae et ses instruments", indique Anthony Lethuillier, doctorant au Latmos et 1er auteur d'une publication émise le 7 juin dernier sur le site de la revue européenne Astronomy & Astrophysics.

Les résultats sont surprenants. Il apparaît ainsi que la porosité du premier mètre en partant de la surface est au maximum de 50%, ce qui est bien plus faible que les 80% de porosité évalués par le sondeur radar Concert. En fait, la couche superficielle du noyau cométaire ressemble à la coquille d'un œuf ! Une constatation qui va à l'encontre de ce que pensaient la plupart des scientifiques, qui estimaient que la couche externe serait composée essentiellement de poussière ou de roche rendue poreuse suite à l'incessant bombardement de micrométéorites et à l'érosion solaire.

"Cette coquille pourrait être constituée de poussières cimentées entre elles par de la glace venant de couches plus profondes, de l'eau qui se serait sublimée mais n'aurait pas eu le temps de s'échapper dans l'espace et aurait recongelé à proximité de la surface" explique Anthony Lethuillier.

Jean Etienne

Source principale :

Electrical properties and porosity of the first meter of the nucleus of 67P/Churyumov-Gerasimenko, A. Lethuillier et al., Astronomy & Astrophysics, publié le 7 juin 2016.

 

 

 
Position supposée de Philae à la surface de la comète. Crédit : ESA.
 
 
 

 
En haut, la falaise contre laquelle l'atterrisseur Philae (non visible) s'est immobilisé. Cette image a été transmise le 11 mai 2016 par la sonde Rosetta depuis l'orbite. Crédit : ESA.
Cliquez sur l'image pour agrandir.
 

 

 
 
 

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