26 janvier 2016

 

Le réchauffement climatique, est-ce bien sérieux ?

 
La corrélation entre réchauffement climatique et émission de CO² par l'activité humaine semble une évidence scientifique. Mais qu'en est-il, justement, de l'avis des scientifiques ?

Le battage médiatique, tant de la part des media que des autorités, ne laisse que peu de place à la discussion, voire au doute face aux affirmations des scientifiques. Pourtant, le propre de la Science est bien la révocabilité de ses théories, sans cesse, et par définition, soumises à la preuve reproductible par l'expérimentation et l'observation.

Mais ne nous égarons pas. Si l'augmentation de la pollution atmosphérique et la dégradation de l'environnement suite aux nuisances industrielles, entre autres, est une réalité, le lien avec le réchauffement climatique en constitue la preuve idéale et doit nous inciter à réduire notre consommation énergétique. Une résolution certes raisonnable, mais qui repose sur une constatation quelque peu péremptoire.

Si la production humaine de CO² n'a cessé d'être utilisée pour expliquer les variations de température durant le dernier siècle (un clin d'œil en comparaison d'une époque géologique), cette théorie connaît aujourd'hui de sérieuses difficultés pour expliquer les observations passées et présentes. Aussi le Dr Nir Shaviv, astrophysicien de l'Université hébraïque de Jérusalem, s'est-il attelé à la tâche dans le but d'apporter une explication plus convaincante, et surtout, plus proche de la réalité observée.

Le CO², vraiment ?

Jusqu'il y a peu de temps, Nir Shaviv était convaincu de la pertinence et de l'exactitude de l'explication apportée par les scientifiques du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernementaux sur l'Etude du Climat), mais peu à peu, lors de l'avancement de ses travaux, il a constaté que l'origine humaine du réchauffement n'est qu'une hypothèse de travail et qu'aucun scientifique n'était capable d'en mesurer l'effet sur le climat, et a fortiori, la pertinence.

Pour Nir Shaviv, ainsi que pour d'autres scientifiques, d'ailleurs de plus en plus nombreux, la cause première du réchauffement n'est pas à rechercher sur Terre mais dans l'Espace. En effet, alors que la comparaison entre les émissions de CO² et les courbes de température relevées reste approximative, la comparaison avec le degré d'activité du Soleil présente une bien meilleure corrélation.

Une telle comparaison n'est pas nouvelle, puisqu'elle avait déjà été mise en évidence par l'astronome anglais William Herschell dès le début du 19ème siècle, qui avait publié une corrélation entre la faible abondance des taches solaires et le cours du quintal de blé. Il avait en effet observé que moins il y avait de taches sur le Soleil, plus la couverture nuageuse était plus importante, ce qui faisait chuter la température, entraînant des récoltes moins abondantes. Herschell ne fut pas pris au sérieux, et pourtant nous savons aujourd'hui qu'il avait raison.

Le Soleil, cette bombe thermonucléaire

Malgré son aspect statique et immuable, le Soleil, notre étoile, est un astre plein de vie menant une existence particulièrement agitée. Il s'agit d'une immense bombe thermonucléaire qui explose en permanence, consommant pas moins de 600 millions de tonnes d'hydrogène par seconde. Mais son fonctionnement présente des irrégularités provoquées par le perpétuel brassage des éléments qui le composent, que l'on pourrait comparer – à une échelle toute différente – à la surface de l'eau en ébullition dans une marmite. Ainsi, de gigantesques éruptions se produisent en surface, qui se manifestent notamment par l'apparition de taches solaires. S'ensuivent des périodes plus calmes, ou plus actives, selon un cycle d'approximativement 11 années.

Restait à démontrer le lien entre l'activité solaire et la formation de nuages sur la Terre. Et c'est ici qu'un nouvel acteur intervient : les rayons cosmiques, un rayonnement naturel, en provenance de l'Espace profond, découvert en 1912 par l'astrophysicien américano-autrichien Victor Franz Hess (ce qui lui a rapporté le Prix Nobel de physique en 1936), composé de particules à très haute énergie se propageant dans le vide interstellaire.

Lorsqu'ils pénètrent dans l'atmosphère terrestre, ces rayons cosmiques provoquent l'apparition des aurores polaires. Mais ce qui est moins connu, c'est qu'elles potentialisent aussi la formation de nuages. En effet, l'ionisation de l'air humide par les rayons cosmiques entraîne l'apparition de microgouttelettes qui s'assemblent sous effet électrostatique en masses nuageuses.

Le projet CLOUD, réponse du CERN

Cet effet a été confirmé par une série d'expériences conduites par le professeur Svensmark et son équipe lors du projet CLOUD au CERN (Centre d'Etude et de Recherche Nucléaire) en 2006, consistant à reproduire en laboratoire la formation de nuages par le rayonnement cosmique. Cette étude a été publiée, notamment par les Proceedings of the Royal Society et par l'Académie des Sciences Britannique.
 

 

 
L'expérience CLOUD, au CERN en octobre 2013. Crédit : CERN.
 
Mais comment expliquer la relation entre l'abondance des taches solaires et la couverture nuageuse, donc la température moyenne du globe ? Eh bien cette relation s'avère très simple… Les éruptions de particules accompagnant les taches solaires renforcent le champ magnétique terrestre et dévient les rayons cosmiques qui n'atteignent plus notre planète, ou du moins en réduisent fortement l'intensité, d'où une formation amoindrie de nuages et une élévation de la température. Et en effet, de nombreuses études montrent que la corrélation entre l'activité solaire évaluée selon le nombre de taches, l'intensité du rayonnement cosmique et la température relevée sur Terre est bien meilleure que la corrélation entre l'augmentation de la concentration entre le taux de CO² et la température, sans toutefois vouloir totalement supprimer ce facteur.

Plus précisément, les travaux du Dr Nir Shaviv imputent à 80% la responsabilité du rayonnement cosmique de l'élévation de la température moyenne du globe observée au cours du XXème siècle, les 20% restants restant toutefois imputables aux activités humaines, ce qui n'est toutefois pas négligeable.

Qu'en est-il actuellement ?

Force est de constater qu'au moment où la théorie du réchauffement climatique s'est répandue dans le grand public, soit dans les années 1980-1990, le Soleil traversait une période d'intense activité (cycles 21 et 22), entraînant une formation nuageuse exceptionnellement faible, d'où des températures moyennes élevées. A partir de 1996, le cycle solaire 23 montrait une activité plus faible, et le cycle actuel débuté en 2007 s'avère exceptionnellement faible. Faut-il en conclure que nous évoluons vers un refroidissement généralisé ?

Oui et non. Car le climat reste un phénomène extraordinairement complexe qui met en jeu des mécanismes trouvant leur source à la fois à l'échelle microscopique moléculaire autant qu'à l'échelle macroscopique galactique, et même au-delà. Les scientifiques n'ont fait qu'effleurer la compréhension de ces mécanismes, et affirmer les connaître dans leur exhaustivité relève encore - et pour longtemps - de la pure prétention.

Jean Etienne

Sources principales :

The Cloud Project (CERN).

Une expérience du CERN éclaire la formation des nuages (CERN).

Oxidation Products of Biogenic Emissions Contribute to Nucleation of Atmospheric Particles (Science).

 
 

 
Corrélation entre intensité du rayonnement cosmique et couverture nuageuse entre 1982 et 2006. Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

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