Selon Marta Mirazón Lahr, chercheuse en biologie
évolutive humaine et directrice du laboratoire Duckworth à
l'Université de Cambridge, ces restes humains démontrent l'existence
en cette époque reculée d'un génocide intentionnel commis sur un
groupe d’agriculteurs, qui n'ont pas été enterrés afin de servir
d’exemple.
Aujourd'hui réduit à l'état de garrigue, Nataruk devait être une
région fertile et boisée sur les rives d'un lagon, une localisation
enviable qui a dû être à la source du conflit. Selon les
archéologues, ses habitants connaissaient déjà le concept de
propriété, les réserves de nourriture étant stockées par les femmes
et les enfants dans des pots. Il n'est donc pas exclu que la cause
première de ce massacre soit le pillage. Mais il est également
possible qu'il ait résulté de ce que l'on appelle une rencontre
antagonique entre deux groupes à cette époque.
Et justement, selon Marta Mirazón Lahr, un tel massacre suite à la
rencontre de groupes voulant s'emparer de leurs réserves respectives
était fréquent parmi les chasseurs-cueilleurs, avec destruction
complète des habitations et de leurs occupants. Un massacre
antagonique, à l'inverse, ne se traduisait "que" par la mort des
hommes, les vainqueurs s'emparant des femmes et des enfants. Dans le
cas présent, on découvre 27 personnes décédées, dont 21 adultes (8
hommes, 8 femmes et 5 de sexe indéterminé) et 6 enfants. L'hypothèse
du pillage reste donc privilégiée.
Un carnage venu d'ailleurs…
Bien entendu, les chercheurs ignorent qui a massacré ces personnes.
Un indice existe cependant, car certaines blessures ont été faites
au moyen de pointes de flèches en obsidienne, une roche volcanique
vitrifiée qui n'est pas utilisée dans la région. Cela semble donc
indiquer que les deux antagonistes appartenaient à des territoires
différents, et même très éloignés, selon Marta Mirazón Lahr.
Jean Etienne
Sources principales :
Inter-group violence among early Holocene hunter-gatherers of West
Turkana, Kenya. Nature, 2016; 529 (7586): 394 DOI:
10.1038/nature16477.
Evidence of a prehistoric massacre extends the history of warfare
(Science Daily).
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