Dès sa découverte, la présence de méthane dans
l'atmosphère martienne a été considérée comme un indice d'une
présence de vie à la surface ou dans le sol de la Planète rouge. Une
nouvelle étude remet cependant en cause son origine.
Selon une équipe de géophysiciens de l’Institut de technologie de
Californie, le taux élevé de ce "gaz vital" serait tout-à-fait
indépendant de la présence de traces de vie organique sur Mars.
Cette recherche a été réalisée sur la base des données récupérées en
2014 par le spectromètre à absorption laser modulable (TLS) du rover
Curiosity de la Nasa, qui a notamment permis de constater un taux
élevé de méthane dans les couches inférieures de l'atmosphère
martienne.
Le méthane, sous-produit biologique… sur Terre
Depuis longtemps, on sait que les microorganismes terrestres
produisent du méthane, et en laissent échapper une petite quantité
dans l'atmosphère où il est parfaitement détectable. Et c'est
justement par ce biais que les astronomes avaient pensé pouvoir
conclure que Mars, dont l'enveloppe gazeuse en est incomparablement
plus riche, abritait probablement une telle forme de vie. Mais il ne
s'agissait que d'une preuve indirecte, de tels microorganismes
martiens n'ayant pu être découverts à ce jour. Restait alors à
savoir si ce gaz pouvait être généré autrement, sans aide de
micro-organismes méthanogènes.
Décidés à lever le voile sur ce phénomène naturel, les géophysiciens
californiens ont minutieusement étudié un lot de données fournies en
2014 par Curioisity, apportant une importante quantité
d'informations sur les variations de température et d'humidité
observées à la surface de la Planète rouge. Et finalement, cette
recherche minutieuse a permis de découvrir que la régolithe
martienne, formée des différentes couches de poussières qui en
recouvrent la plus grande partie de la surface, est parfaitement
susceptible de libérer du méthane, préalablement adsorbé, sous
l'impact de hautes températures.
La présence de micro-organismes méthanogènes ne constitue donc pas
une condition indispensable pour former une atmosphère riche en
méthane, concluent les astrophysiciens. Ce qui n'exclut cependant
pas définitivement la présence d'une possible vie organique. En
effet, l'équipe scientifique de Curiosity avait auparavant découvert
bien d'autres indices démontrant que la vie aurait pu exister sur
Mars il y a plusieurs milliards d'années, notamment en fonction de
la présence d'eau liquide en abondance, comme en témoignent des lits
d'anciennes rivières et l'existence de matériaux organiques
découverts dans le cratère de Gale, où le robot s'était posé en août
2012.
Jean Etienne
Source principale :
Hypotheses for
near-surface exchange of methane on Mars (Cornell University
Library, 28 avril 2016).
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