3 juin 2016

 

Un simulateur d'expansion de l'Univers disponible à tous les chercheurs

 
L'Univers est perpétuellement en mouvement. Il change, crée de nouvelles structures qui fusionnent entre elles, tandis que l'ensemble ne cesse de croître. Mais comment évolue-t-il ?

Pour mieux le modéliser, et surtout le comprendre, une équipe de physiciens de l'Université de Genève (UNIGE) a mis au point un nouveau code de simulation numérique qui offre un meilleur aperçu du processus complexe de la formation des structures en cosmologie. Tout en se fondant sur les équations d'Einstein, ils ont réussi à y introduire les mouvements de rotation de l'espace-temps et calculer l'amplitude des ondes gravitationnelles, dont l’existence a été confirmée pour la première fois le 12 février 2016.

Et l'avancée est énorme. Car jusqu'à présent, les chercheurs qui tentaient de déterminer le processus de formation des grandes structures de l'Univers ne pouvaient se baser que sur des codes numériques hérités de la gravitation newtonienne. Le problème, qui constituait aussi la limite de ce genre de raisonnement, étant que l'Espace était alors considéré comme figé, n'évoluant pas, alors que le temps, lui, s'écoule. Si ce procédé fournit des simulations précises sur une matière qui bouge lentement, jusqu'à 300 kilomètres par seconde environ, les calculs deviennent approximatifs à des vitesses supérieures. De même, elles ne permettent pas d'introduire ni décrire les fluctuations de l'énergie sombre, à laquelle on attribue pourtant la responsabilité de l'expansion accélérée de l'Univers. Il était donc nécessaire d'imaginer une nouvelle manière de simuler la formation des structures cosmologiques et permettre l’étude de ces deux phénomènes.

La théorie de la Relativité générale introduite dans la simulation

L’équipe de Ruth Durrer, du Département de physique théorique de la Faculté des sciences de l’UNIGE, a ainsi créé un code, nommé gevolution, basé sur la théorie de la relativité générale d’Einstein. En effet, la relativité générale considère l’espace-temps comme étant dynamique, c’est-à-dire que l’espace et le temps sont en perpétuel changement, contrairement à l’espace figé de la théorie newtonienne. Et cela avec pour objectif de prédire l’amplitude et l’impact des ondes gravitationnelles, ainsi que ceux du frame-dragging (la rotation de l’espace-temps) induits par la formation des structures cosmologiques.

Pour ce faire, les physiciens de l’UNIGE ont découpé dans l’espace une portion cubique constituée de pas moins de 60 milliards de zones contenant chacune une particule (c’est-à-dire une portion de galaxie), afin d’analyser la manière dont elles bougent vis-à-vis de leurs voisines. Le résultat de ces calculs donne des spectres permettant de quantifier la différence entre les résultats obtenus grâce à gevolution en utilisant les équations d'Einstein à ceux issus des codes newtoniens. Ceci a permis de mesurer l’effet du frame-dragging et des ondes gravitationnelles introduits dans le modèle.

Ceci ouvre la voie à la confrontation des résultats de simulation de l’expansion de l’Univers à la réalité de celle-ci. Les physiciens de l’UNIGE vont ainsi pouvoir tester la théorie de la relativité générale à des échelles beaucoup plus grandes qu’actuellement.

Afin de permettre aux chercheurs de mieux s'engager dans cette voie prometteuse, la professeure Ruth Durrer et son équipe vont rendre leur code gevolution libre d'accès. Avec l'espoir que les mystères de l'énergie sombre puisse être bientôt résolu.

Jean Etienne

Source principale :

General relativity and cosmic structure formation (Nature Physics 12, pp. 346 - 349 (2016) doi: 10.1038/nphys3673).

 

 

 
L'Univers a encore bien des choses à nous apprendre...
 

 

 
 
 

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