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Pour la deuxième fois en moins d'un mois (et
la troisième fois depuis décembre dernier), la société SpaceX a
réussi à récupérer le premier étage de son lanceur Falcon-9 après
avoir déposé un satellite en orbite.
Souvenez-vous : c'était en 1957, l'année géophysique internationale
venait de commencer. Et le monde entier s'attendait à ce que les
Etats-Unis accomplissent un exploit qui aurait pu être emblématique
du XXème siècle : l'envoi du premier satellite artificiel. Et le 4
octobre de la même année, l'URSS accomplissait l'impensable :
Spoutnik-1 était en orbite. Cela alors que, de l'avis de tous les
experts, seuls les USA possédaient le savoir-faire, la science,
capables de réaliser un tel exploit.
L'Histoire serait-elle en train de recommencer ? Alors que toutes
les organisations en mesure de placer une charge utile en orbite
nient formellement l'avantage à récupérer un lanceur et le
réutiliser, et cela après l'échec du programme de navettes spatiales
américaines, voire même poussent des cris d'orfraie à cette idée, la
société privée d'Elon Musk, SpaceX, en laquelle personne ne croyait
il y a une décennie, vient de réussir ce pari. A trois reprises.
Et ce succès est d'autant plus gênant qu'il n'est pas l'œuvre de la
Nasa ou de Roskosmos, nantis de moyens tant financiers que matériels
considérables, ou même d'Arianespace bénéficiant d'un soutien
planétaire, mais d'une entreprise privée quasiment parquée au rang
d'outsider jusqu'il y a peu.
Falcon-9 atterrit, SpaceX décolle !
Ce vendredi 6 mai 2016 à 05h30 TU, 9 minutes après son lancement
depuis Cap Canaveral, le premier étage de la fusée Falcon-9 se
posait en douceur sur une barge positionnée dans l'océan Atlantique,
après avoir parfaitement accompli sa mission consistant à placer en
orbite de transfert géostationnaire le satellite japonais JCSat-14
pour le compte de la SKY Perfect JSAT Corporation. JCSat 14 fournira
des services de télévision et de télécommunications au-dessus de
l’Asie, la Russie, l’Océanie et certaines îles du Pacifique.
Les cris de victoire qui retentissaient à ce moment au siège de
SpaceX étaient parfaitement justifiés, car pour la première fois, un
premier étage de lanceur réussissait son retour intact, non après
avoir délivré une charge utile en orbite basse, mais bien en orbite
de transfert géostationnaire. En effet, ce type de lancement exige
une poussée plus importante, donc plus de propergols, au détriment
de toute tentative de récupération exigeant elle-même un freinage
important.
Un succès d'autant plus significatif que la société SpaceX elle-même
le considérait peu probable, puisqu'elle déclarait la veille : "Considérant
la destination en orbite de transfert géostationnaire de cette
mission, le premier étage du lanceur sera soumis à des vitesses
extrêmes et une température importante lors de sa rentrée, ce qui
rend un atterrissage réussi peu probable".
Les autres sociétés de transport spatial auraient-elles fait fausse
route en refusant de s'engager dans la voie du lanceur récupérable
et réutilisable ? L'avenir nous le dira, mais la réponse risque
d'être cruelle.
Trois premiers étages en stock
Actuellement, SpaceX détient trois premiers étages de son lanceur
Falcon-9 récupérés après une mission spatiale. Elon Musk affirme que
cette technologie s'inscrit dans un programme qui lui permettra
bientôt de réduire le coût du lancement d'un facteur 100, une
réduction des prix qui pourraient révolutionner les vols spatiaux et
même faire de la colonisation de la planète Mars un objectif
économiquement réaliste.
Alors que le premier étage SpaceX récupéré en décembre dernier
devrait être exposé au siège de la société, celui-ci, ainsi que le
précédent, devraient être réutilisés d'ici quelques mois, démontrant
le réalisme et la faisabilité du programme.
Jean Etienne
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