1er juin 2016

 

Sida : le réservoir à virus enfin identifié

 
Même chez un ancien malade du sida dont le traitement antirétroviral a fait disparaître toute trace du virus dans le sang, celui-ci continue à se répliquer en vase clos à l'abri de remparts dont la localisation constituait un des plus grands espoirs pouvant conduire à la guérison complète de la maladie.

Deux chercheurs, Matthieu Perreau et Giuseppe Pantaleo, respectivement de l'Université de Lausanne (UNIL) et du CHUV de Lausanne (Suisse) ont réussi à identifier et localiser les cellules au sein desquelles le virus de l'immunodéficience acquise (VIH) se réplique constamment et en toute discrétion, même chez les patients en cours de traitement par un traitement antirétroviral. Tapi derrière ces remparts, le virus reste toutefois redoutable, ne demandant qu'à repartir à l'attaque… Selon ces scientifiques, l'identification de ces cellules, véritables "réservoirs à virus", pourrait permettre, à terme, d’éradiquer la totalité du VIH d’un organisme infecté.

A la recherche du virus caché

Les virologues avaient déjà émis l'hypothèse selon laquelle il existerait une "réplication résiduelle du VIH", et suspectaient la présence de réservoirs, dans le corps humain, abritant ces cellules infectées. Leur principale caractéristique serait que les virus dont elles permettent la réplication ne se retrouvent pas dans le reste de l'organisme, faisant croire que le malade est en cours de rémission, voire totalement guéri ou en voie de l'être. Dès lors, la localisation de ces réservoirs a constitué un des plus grands espoirs de la lutte contre la maladie. Mais où commencer les recherches de telles structures ?
 

Image d'un lymphocyte obtenue par microscopie électronique à balayage.

L'équipe de Lausanne s'est tournée vers un groupe de patients sous traitement antirétroviral depuis 10 à 14 années, utilisant des méthodes de tri de groupes de cellules ainsi que des techniques de marquage permettant d’étudier les bonnes cibles.

Les chercheurs ont alors démontré que des précurseurs du VIH se cachent dans les "lymphocytes T folliculaires" ou Tfh, localisés au sein des centres germinatifs des ganglions lymphatiques. Ces cellules représentent une minorité, environ 1%, des lymphocytes T CD4 des ganglions lymphatiques, mais elles constituent le principal réservoir du virus.

Cette observation est encore étayée par le fait que les centres germinatifs des ganglions lymphatiques constituent des régions difficiles d’accès pour les cellules capables de reconnaître et tuer les cellules infectées par le VIH.

Un réservoir à virus

"En analysant le comportement de ces lymphocytes T folliculaires, nous avons enfin réussi à identifier les cellules qui sont responsables de la persistance du VIH même lorsque le traitement antirétroviral a fait disparaître toutes les traces du virus dans le sang du patient", exprime Giuseppe Pantaleo, professeur à l’UNIL et coauteur de l’étude. Selon lui, une telle avancée permettra, par la suite, de cibler les traitements sur ces cellules spécifiquement pour ainsi éradiquer la totalité du virus chez le malade, et ainsi obtenir une rémission complète.

Interrogé sur l’importance de ces travaux, Bernard Hirschel, ancien professeur de l’Université de Genève et spécialiste du VIH, affirme que "cette étude est très élégante et rigoureuse, mais il faut maintenant réussir à traiter spécifiquement les lymphocytes T folliculaires de l’infection par le VIH, ce qui peut encore prendre plusieurs années".

Une chose est certaine : un pas de plus a été effectué dans la bonne direction en vue de la guérison totale du sida.

Jean Etienne

Source principale :

PD-1+ and follicular helper T cells are responsible for persistent HIV-1 transcription in treated aviremic individuals (Nature Medicine, 30 mai 2016).

 

 

 
Virus du sida.
 

 

 
 
 

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