8 juin 2016

 

Les nuisances d'une "certaine" science

 
La science inspire la confiance… même lorsque celle-ci est falsifiée, ou détournée afin de satisfaire certains egos… et quelquefois en toute bonne foi !

Certaines théories scientifiques, dans ce domaine, tiennent le haut du pavé. Aujourd'hui démenties et dénoncées, elles eurent pourtant leur heure de gloire. Certaines sont encore exploitées, pour des raisons idéologiques ou pécuniaires. En voici quelques-unes, présentées d'une façon qui est loin d'être exhaustive.

Le racisme

La science lui a servi de motivation, et toujours actuellement, il est impossible de faire sans. Même des personnes sages et respectées l'ont brandi "pour le bien de l'Humanité". Et cela remonte bien plus loin que l'idéologie aberrante à l'origine de la naissance - puis de la défaite du IIIème Reich, puisque Voltaire lui-même, philosophe des Lumières, écrivait : "Quel beau climat que ces côtes méridionales ! Mais quels vilains habitants ! Quelles brutes ! Plus la nature a fait pour nous, moins nous faisons pour elle. Nul art n'est connu chez tous ces peuples. C'est une grande question parmi eux s'ils sont descendus des singes, ou si les singes sont venus d'eux. Nos sages ont dit que l'homme est l'image de Dieu : voilà une plaisante image de l'Être éternel qu'un nez noir épaté, avec peu ou point d'intelligence !". Imaginez donc un tel discours dans la presse aujourd'hui…

L'immense bénéfice (financier) apporté par l'esclavage au milieu du XIXème siècle incitait de même certains moralisateurs à justifier cette pratique peu glorieuse, mais qu'ils jugeaient indispensable. Ainsi, l'écrivain français Joseph Gobineau affirmait que "les races aryennes de qualité supérieure avaient été créées par Dieu pour régner sur les autres". C'est au nom de ses idées que des millions de "sous-hommes", assimilés à des animaux, mourront par millions. Les théories raciales "démontrant" la supériorité d'un peuple sur les autres foisonnaient à l'époque, mais sont aujourd'hui reconnues comme pseudoscientifiques et complètement démenties.

L'eugénisme

Basé sur le racisme, il était devenu une arme, ou une justification, pour élever de "bons" sujets, évidemment de "race" aryenne, en se débarrassant des "mauvais". Dans ce cas, les "mauvais" comprenaient aussi les aryens handicapés, intellectuellement déficients ou homosexuels.
 
Les moyens employés étaient très simples, et surtout très économiques : la stérilisation dans le meilleur des cas, ou dans le pire, l'exécution. Les nazis, qui excellaient dans cette voie, avaient même créé une organisation dédiée, portant le joli nom de Lebensborn, que l'on peut traduire par "fontaine de vie". Y grandissaient des "fleurs de la vie", des enfants produits par des mères de race pure fécondées uniquement par des aryens servant dans la SS ayant subi une sélection très stricte.

Les nazis n'avaient toutefois rien inventé, puisque le même principe avait été mis en place dans l'URSS des années 20, cette fois sous le nom de "pédologie". Il s'agissait alors de réunir et de faire procréer des personnes des deux sexes possédant de solides connaissances en médecine, biologie, psychologie, pour faire naître un surhomme nietzschéen, sorte de "superman de l'avenir prospère".

Ces enfants étaient ensuite envoyés dans un établissement spécial où officiaient des psychologues et des éducateurs triés sur le volet. Mais comme beaucoup d'initiatives des bolcheviks, le projet a été un flop : les petits refusaient d'être parfaits et réclamaient leur mère. Le programme a été abandonné en 1936, mais des destins d'enfants ont été brisés à jamais.

La télégonie

On l'appelle aussi l'effet du "premier mâle" et elle sévit encore, même si ses victimes sont moins connues car moins médiatisées. Cette théorie pseudoscientifique est encore supportée par les créationnistes qui cherchent à justifier par la science, avec l'appui de leur pseudo-religion, le fait qu'une femme doit obligatoirement rester vierge jusqu'au mariage.

Leur raisonnement a au moins le mérite de la simplicité. Selon eux, l'accouplement avec le premier partenaire sexuel influencerait le message héréditaire de la femelle. Ainsi, selon cette croyance, si un enfant aux joues roses naît dans une famille noire, il ne s'agit pas d'albinisme, mais d'une punition divine pour les péchés de la mère. Bien évidemment, la génétique moderne réfute complètement les idées de la télégonie.

La septicémie focale

Cette théorie meurtrière a eu son heure de gloire du milieu du XIXème siècle jusqu'au début du XXème siècle, et même plus tard. Elle se fondait sur la croyance que de nombreuses maladies telles le retard mental, l'arthrite et le cancer, entre autres, étaient provoqués par des toxines se répandant dans le sang à partir d'un foyer inflammatoire dans l'organisme. Et la solution n'était pas compliquée : il fallait tout couper !

C'est ainsi que l'ablation de l'appendice a été pratiquée systématiquement aux Etats-Unis chez les nourrissons, pour éviter l'appendicite à l'âge adulte, foyer inflammatoire par excellence. Et cela jusqu'à ce que les chercheurs s'aperçoivent que l'appendice n'était pas aussi inutile qu'on le pensait, puisqu'il aide à rétablir la microflore de l'intestin tout en étant producteur d'anticorps. Son absence chez les jeunes enfants a souvent conduit à une immunodéficience et une menace pour leur vie. On ignore encore combien d'entre eux n'ont pas survécu à une pratique pourtant décidée pour leur bien.

D'autres théories tout aussi scientifiques mais parfaitement erronées ont sévi, et l'on pourrait citer la conviction du médecin anglais William Hunter qui affirmait, il y a exactement cent ans, que la plupart des maladies résultaient d'une mauvaise hygiène buccale. Selon ce scientifique pourtant reconnu, il était parfaitement inutile de soigner une dent malade, car cela n'éliminait pas le foyer de l'infection.

C'est pourquoi au moindre soupçon de carie, tant chez l'adulte que chez l'enfant, et cela aussi bien en Europe qu'en Amérique, on arrachait joyeusement les dents, les glandes annexes et les amygdales. Et même si la théorie de la "septicémie focale" a été complètement réfutée par la science, l'ablation préventive des amygdales a encore longtemps été pratiquée aux enfants soviétiques, et même dans une moindre mesure en Europe juqu'aux années 60, pour "prévenir l'angine".

La phrénologie

Cette étrange théorie se rangeait aussi parmi les tentatives de justification de l'esclavagisme. Le médecin et neurologue Franz Joseph Gall estimait que l'apparence du crâne reflétait les capacités intellectuelles de l'individu. Si on constatait une proéminence, cela voulait dire que la fonction dépendant de la partie du cerveau se trouvant au-dessous était plus développée. Ou, bien entendu, inversement.
 
 

 

Le cerveau était parfaitement cartographié, et cela de la façon qui arrangeait le mieux les "spécialistes". Ainsi, la zone temporale illustrait la passion pour les boissons alcoolisées ou la bonne nourriture (au choix), l'arrière du crâne et la nuque reflétaient l'amitié et la sociabilité, tandis que la zone de l'amour de la vie se situait derrière les oreilles.

Cette théorie a permis, entre autres, d' "expliquer" pourquoi tous les Noirs sont esclaves par nature. De telles croyances, ainsi que leurs dérivées liées à la lecture des lignes de la main, la forme des oreilles, la largeur du nez ou les traits du visage, perdurent encore de nos jours malgré leur complet démenti.

L'homéopathie

Soigner le mal par le mal n'est pas un principe reconnu en science, encore moins lorsque le produit censé représenter ce "mal" n'en contient même plus la moindre trace. Tous les essais cliniques tentant de prouver scientifiquement l'efficacité des "médicaments" homéopathiques ont lamentablement échoué, sans la moindre exception, démontrant qu'il n'existait aucune différence entre un placebo et le produit testé.

La communauté scientifique qualifie aujourd'hui l'homéopathie de "plus grande arnaque de notre époque" et s'attend à voir apparaître un jour un scandale dont l'ampleur relèguera l'affaire du sang contaminé au niveau de simple anecdote… L'Organisation mondiale de la santé (OMS) met ainsi en garde : "L'usage de l'homéopathie ne repose sur aucune base de preuves et représente un risque réel pour la santé et la vie en cas de traitement alternatif". Et de fait, il est encore beaucoup trop tôt pour évaluer combien de patients sont passés de vie à trépas, simplement pour avoir avalé des pilules de sucre plutôt que d'avoir suivi un véritable traitement…

Et bien d'autres…

On pourrait allonger cette liste presque à l'infini. Dans un monde où l'abondance de l'information permet de trouver (et de prouver) tout et son contraire, l'esprit humain est terriblement vulnérable s'il ne s'entoure pas d'un minimum de précautions.

L'habileté de certains pour exposer leurs théories pseudoscientifiques, parfois au sein de véritables sectes (telle la Scientologie, qui porte vraiment très mal son nom), influence parfois mortellement non seulement les esprits les plus faibles, mais aussi les adolescents manquant d'expérience par définition, lesquels sont souvent leurs principales cibles. Ceci dit sans aucune volonté de dénigrement, chacun étant passé par là…

Jean Etienne

 

 

 

 

 
 
 

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