Scientifique britannique installé aux Etats-Unis,
Tim Caro et sa collègue Amanda Melin, de l'Université d'Alberta, au
Canada, ont repris cette étude et étudiant l'œil des deux principaux
prédateurs du zèbre, le lion et la hyène. En étudiant la taille et
la densité des cônes et bâtonnets qui en composent la rétine, ils
ont déterminé que ces deux animaux ne percevaient pas les couleurs,
mais que leur vision était en outre médiocre à longue distance.
En effet, alors que l'homme perçoit les rayures des zèbres des
plaines à 180 mètres, le lion ne les distingue qu'à 80 mètres et la
hyène à 48 mètres. Dans la pénombre, ces chiffres passent
respectivement à 45 et 27 mètres, et la nuit, tous les zèbres sont
gris à partir de 11 mètres. " Or, à ces distances, les prédateurs
ont déjà entendu et surtout senti l’animal ; le camouflage est donc
inopérant ", précise Amanda Melin. "Quant au brouillage, il
ne tient pas la route, car dans la nature, quand un lion saute sur
un zèbre, il ne le rate jamais", renchérit Tim Caro.
Le biologiste anglais écarte de même m'hypothèse d'un code entre
pairs, observant que la plupart des autres équidés ont la même
organisation sociale sans disposer de rayures. Quant à la théorie
selon laquelle il s'agirait d'un système de contrôle thermique via
des courants de convexion entre bandes noires et blanches, elle
l'amuse plutôt : "Ce serait vraiment très faible, et ça ne
marcherait qu'à l'arrêt et sans le moindre souffle de vent".
Les rayures : un dispositif antiparasitaire
Pour le scientifique, une seule théorie tient la route : il s'agit
d'un dispositif antiparasites, et il le prouve. En effet, en
enduisant de glu des chevaux de bois peints de différents motifs,
l'expérience a montré que les rayures éloignaient les insectes comme
des répulsifs.
En effet, en enduisant de glu des chevaux de bois peints de
différents motifs, l'expérience a démontré que les surfaces rayées
opéraient comme des répulsifs. En avril 2014, dans Nature
Communications (v. sources), Tim Caro avait déjà renforcé ces
résultats par une étude multifactorielle de répartition géographique
des différents ongulés et insectes.
"Mais, comme toujours en science, les réponses ouvrent de
nouvelles questions", sourit le biologiste. Il entend s’attaquer
très vite aux deux premières : "Pourquoi les mouches
détestent-elles les rayures ? Et qu’ont-elles de si terrible pour
avoir poussé les zèbres à changer de robe ?"
Et vous, allez-vous porter des vêtements rayés
cet été pour échapper aux insectes ?
Jean
Etienne
Sources principales :
Zebra Stripes through the Eyes of Their Predators, Zebras, and
Humans (Plos One, 22 janvier 2016, DOI:
10.1371/journal.pone.0145679).
The function of zebra stripes (Nature Communications, art.
3535 DOI:10.1038/ncomms4535, avril 2014).
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